Abstracts
Abstract
This essay employs strategies drawn from the emergent field of everyday aesthetics to explore the pleasures of reading Daniel Defoe’s Robinson Crusoe and Samuel Richardson’s Sir Charles Grandison. As a fictional paradigm, Crusoe has been a paradoxical inspiration, inviting critique as a seductive representative of colonial power, on the one hand, and eliciting admiration for his ability to provoke meaningful artistic and intellectual engagement from a diverse group of writers and thinkers, on the other hand. To many ordinary readers, he has proved company worth keeping as a source of inspiration and personal pleasure primarily through his aesthetic approach to the structuring of everyday life. The fiction of Samuel Richardson continues the focus on the everyday, placing even greater emphasis on the relationship between the ethical and the aesthetic. In his final novel, Sir Charles Grandison, pleasure can scarce be felt without some commentary outlining the contours of moral significance, and the very act of moral reasoning is demonstrably affective for characters and readers alike. The essay ends with consideration of the power of literature, especially the realistic novel, to shape the ordinary lives of everyday readers.
Résumé
Cette contribution mobilise des stratégies issues d’un champ d’étude émergent qu’est l’esthétique du quotidien, afin d’explorer les plaisirs liés à la lecture de Robinson Crusoé de Daniel Defoe et de Sir Charles Grandison de Samuel Richardson. Le paradigme fictionnel qu’est le Crusoé de Defoe est une inspiration paradoxale, puisqu’il prête le flanc à la critique en tant qu’incarnation séduisante du pouvoir colonial tout en suscitant l’admiration par sa capacité à faire naître un enthousiasme intellectuel et artistique significatif chez un groupe diversifié de penseurs et d’écrivains. Pour de nombreux lecteurs, il a prouvé sa valeur comme source d’inspiration et de plaisir, en particulier dans son approche esthétique pour structurer la vie quotidienne. La fiction de Samuel Richardson, pour sa part, continue de mettre l’accent sur le quotidien, insistant encore davantage sur les rapports entre l’éthique et l’esthétique. Dans son dernier roman, Sir Charles Grandison, le plaisir n’est presque jamais ressenti sans s’accompagner de commentaires esquissant les contours de la portée morale ; l’acte du raisonnement moral lui-même est manifestement affectif, tant pour les personnages que pour les lecteurs. Cet article se conclut par une réflexion sur les capacités de la littérature et, particulièrement, celles du roman réaliste, à façonner la vie ordinaire des lecteurs de tous les jours.