Abstracts
Résumé
Le passage de l’oralité à l’écriture fait disparaître les caractéristiques inhérentes à l’oralité. Mais plus encore qu’un simple changement de canal (de la voix à l’imprimé), la publication de récits de la tradition orale implique une métamorphose de tout l’acte de communication. Elle fait en outre surgir des problèmes éthiques liés à l’appropriation culturelle. Les auteurs et les éditeurs qui choisissent de publier les récits oraux autochtones doivent adopter des pratiques propres à légitimer leur démarche. Quelles stratégies, auctoriales ou éditoriales, emploient les acteurs du livre pour justifier les changements de destinataires, de destinateurs, de code et même, souvent, du message lui-même? Par quel processus un auteur, un éditeur, s’octroie-il ou se voit-il octroyer le capital culturel nécessaire à valider le rôle de passeur qu’il se donne? Mon analyse s’attarde à trois cas de figure : un essai ethnologique (La forêt vive, de Rémi Savard, Boréal, 2004); une adaptation littéraire (Anish-Nah-Bé, de Bernard Assiniwi, Leméac, 1971); et une publication issue d’une communauté autochtone (La femme venue du ciel, de Louis-Karl Picard-Sioui, Hannenorak, 2011).
Abstract
The transition from native orature to written literature erases the inherent characteristics of orality. More than a change in medium (from voice to print), publishing oral stories implies a transformation of the entire communication act. Moreover, in the case of stories coming from the oral tradition of the First Nations in Canada, this form of publication gives rise to important ethical issues related to cultural appropriation. The authors and publishers who choose to publish indigenous oral stories have to adopt appropriate practices in order to legitimize their initiative. What strategies do publishers and authors use to justify changes in terms of receivers, senders, codes, medium and, frequently, the message itself? My analysis focuses on three case studies: an ethnological essay by Rémi Savard, La forêt vive (Boréal, 2004); a literary adaptation by Bernard Assiniwi, Anish-Nah-Bé (Leméac, 1971); and an indigenous community publication, La femme venue du ciel, by Louis-Karl Picard-Sioui (Hannenorak, 2011).
Appendices
Bibliographie
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