EN:

The relationships between women and water are deep and fluid, informing the definition of the feminine, the roles assigned to women, and the very perception of life. This issue of Matrix seeks to explore certain aspects of these relationships and the ways in which women interpret symbolic systems to position themselves as actors in the great concrete game of relationships with the environment as a whole. In this issue, our authors examine the relationship between women and water among peoples of North America, Northern Europe, Nigeria, the Italian Alps, and Cameroon. Through mythology, personal experience, art, and ritual, they explore the different expressions of this relationship, which constitutes an important part of the lives of communities past and present.

FR:

Les relations entre les femmes et l'eau sont profondes et fluides, influençant la définition du féminin, les rôles qui leur sont assignés et la perception même de la vie. Ce numéro de Matrix cherche à explorer certains aspects de ces relations et la manière dont les femmes interprètent les systèmes symboliques pour se positionner comme actrices dans le grand jeu concret des relations avec l'environnement dans son ensemble. Dans ce numéro, nos auteures examinent la relation entre les femmes et l'eau chez les peuples d'Amérique du Nord, d'Europe du Nord, du Nigéria, des Alpes italiennes et du Cameroun. À travers la mythologie, l'expérience personnelle, l'art et les rituels, elles explorent les différentes expressions de cette relation, qui constitue une part importante de la vie des communautés d'hier et d'aujourd'hui.

FR:

Les relations entre les femmes et l'eau sont profondes et fluides, influençant la définition du féminin, les rôles qui leur sont assignés et la perception même de la vie. Ce numéro de Matrix cherche à explorer certains aspects de ces relations et la manière dont les femmes interprètent les systèmes symboliques pour se positionner comme actrices dans le grand jeu concret des relations avec l'environnement dans son ensemble. Dans ce numéro, nos auteures examinent la relation entre les femmes et l'eau chez les peuples d'Amérique du Nord, d'Europe du Nord, du Nigéria, des Alpes italiennes et du Cameroun. À travers la mythologie, l'expérience personnelle, l'art et les rituels, elles explorent les différentes expressions de cette relation, qui constitue une part importante de la vie des communautés d'hier et d'aujourd'hui.

EN:

The relationships between women and water are deep and fluid, informing the definition of the feminine, the roles assigned to women, and the very perception of life. This issue of Matrix seeks to explore certain aspects of these relationships and the ways in which women interpret symbolic systems to position themselves as actors in the great concrete game of relationships with the environment as a whole. In this issue, our authors examine the relationship between women and water among peoples of North America, Northern Europe, Nigeria, the Italian Alps, and Cameroon. Through mythology, personal experience, art, and ritual, they explore the different expressions of this relationship, which constitutes an important part of the lives of communities past and present.

EN:

In honor of the place where we were visiting, Marleen woke early in the morning to collect Water from the nearby Great Lake, and we lovingly created a makeshift altar of fresh flowers and rebozos. We opened the circle with a public song about sacred Water, then moved on to introductions: “Please share your name, pronouns, and which Waters hold you as your home.”

Some folks chose lakes, oceans, rivers, some shared a name in English, some named their home Waters by their ancestral languages. As a collective, we took in a deep breath, and dropped down into our bodies, and into relational ways of knowing and being in community. We were ready to begin.

As Indigenous educators, we are responsible and response-able (Kuokkanen, 2007) to our home communities, to our human and more-than-human kin (Nxumalo & Villanueva, 2020) and to each other to follow cultural protocols that prepare us for our work. In this paper, we reflect on our learning journeys, discussing our roles as Water protectors, mothers, community organizers, and scholars, and offer three examples of ongoing Water work.

FR:

En l'honneur de l'endroit que nous visitions, Marleen s'est réveillé tôt le matin pour récupérer de l'eau du Grand Lac voisin, et nous avons créé un autel de fortune composé de fleurs fraîches et de rebozos. Nous avons ouvert le cercle avec une chanson sur l'Eau sacrée, puis sommes passés aux introductions : "S'il vous plaît, partagez votre nom, vos pronoms et quelles Eaux quelles eaux vous semblent être votre foyer. »

Certaines personnes ont choisi des lacs, des océans, des rivières, d'autres ont partagé un nom en anglais, d'autres ont nommé leurs Eaux d’origine d'après leurs langues ancestrales. En tant que collectif, nous avons pris une profonde inspiration et nous sommes plongés dans nos corps et dans des manières relationnelles de connaître et d'être en communauté. Nous étions prêts à commencer.

