Recensions

Dong Hyeon Jeong, Embracing the Nonhuman in the Gospel of Mark. Atlanta, SBL Press (coll. « Semeia Studies », 102), 2023, 177 p.

  • Sébastien Doane

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  • Sébastien Doane
    Université Laval, Québec

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Cover of Visages, explorations exégétiques et théologiques, Volume 80, Number 2, 2024, pp. 167-353, Laval théologique et philosophique

Ce livre est une version retravaillée de la thèse de doctorat que l’auteur a réalisée sous la direction de Stephen D. Moore à Drew University. Dong Jeong tente de déstabiliser l’anthropocentrisme des interprétations courantes de l’Évangile selon Marc à l’aide d’une analyse qui se situe à l’intersection des études postcoloniales et écocritiques notamment par l’apport de la philosophie continentale. Le premier chapitre part d’un enjeu important et personnel. Étant asiatique et vivant aux États-Unis alors que sévissait la COVID, l’auteur a subi au plus près « l’animalisation de son corps » ; le trauma engendré par un racisme qui traite l’étranger comme un animal. L’auteur a choisi de ne pas se distancer des animaux avec une réponse du type « je ne suis pas un animal », puisque ceci engendrerait une assertion de supériorité par rapport aux animaux non humains. Devant l’animalisation raciste, Jeong développe une solidarité avec les autres animaux qui eux aussi sont victimes de la violence envers l’autre (othering). « A way to heal wounds caused by racism through animalization is to embrace the denigrated other/self. To embrace is to acknowledge the reality of colonization/animalization in each other and to subvert the oppressive systems by invoking the life-giving responsivity between humans and nonhumans » (p. 3). Ce point de départ amorce un mouvement qui mène à reconfigurer les relations de l’ensemble de la création par une lecture attentive aux animaux, aux plantes et aux objets inanimés dans l’Évangile selon Marc. Le deuxième chapitre porte sur Mc 1,13b, un verset qui indique de manière énigmatique que « Jésus était avec les bêtes ». Jeong se demande si le regard des bêtes rencontrées au désert n’a pas transformé Jésus. Il suggère que Mc présente un « Messie bestial » pour les lecteurs/auditeurs de l’évangile, habitués d’être animalisés par l’Empire romain. Il souligne l’inclusio entre la présence de Jésus auprès des bêtes au début de l’Évangile et sa mise à mort comme un animal à la fin. Le chapitre trois porte sur un groupe de leçons végétales données par Jésus au sujet de l’empire de Dieu : Mc 4,1-20 (la parabole du semeur), Mc 4,26-29 (la semence qui pousse), Mc 4,30-32 la graine de moutarde et Mc 13,28-31, la leçon du figuier. L’identification possible entre les végétaux et les personnes vivant sous un régime colonial permet un regard socioéconomique sur l’oppression politique. Au quatrième chapitre, l’auteur se demande quelle serait la réponse de la mer de Galilée à la légion de cadavres de porcs qui s’y retrouve dans l’épisode de l’exorcisme de Jésus en Mc 5,1-20. L’affect du dégoût olfactif et visuel tel que défini par Sara Ahmed est mobilisé par Jeong pour développer le potentiel affectif de cette scène, en particulier lorsqu’elle est relue en pensant aux 16 000 cadavres de porcs jetés dans la rivière Huangpu à Shanghai en 2013. Le dernier chapitre au sujet de la Syrophénicienne (Mc 7,24-30) est une contribution majeure à la recherche en reprenant les enjeux interreliés de l’animalisation et du colonialisme annoncés dans l’introduction. En Mc 7,27, Jésus utilise une logique d’animalisation en reliant cette femme anonyme aux petits chiens prenant le pain des enfants. Jeong souligne que la réaction de cette femme est une forme de résistance à l’animalisation en revêtant un masque pour indiquer candidement qu’elle est animale et animalisée. L’ensemble est cadré comme un dialogue entre ethne colonisés, appliquant une logique bestiale héritée du pouvoir colonial. Ainsi, les paroles de Jésus sont une forme de mimétisme reproduisant l’animalisation impériale de l’autre. Jésus est donc à la fois victime et l’auteur d’une forme de carnophallogocentrisme (Derrida). La …

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