Recensions

Martin Kopp, Vers une écologie intégrale. Théologie pour des vies épanouies. Genève, Éditions Labor et Fides (coll. « Fondations écologiques »), 2023, 210 p.

  • Sébastien Doane

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  • Sébastien Doane
    Université Laval, Québec

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Cover of Visages, explorations exégétiques et théologiques, Volume 80, Number 2, 2024, pp. 167-353, Laval théologique et philosophique

Théologien protestant et militant écologique engagé, Martin Kopp offre un livre invitant son lectorat à une conversion vers l’écologie intégrale. Pour l’auteur, la théologie doit participer à l’effort interdisciplinaire visant à changer l’imaginaire collectif et répondre à sa manière à la « profonde crise de sens » et à la « crise éthique » aux racines du bouleversement écologique (p. 18). Une entreprise complexe qui consiste à « formuler, à frais nouveaux, une compréhension possible, argumentée mais aussi intuitive, créative et poétique, de la foi chrétienne en Dieu le créateur et de notre place de créatures dans sa création, ainsi que de discerner nos justes responsabilités face à un défi inédit de l’histoire » (p. 44). Le premier chapitre vise à présenter cette crise de sens comme une opportunité à saisir. L’auteur choisit de traiter du « bouleversement écologique » au lieu de la « crise » qui paraît trop temporaire à ses yeux (p. 28). Bien nommer la situation est important pour en reconnaître l’ampleur. Ainsi, Kopp entre dans la discussion sur « l’Anthropocène » comme vocable plus ou moins approprié pour nommer cet « écocide », la destruction de la terre, notre oikos. En effet, les humains (anthropos) ne partagent pas la responsabilité de cette crise de manière égale. Le deuxième chapitre vise à développer une théologie de la création en revisitant les trois personnes de la Trinité, en repensant le rapport au monde comme « création bonne et blessée » (p. 94-101) et en invitant à vivre de manière épanouie avec l’ensemble de la création. La portion la plus innovante est celle qui permet de repenser Jésus à la lumière d’une théologie de la création. Pour l’auteur, l’absence de lien établi entre le Christ et la création explique en partie la difficulté de mobiliser l’Église aux enjeux écologiques (p. 50-51). Kopp présente donc l’incarnation comme une entrée en « créaturalité » puisque « Jésus signifie l’incarnation de Dieu dans l’espace et le temps, dans l’énergie, les atomes et les molécules, en des éléments comme l’hydrogène, le carbone ou le fer, surgis de l’histoire de l’univers […] si le Fils, ou la Parole, a permis la création, inversement, la création a rendu possible Jésus » (p. 61). En bref, l’incarnation se comprend comme un « tissu de relations et d’interdépendance entre un humain, les autres vivants et son milieu créationnel » (ibid.). Dieu le Père est, bien entendu, présenté comme créateur, mais non seulement pour le moment « au commencement », mais surtout pour la dynamique de création qui se poursuit. Enfin, l’Esprit est compris comme « La rouach » ou « La Souffle » qui donne vie. Cette traduction au féminin vise à rendre le genre du mot hébreu. Ici aussi, il faut s’éloigner de l’anthropocentrisme pour comprendre que le don du souffle divin ne concerne pas que les humains ou les animaux, mais aussi les plantes, les bactéries, les créatures eucaryotes, etc. (p. 85-86). Le deuxième chapitre invite aussi à repenser la théologie de manière moins anthropocentrique, en pensant au « système Terre » composés d’éléments biotiques et abiotiques en interaction. Il s’agit de penser une théologie planétaire et non simplement humaniste dans une « sororité créationnelle » (p. 90) qui inclut toutes les créatures, mais aussi toutes les dimensions de la vie de la politique, du sport en passant par la cuisine. Pour Kopp, « la culture et l’histoire font partie intégrante de la création » (p. 88). L’humain n’est pas qu’un vivant au sein de la création. Il est façonné du créé, autant dans le récit biblique, que dans …