En tant qu’éducateurs autochtones, nous sommes responsables et capables de répondre (Kuokkanen, 2007) envers nos communautés d’origine, envers nos parents humains et plus qu’humains (Nxumalo & Villanueva, 2020) et les uns envers les autres pour suivre les protocoles culturels qui nous préparent à notre travail. Içi, nous réfléchissons à nos parcours d’apprentissage, discutons de nos rôles, et proposons trois exemples de travaux en cours axés sur l’Eau.

ES:

En honor al lugar que estábamos visitando, Marleen se despertó temprano en la mañana para recoger Agua del Gran Lago Michigan que estaba cercano, y con amor creamos un altar improvisado con flores frescas y rebozos. Abrimos el círculo con una canción pública sobre el/la Agua sagrada y luego empezamos las introducciones: "Por favor, comparte tu nombre, pronombres y cuales Aguas te sostienen como tu hogar."

Algunas personas eligieron lagos, océanos, ríos; algunas/os compartieron un nombre en inglés, otras nombraron sus Aguas de origen en sus lenguas ancestrales. Como colectivo, tomamos una respiración profunda, nos sumergimos en nuestros cuerpos y en formas relacionales de conocer y de estar en comunidad. Estábamos listas/os para comenzar.

Como educadores indígenas, somos responsables y tenemos la capacidad de responder (Kuokkanen, 2007) ante nuestras comunidades de origen, ante nuestros parientes humanos y más-que-humanos (Nxumalo & Villanueva, 2020), y ante los demás, siguiendo los protocolos culturales que nos han preparado para nuestro trabajo. En este artículo, reflexionamos sobre nuestros caminos de aprendizaje, discutiendo nuestros roles como protectores del Agua, madres, organizadores comunitarios y académicos, y ofrecemos tres ejemplos de trabajo continuo con el/la Agua.

EN:

This article deploys the inspirational figure of the selkie toward emphasizing non-hierarchical and sustainable co-existences between various species, ecosystems, and human beings, a necessary perspective in light of climate change, biodiversity loss, and species extinctions. The selkie wife story exposes the consequences of exceptionalist hierarchies, including those that structure nature as subordinate, animals as subordinate, and women as subordinate. Challenging this discriminatory thinking, the seal folk model accomplishes at least four things that are vital to its function as a traditional Irish folktale and to the ethical considerations it produces in the self-conscious Anthropocene. At its foundation lies a flexible worldview that accepts species ambiguity, contrasting with representations of biological others that fix their bodies as landscapes of control and abuse; the story itself is a warning against arrogance and domination, and is a rebuke of imperialism; and finally, it develops a clear lesson about how to be a proper person.

Here I radically renegotiate human exceptionalism and the ontologies that illusion supports by turning to selkie myths and other stories of shapeshifting women to imagine alternative ways of thinking and living in the self-conscious Anthropocene in productive and collaborative ways.

FR:

Cet article déploie la figure inspirante de la selkie pour mettre en avant des coexistences non hiérarchiques et durables entre diverses espèces, écosystèmes et êtres humains, une perspective nécessaire face au changement climatique, à la perte de biodiversité et à l'extinction des espèces. L'histoire de l'épouse selkie expose les conséquences des hiérarchies exceptionnalistes, notamment celles qui subordonnent la nature, les animaux et les femmes. En remettant en question cette pensée discriminatoire, le modèle du peuple des phoques accomplit au moins quatre choses essentielles à sa fonction de conte traditionnel irlandais et aux considérations éthiques qu'il suscite dans un Anthropocène conscient de soi. À la base de ce récit se trouve une vision du monde flexible, contrastant avec les représentations d'autrui biologique qui fixent leurs corps ; le récit lui-même est une mise en garde contre l'arrogance et la domination, et une réprimande de l'impérialisme ; et enfin, il développe une leçon sur la manière d'être une personne juste.

Ici, je renégocie radicalement l’exceptionnalisme humain et les ontologies que soutient l’illusion en me tournant vers les mythes selkie et d’autres histoires de femmes métamorphes pour imaginer des façons alternatives de penser et de vivre dans l’Anthropocène conscient de soi, de manière productive etcollaborative.

