Abstracts
Résumé
Le sermon 163 d’Augustin d’Hippone aurait été prononcé à l’occasion de la dédicace de la basilica Honoriana de Carthage, le 23 septembre 417. Ancré dans le commentaire du verset 5,16 de l’épître aux Galates, Spiritu ambulate et concupiscentias carnis ne perfeceritis, il propose une comparaison entre le processus du salut humain et l’édification de l’église. Les deux aboutissent à la « dédicace », celle du temple de pierres que l’on célèbre alors et celle des élus réunis auprès de Dieu. Nous cherchons à discerner les implications historiques de la dialectique aedificatio-dedicatio qui traverse le sermon, en regard de l’évolution du discours sur le lieu de culte chrétien et de la mise en place d’une structure sociale polarisée par les églises au tournant des ive et ve siècles.
Abstract
Augustine of Hippo’s Homily 163 is supposed to have been delivered on the occasion of the dedication of the basilica Honoriana in Carthage, September 23, 417. Rooted in the commentary of Galatians 5:16, Spiritu ambulate et concupiscentias carnis ne perfeceritis, it proposes a comparison between the process of human salvation and the building of a church. Both achieve in the “dedication”, that of the temple of stones, that is then celebrated, and that of the elected gathered with God. We seek to discern the historical implications of the dialectic aedificatio-dedicatio that appears throughout the sermon, in relation to the evolution of the discourse on the Christian place of worship and the establishment of a social structure polarized by the churches, at the turn of the 4th and the 5th centuries.
Article body
On connaît quatre sermons authentiques d’Augustin pour la dédicace de l’église. Parmi ceux-ci, trois ont été transmis depuis les homéliaires carolingiens sous le titre De dedicatione ecclesiae I, II et III[1]. Le quatrième l’a été parmi les sermons De gratia Dei et de verbis apostoli de l’évêque d’Hippone ; il s’agit du sermon 163 dont il sera question ici. L’homélie s’ancre dans le commentaire du verset 5,16 de l’épître aux Galates, Spiritu ambulate et concupiscentias carnis ne perfeceritis (« Déambulez selon l’esprit et n’accomplissez pas les désirs de la chair »). Il aurait été prononcé par l’évêque d’Hippone à l’occasion de la dédicace de la basilica Honoriana de Carthage, le 23 septembre 417. Cette basilique compte parmi les sanctuaires chrétiens non identifiés de la ville. On peut simplement affirmer, à la lumière des premières lignes du sermon, qu’elle remplaçait un ancien temple polythéiste. À la différence des trois précédents, ce sermon présente l’avantage d’avoir bénéficié d’une édition critique par Gert Partoens, dans la Revue bénédictine en 2005, reprise dans la récente livraison des Sancti Aurelii Augustini Sermones in epistolas apostolicas[2].
Nous présentons d’abord un résumé du sermon avant d’analyser la dialectique aedificatio-dedicatio qui le structure. Notre objectif est de discerner les implications historiques d’un tel sermon, en regard de l’évolution du discours sur le lieu de culte chrétien et de la mise en place d’une structure sociale polarisée par les églises[3].
Le sermon 163 a été divisé en 12 sections par ses éditeurs[4].
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1. En ouverture, Augustin établit un parallèle entre l’homme, temple de Dieu, et l’église que l’on inaugure. La dédicace du bâtiment est selon lui l’occasion de réfléchir au processus de transformation qui s’opère alors dans les hommes et dans le temps, soit le passage du polythéisme au culte du Dieu vivant, de la loi à la grâce ; un passage qui inaugure le cheminement salvifique de l’homme qui accepte d’ouvrir son coeur à la caritas.
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2. Augustin illustre son propos avec les versets 16 à 21 du chapitre 5 de l’épître aux Galates, dans lesquels Paul invitait ses auditeurs à déambuler par l’esprit et à s’éloigner des concupiscences de la chair. L’édification spirituelle de l’homme est, pour Augustin, conforme à la construction de l’église : l’un comme l’autre procède par destruction, conversion et construction. L’homme doit savoir ce qu’il doit rejeter pour se construire.
