Abstracts
Résumé
Les représentations de l’écrit présentes dans les nouvelles du recueil La mort exquise de Claude Mathieu s’offrent comme autant de médiations non plus uniquement entre un auteur et un lecteur, mais bien entre un passé et un avenir. Cette mémoire inscrite dans la matière participe à la construction du sujet en faisant resurgir un passé qui s’oppose à un prolongement imaginaire de la vie, créant ainsi la sensation vertigineuse d’un éternel retour.
Cet article analysera diverses occurrences du livre et de l’écrit dans le recueil de Claude Mathieu afin d’en faire ressortir leur rôle joué dans l’univers fictif et social. L’insistance accordée à la matérialité du support ainsi qu’aux rapports problématiques des personnages à l’écrit permet de penser que les représentations du livre et de l’écrit s’élaborent comme les composantes précieuses de ruines d’un passé jamais tout à fait saisissable. Bien que le recueil semble situé en marge du courant nationaliste et identitaire de la littérature des années soixante, l’étude des représentations de l’écrit permet de proposer une lecture qui le restituerait dans le contexte de l’époque.
Abstract
The representations of writing in Claude Mathieu’s collection of short stories La mort exquise are presented as a sum of mediations, not only between the author and the reader, but between a past and a future. The memory inscribed in the material participates in the construction of the subject by recalling a past that contrasts with an imaginary extension of life, thereby creating the dizzying sensation of an eternal return.
This article will analyze the various occurrences of the book and of writing in Claude Mathieu’s collection of short stories in order to show the role they play within the fictional and social world. The emphasis given to the materiality of the medium and to the problematic relationship between the characters and writing itself suggests that the representations of the book and of written material are the precious components of the ruins of a past that can never be completely grasped. Although this collection of short stories would seem to be located on the margins of Quebec’s nationalist and identity literary movement during the 1960s, this study offers a reading that places it within the context of the era.
Appendices
Bibliographie
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