EN:

Through a combination of reflective, creative, and academic writing in Anishinaabemowin and English, this research article explores Kiinoomaagewag nibi manidoog—Knowledge that originates with the water spirits—and the infinite, intimate relationship between water, Bodwewaadmii Anishinaabe women, the cosmos, and all of life. It explores Bodwewaadmii Anishinaabe women’s roles and responsibilities in the care taking of water, and the parallel responsibilities of the moon and water-related metaphysical beings. In addition, the concept of water and water spirits as relatives, teachers, and sustainers is discussed.

FR:

Grâce à une combinaison d'écritures réfléchies, créatives et académiques, d'anishinaabemowin et d'anglais, cet article de recherche explore Kiinoomaagewag nibi manidoog - la connaissance qui provient des esprits de l'eau – et la relation infinie et intime entre l'eau, les femmes Bodwewaadmii Anishinaabe, le cosmos et toute la vie. Il explore les rôles et responsabilités des femmes Bodwewaadmii Anishinaabe dans la prise en charge de l’eau, ainsi que les responsabilités parallèles de la lune et des êtres métaphysiques liés à l’eau. En outre, le concept de l'eau et des esprits de l'eau en tant que parents, enseignants et soutiens est discuté.

EN:

In traditional Nigerian societies, women and girls predominantly bear the responsibility of fetching water, reflecting their nurturing roles within families and communities. Water is essential for domestic tasks like cooking, laundry, and child bathing, positioning women as the primary gatherers. Many Nigerian cultures link water with healing, purification, fertility, and life, often involving women in rituals that promote well-being and restore balance. This paper explores multi-ethnic Nigerian beliefs about women and water, with a special focus on the Igbo people. Over six months, interviews with women from various ages and social statuses provided diverse perspectives on these cultural practices. Key findings reveal the significant roles women play in festivals such as the Osun Festival in Osogbo, the Igue Festival in Benin City, and the Yemoja Festival in Ibadan, where rituals are centered around rivers and women are pivotal participants. Additionally, in many Nigerian cultures, it is frowned upon for men to perform domestic chores or fetch water, as these tasks are traditionally assigned to women. The study underscores the central role of women in water-related activities and rituals, emphasizing the need for policies that address the unique challenges women face in accessing water and sanitation.

FR:

Dans les sociétés nigérianes traditionnelles, les femmes et les filles assument principalement la responsabilité d'aller chercher de l'eau, ce qui reflète leur rôle nourricier au sein des familles et des communautés. De nombreuses cultures nigérianes associent l'eau à la guérison, à la purification, à la fertilité et à la vie, impliquant souvent les femmes dans des rituels favorisant le bien-être et rétablissant l'équilibre. Cet article explore les croyances sur les femmes et l’eau parmi les peuples Yoruba, Edo et Igbo, trois groupes ethniques du Nigéria. Des entretiens avec des femmes d'âges et de statuts sociaux variés ont fourni diverses perspectives sur ces pratiques culturelles. Les principales conclusions révèlent le rôle important que jouent les femmes dans des festivals tels que le festival Osun à Osogbo, le festival Igue à Benin City, les rites de passage Ikwe Ezi des communautés Mgbidi et le festival Yemoja à Ibadan, où les rituels sont centrés sur les rivières et où les femmes sont des participantes essentielles. L'étude souligne le rôle central des femmes dans les activités et les rituels liés à l'eau, soulignant la nécessité de politiques qui répondent aux défis uniques auxquels les femmes sont confrontées pour accéder à l'eau et à l'assainissement.

EN:

This paper focuses on a 'legendary' ritual that took place in the 19th century near the church of San Salvatore in Albosaggia, a small village in Valtellina, an Alpine valley in northern Italy. The rite in question comprised the immersion of human skulls in order to attract and repel rainwater according to the needs of the moment. The ritual is analyzed through the recovery and problematization of a heterogeneous corpus of sources attesting to its historicity. A hypothesis is then proposed on the connections between water, the dead and the feminine that underpin them. Thus, the study proposes the adoption of the term 'eco-ritual' to encapsulate this phenomenon. In doing so, a culturally distinctive form of female agency is displayed: the symbolic power to influence the water cycle, which is at the same time an ontological and economic vivifying force.

