![Cover forthe thematic issue1, 2, 3… regarde ! La photo, le livre, l’enfant](/en/journals/memoires/2024-v15-n1-memoires09558/coverpage.jpg 135w)
Mémoires du livre
Studies in Book Culture
Volume 9, Number 2, Spring 2018 L’écrivaine, l’écrivain en recherche : perceptions et approches The Writer in Research: Perceptions and Approaches Guest-edited by Marcello Vitali-Rosati and Nadine Desrochers
Table of contents (6 articles)
Articles
-
Writing about Writers: Mapping the Field and Moving Forward
Stevie Marsden
AbstractEN:
This article presents a literature review of existing academic, journalistic and non-fiction writing that has furthered the assessment of the writer and the occupation of writing in recent years. It is structured around four prominent themes that research about writers and writing commonly falls under: Being a Writer; Reputation, Fame and Hierarchies; Psychoanalyses of the Writer; and Economies of Writing. The final section of this article, Future Research, will propose research questions and methodological approaches which have, until now, remained largely absent from studies of the writer and writing life, and argues that these new areas of investigation are necessary to continue broadening the field of research about writing and furthering our understanding of the writer’s inspirations, motivations and work practices.
FR:
Le présent article établit une recension des écrits (savants, journalistiques et essayistiques) qui ont permis de mieux cerner la figure et le métier de l'écrivain au cours des dernières années. Il s'articule autour de quatre thèmes principaux, souvent repris dans de tels écrits : le statut d'écrivain; réputation, célébrité et hiérarchies; psychanalyses de l'écrivain; et économies de l'écriture. Dans la dernière partie de l'article, perspectives de recherche, nous proposons des questions de recherche et des approches méthodologiques peu ou pas exploitées, jusqu'ici, dans l'étude de l'écrivain et de son travail. Ces nouvelles avenues sont de nature à permettre l'élargissement du champ de la recherche sur l'écriture ainsi qu'une connaissance accrue des inspirations, des motivations et des pratiques de l'écrivain.
-
L’écrire femme selon Virginie Despentes
Brigitte Weltman-Aron
AbstractFR:
Virginie Despentes, dont le premier livre a été publié en 1993, est reconnue comme l’une des représentantes majeures d’une nouvelle orientation de la littérature féminine. Cet article analyse deux aspects de la réflexion de Despentes sur la figure du personnage public de l’écrivain : il montre, d’une part, que ses textes théoriques comme ses fictions dénoncent la réception critique, en France, d’une femme qui écrit et qui crée. D’autre part, il met en lumière, à l’heure de la domination de l’autofiction sur la littérature française, l’approche différente du moi et du sujet entreprise dans ses textes. C’est à partir d’une réflexion sur l’élaboration sociale du féminin et de la valeur « travail », qui ne se limite pas à l’oeuvre de l’écrivain, que Despentes repense la teneur de la sociabilité, le diagnostic d’une décomposition sociale n’étant pas pour elle seulement à critiquer, mais à mettre en oeuvre autrement.
EN:
Virginie Despentes, whose first book was published in 1993, is recognized as one of the major representatives of a new orientation of women’s literature. This article analyzes two aspects of Despentes’s reflections on the figure of the public persona of the writer: on the one hand, I show that both her theoretical texts and her fictions denounce the critical reception of a woman who writes and creates in France. On the other hand, at a time when autofiction dominates French literature, Despentes has a different approach to the self and the subject in her texts. Despentes rethinks the tenor of sociability on the basis of her reflection on the social elaboration of the feminine and of the value given to work, which is not limited to the writer’s oeuvre. The diagnosis of social decomposition must not be merely criticized, but put to work otherwise.
-
Formes de représentation, impératif d’actualité et enjeux de pouvoir sur les dispositifs numériques : l’exemple de J.K. Rowling et du site pottermore.com
Agathe Nicolas
AbstractFR:
Cet article interroge l’évolution des perceptions de la figure d’auteur par le public du fait de sa mise en scène sur les dispositifs numériques. Ces espaces, privilégiant la participation de chacun et les jeux collectifs, posent la question de l’autorité et des rapports de force se jouant au sein des textes y circulant. Le cas d’étude examiné ici, celui de la figure de J.K. Rowling sur le site internet pottermore.com, nous amène à définir l’architexte numérique comme un archi-auteur, déterminant les caractéristiques de la fonction-auteur, la posture de l’écrivain et son image dans le corps social. Nous interrogeons également la pertinence de la notion de « marque auteur » sur les dispositifs numériques, qui permettent à l’auteur d’être perçu comme une entité inaccessible chargée de l’autorité très spécifique des marques et des entreprises.
EN:
This article questions the evolution of public perceptions of authors as a result of their presence on digital platforms. These environments, which privilege individual participation and collective games, question the notion of authority and of power relationships at play in the texts circulating there. The case study examined here, that of J.K. Rowling on the website pottermore.com, leads us to define the digital architext as an “archi-author,” determining the characteristics of the author-function, the stance of the author and her image in society. We also interrogate the relevance of considering the author as a “brand” on digital devices that allow the author to be perceived as an inaccessible entity laden with the very specific form of authority that is characteristic of brands and companies.
