Abstracts
Résumé
Dans les études henryennes se trouve mentionnée l’absence supposée de Pascal dans la phénoménologie de la vie. Pourtant, le nom de l’auteur des Pensées apparaît aussi bien dans l’opus magnum, L’essence de la manifestation, que dans la trilogie christique avec laquelle Michel Henry pousse sa phénoménologie à ses limites les plus radicales. Dans cet article, nous analyserons les quelques références explicites que Henry fait à Pascal, afin de montrer comment l’auteur des Pensées constitue l’un des alliés du phénoménologue radical dans la corroboration de deux de ses intuitions fondamentales : (1) l’auto-affection du coeur précède toute hétéro-affection où se met en oeuvre la raison objectivante ; (2) la personne humaine se réalise dans une expérience intérieure où le coeur vit le lien avec Dieu qui lui donne sa vie en plénitude. Croire en Dieu implique ce vécu subjectif. De cette manière, l’apologétique pascalienne se traduit chez Henry dans la description phénoménologique de ce lien immanent à Dieu compris comme Vie absolue. Ce faisant, Henry sépare Pascal de Heidegger en montrant qu’à l’intérieur de notre coeur acosmique ce qui apparaît n’est pas un être-vers-la-mort, mais plutôt une ipséité-à-partir-de-la-Vie-absolue.
Abstract
In Michel Henry’s studies, the absence of Pascal in the phenomenology of life has been mentioned. Nevertheless, it is noteworthy that the author of Pensées is mentioned both in Henry’s main work, The Essence of Manifestation, and in the Christic trilogy, which showcases the radical limits of his own phenomenology. In this article, we aim to analyze the few explicit references that Henry makes to Pascal to demonstrate how the author of Pensées serves as one of the allies of the radical phenomenologist in the corroboration of two of his fundamental intuitions. (1) First, that the self-affection of the “heart” precedes any hetero-affection where the objectifying reason is put into action ; (2) second, that the human person is realized in an inner experience where the “heart” lives the link with God, who gives our life in fullness. To believe in God is to have this experience. Consequently, Pascalian apologetics is translated in Henry’s phenomenological description of the immanent link to God understood as absolute life. In doing so, Henry distinguishes Pascal from Heidegger by highlighting that within our acosmic heart, what emerges is not a being-towards-death, but rather an ipseity-from-absolute-Life.