FR:

Cet article s'intéresse à un rituel « légendaire » qui s'est déroulé au XIXe siècle près de l'église San Salvatore à Albosaggia, un petit village de Valteline, une vallée alpine du nord de l'Italie. Ce rite consistait à immerger des crânes humains afin d'attirer et de repousser l'eau de pluie selon les besoins du moment. Ce rituel est analysé à travers la récupération et la problématisation d'un corpus hétérogène de sources attestant de son historicité. Une hypothèse est ensuite proposée sur les liens entre l'eau, les morts et le féminin qui les sous-tendent. Ainsi, l'étude propose l'adoption du terme « éco-rituel » pour résumer ce phénomène. Ce faisant, une forme culturellement distinctive d'action féminine est mise en évidence : le pouvoir symbolique d'influencer le cycle de l'eau, qui est à la fois une force vivifiante ontologique et économique.

IT:

Il presente contributo si concentra su un rituale “leggendario” che si svolgeva nel XIX secolo nei pressi della chiesa di San Salvatore ad Albosaggia, un piccolo paese situato in Valtellina, una valle alpina dell'Italia settentrionale. Il rituale in questione consisteva nell'immersione di teschi umani per evocare e respingere l'acqua piovana sulla base dei bisogni del momento. Il rituale viene analizzato attraverso il recupero e la problematizzazione di un corpus eterogeneo di fonti che ne attestano la storicità. Viene quindi avanzata una lettura sulle possibili connessioni tra l'acqua, i morti e il femminile alla loro base. Lo studio propone quindi l'adozione del termine “eco-rituale” per catalogare questo fenomeno. In questo modo, viene mostrata una forma culturalmente peculiare di agency femminile: il potere simbolico di influenzare il ciclo dell'acqua, che è allo stesso tempo una forza vivificante ontologica ed economica.

EN:

Water rituals are part of daily life in Cameroon’s Western Grassfields in general and Laimbweland in particular. Women are connected with these rituals, which play an important role in fecundity and procreation, pacification of the living-dead, dissipation of malevolent spirits, witches and wizards, and treatment of ailments. In this article, I claim that water rituals of Ehzele Laimbwe (women) in North West Cameroon serve vital socio-cultural and cosmological purposes by preserving culture, forestalling looming disaster, and cleansing the community of subverting evil spirits. Regrettably, the advent of Christianity and Western education, among other external influences, diminished participation, with only a portion of the population continuing to subscribe to these rituals cultural practices of old. Rituals are performed during crab and tadpole fishing, for birth and death, at the start of the dry season, during masquerade performances at funerals, and when there is imminent calamity. Employing the methodology of critical observation, discussion, oral interviews and analyzing available documents, I surmise that Ehzele Laimbwe rituals in Baisso, Bu, and Mbengkas (Laimbwe villages) aptly serve these socio-cultural and cosmological purposes. The socio-cultural challenges that Laimbwe face today are due, in part, to their non-respect for and lack of participation in these rituals.

FR:

Les rituels de l’eau font partie de la vie quotidienne dans les prairies occidentales du Cameroun en général et dans les terres de Laimbwe en particulier. Les femmes sont liées à ces rituels qui jouent un rôle important dans la fécondité et la procréation, la pacification des morts-vivants, la dissipation des esprits malveillants, des sorcières et sorciers et le traitement des maladies. Içi, nous affirmons que les rituels de l'eau des Ehzele Laimbwe (les femmes) dans le nord-ouest du Cameroun ont servi des objectifs socioculturels et cosmologiques vitaux en préservant leur culture, en prévenant les catastrophes éventuelles et en nettoyant la communauté des mauvais esprits. Malheureusement, l’avènement du christianisme et de l’éducation occidentale, entre autres influences extérieures, ont rendu ces rituels superflus, seule une partie de la population adhérant à cette pratique culturelle ancienne. En employant la méthodologie de l'observation critique, de la discussion, des entretiens oraux et de l'analyse des documents disponibles, nous supposons que les rituels Ehzele Laimbwe à Baisoo, Bu et Mbengkas (villages Laimbwe) ont bien servi ces objectifs socioculturels et cosmologiques. Les défis socioculturels auxquels les gens sont confrontés aujourd'hui sont dus en partie au fait qu'ils ne respectent plus ces rituels et n'y participent plus.