FR:
Le djembé, un tambour d’Afrique de l’Ouest, a fait l’objet d’une globalisation à la fin du XXe siècle. Au Québec, l’appropriation culturelle du tambour et de son répertoire mandingue, dépasse largement l’expression artistique. On lui attribue des usages sociaux tels que : la thérapie, l’apprentissage du travail collaboratif, l’initiation aux valeurs interculturelles et le loisir culturel. Cet article présente les résultats d’une enquête orale effectuée auprès d’un échantillon de personnes qui jouent du djembé à des fins récréatives. Pourquoi choisit-on d’aller frapper sur un tambour africain dans un de ces rares moments de la vie quotidienne prévus pour soi? L’enquête révèle qu’au-delà de la recherche d’exotisme, que pourrait suggérer le fait de jouer d’un tambour africain en contexte québécois, c’est un besoin pragmatique qui motive les praticiens à frapper le tambour à la main. En effet, l’analyse ethnologique du corpus d’enquête, fondée sur les théories traditionnelles de l’anthropologie du rythme, celles de Marcel Mauss et d’André Leroi-Gourhan, démontre que la pratique récréative du djembé est une praxéologie collective visant à créer une forme de corporéité sociale. Ce processus fonctionne par une mise en symbiose des corps producteurs d’un rythme tambouriné, et lorsque sa réalisation atteint son but, la corporéité sociale a pour effet curatif de réguler le mauvais stress généré par les modes de vie des participants.
EN:
The djembe––a West African hand drum––along with its traditional Mandingo repertory, had been globalized by the end of the 20th century. In Québec, the cultural appropriation of the djembe goes far beyond artistic expression. Other social uses can be observed such as: therapy, team building, intercultural learning, and cultural leisure. This article presents the results of a survey conducted among recreational djembe players. In a moment of leisure, why would someone choose to hit an African drum? Exoticism would be an easy explanation for why someone plays the African djembe in North American society. However, this research shows that beyond exoticism there are more pragmatic reasons. The ethnological data presented here, based on Marcel Mauss and André Leroi-Gourhan’s traditional rhythm anthropology theory, shows that recreational djembe playing is a collective praxeology that aims to create social corporeality. This collective process works in a bodily symbiotic relationship, which is created through the hand drum rhythm. The result is a curative effect: the release of stress caused by the participant’s lifestyle.