Varia
-
La revue Masques et les éditions Persona : une aventure éditoriale et culturelle pionnière au service de la communauté LGBT en France
Luc Pinhas
AbstractFR:
La revue Masques a joué un rôle important, à partir de 1979 et durant la première moitié des années 1980, au côté du périodique Gai Pied, dans l’affirmation publique de la communauté LGBT, de même que dans l’émergence d’un champ médiatique qui lui soit dédié. Elle a manifesté également une mutation dans les formes d’action qui ont affecté alors le militantisme homosexuel de la décennie précédente, mutation qui a conduit à accorder à la dimension culturelle et aux modes de vie une place majeure à partir du moment où l’homosexualité a été pleinement dépénalisée. La revue s’est ensuite prolongée au travers d’une maison d’édition, Persona – la première structure éditoriale se revendiquant de l’homosexualité en France –, à l’activité intense durant cinq ans. Le catalogue de cette dernière, reconnue dans l’espace éditorial, a vu coexister littérature exigeante, études (principalement sur le cinéma), documents et enquêtes sociologiques. La cohabitation entre hommes et femmes au sein d’une revue qui se voulait délibérément mixte n’a toutefois pas été aisée au moment où les lesbiennes ont entendu manifester leur singularité à travers leurs propres publications, de sorte que différentes tensions sont advenues et que les contenus gais se sont montrés majoritaires au fil des numéros parus. L’inscription dans la durée, surtout, malgré le passage d’une parution trimestrielle à un format mensuel, s’est heurtée à un manque de trésorerie, en même temps sans doute qu’à des erreurs de gestion de jeunesse, ainsi qu’à une frilosité certaine des partenaires professionnels, libraires comme annonceurs, encore fortement réticents, dans ces années-là, envers des publications LGBT. Il en est résulté que les deux entreprises ont dû cesser leurs activités en 1986.
EN:
From 1979 until the first half of the 1980’s, the periodical Masques, along with Gai Pied, played an important role in the affirmation of the LGBT community and in the emergence of a media field dedicated strictly to this community. Masques also expressed a change in the types of activities that at the time affected the preceding decade’s gay militancy, a change that led to placing more importance on the cultural dimension of homosexuality as well as on gay lifestyles especially from the moment that homosexuality was fully decriminalized in France. Masques also extended its influence to Persona, the first publishing house devoted to the publication of books related to homosexuality in France. Over the course of its five years of intense activity, Persona, renown in the publishing world, produced many high quality literary works, studies (mostly about cinema), and sociological documents and investigations. From the start, Masques welcomed gay men and women; however, such cohabitation in one magazine was not an easy task, especially when lesbians sought to demonstrate their singularity through their own publications. Consequently, tensions arose between gay men and lesbians as gay content became more prominent in the periodical’s issues. Masques went from a quarterly to a monthly publication. Nevertheless, it faced a shortage of financial resources. The shortage was no doubt due to management mistakes which can surely be attributed to a lack of experience, but also due to the over-cautiousness of professional partners like bookstore owners and advertisers who, in the 1980’s, still had strong reservations concerning LGBT publications. The result was that both Persona and Masques had to cease their activities in 1986.
-
Serious Fun: Gaming the Book Festival
Beth Driscoll and Claire Squires
AbstractEN:
The book festival provides an intriguing instance of the overlapping cultural, social and economic dimensions of contemporary literary culture. This article proposes the application of a new conceptual framework, that of game-inspired thinking, to the study of book festivals. Game-inspired thinking uses games as metaphors that concentrate and exaggerate aspects of cultural phenomena in order to produce new knowledge about their operations. It is also an arts-informed methodology that offers a mid-level perspective between empirical case studies and abstract models. As a method, our Bookfestivalopoly and other games focus attention on the material, social and ideological dimensions of book festivals. In particular, they confirm the presence of neoliberal pressures and neocolonial inequalities in the “world republic of letters.” Our research thus makes a contribution to knowledge about the role of festivals within contemporary literary culture, and provides a model for researchers of cultural phenomena who may want to adopt game-inspired, arts-informed thinking as an alternative to traditional disciplinary methods.
FR:
Le festival du livre constitue un exemple intéressant quant à la manière dont les dimensions culturelle, sociale et économique se chevauchent dans la culture littéraire contemporaine. Le présent article propose l’application d’un nouveau cadre conceptuel à l’étude des festivals du livre, celui de la réflexion inspirée par le jeu. Dans cette dernière, les jeux agissent comme des métaphores qui concentrent et exagèrent certains aspects de phénomènes culturels afin de produire un savoir inédit sur leurs mécanismes. Il s’agit aussi d’une méthodologie nourrie par les arts et qui offre une perspective à mi-chemin entre études de cas empiriques et modèles abstraits. Ainsi, notre « Bookfestivalopoly » (littéralement : Festivaldulivropoly) et les autres jeux dont nous nous inspirons ramènent l’attention sur les dimensions matérielle, sociale et idéologique des festivals du livre. Plus particulièrement, ils confirment la présence de pressions néolibérales et d’iniquités néocoloniales à l'oeuvre dans « la république mondiale des lettres ». Nous souhaitons, par nos travaux, contribuer à la connaissance du rôle des festivals au sein de la culture littéraire contemporaine et soumettre un nouveau modèle aux chercheurs qui s'intéressent aux phénomènes culturels et aimeraient adopter une approche inspirée par le jeu et les arts plutôt que les approches disciplinaires habituelles.