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3. La dédicace, pour l’homme comme pour l’église, est l’aboutissement du processus constructif. Il est la libération qui survient après un long temps de combat et de souffrance. Le Christ a initié le processus : par sa résurrection il a été dédicacé. L’horizon d’attente de la dédicace est promis aux hommes, comme l’annonçaient les psaumes de la dédicace du Temple de Salomon.
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4-5. À partir d’un habile tissage de versets issus des épîtres aux Colossiens et aux Éphésiens, de l’évangile de Luc et des psaumes 18, 84 et 95, Augustin invite ses auditeurs à délaisser la vétusté au profit de la nouveauté et à se vêtir de nouveaux vêtements. Jouant sur les nuances des verbes cantare et canere (chanter et louanger), il appelle à jouer de la voix pour louer Dieu tout en édifiant son temple. Ces chants sont pour lui les signes de la victoire à venir.
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6. Augustin articule le verset déjà cité de l’épître aux Galates, où il est question de la déambulation selon l’esprit loin des concupiscences de la chair, à celui de la première épître aux Corinthiens, où Paul se présente comme le sapiens architectus ayant établi les fondements du temple du Seigneur. Il enjoint ses auditeurs de s’édifier sur ces fondements pour élever leur esprit contre la chair.
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7. Augustin évoque ensuite la dialectique entre le combat et la victoire. La victoire est annoncée et elle arrivera, mais pour l’heure il faut combattre et peiner. Ce n’est qu’après une telle captivité caractérisée par la souffrance que pourra advenir la victoire, c’est-à-dire la dédicace.
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8. Ce pénible cheminement s’effectue dans l’attente, l’espoir et la confiance. La persistance du mal tout au long du chemin ne signifie pas l’absence de Dieu, car Dieu est comme le médecin qui continue à amputer les membres malades même si le patient crie, afin de le soigner. Les progrès et les révélations ne doivent pas enorgueillir. Paul lui-même en avait fait l’expérience douloureuse, se voyant châtié de son orgueil par un ange de Satan qui le souffleta.
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9. L’arrêt des souffrances arrivera plus tard, au moment de la dédicace. Alors viendront les chants de triomphe et la victoire sur la mort.
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10-11. Arborant un ton plus pragmatique, Augustin considère les moyens pour conduire le cheminement. La Loi n’est d’aucune utilité, à l’inverse de l’humilité (humilitas), de l’engagement (uoluntas, promissio, fides), de l’espoir (spes) et de l’aide de Dieu (Deus/Spiritus adiuuat). Le fidèle doit s’engager et honorer le don de la grâce qui lui permet d’être volontaire et de se conduire sur le bon chemin. Il est tenu de recevoir ce don et, pour l’honorer, il doit se tourner vers l’esprit, supplier Dieu, le prier, et espérer qu’en retour il rende grâce.
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12. La péroraison finale propose, comme il se doit, une synthèse du sermon. Le labor de l’être humain consiste à se battre contre la concupiscence de la chair, à déambuler selon l’esprit en l’invoquant, à rechercher le don de la grâce. Si la volonté de son esprit (lex mentis) est incapable de résister aux exigences des parties inférieures de son corps (lex in membris) et s’il est tenu captif par le péché, qu’il se corrige afin de pouvoir transiter vers la victoire. La prière, l’appel à l’aide puis la méditation (intellige) en sont les moyens. Si cela est conduit avec engagement, confiance (fideliter) et humilité, la grâce de Dieu sera très vraisemblablement accordée.
Le mot final est donné par la prière Conuersi ad dominum avec laquelle Augustin terminait souvent ses sermons. Dans le cas présent, elle constitue comme un retour au point de départ, dans son invitation à se tourner vers le Seigneur et à se convertir.
I. Aedificatio-dedicatio
Ce discours sur le processus du salut humain propose un idéal social. Sa formulation à l’occasion de la dédicace d’une nouvelle église, elle-même établie à la place d’un ancien temple polythéiste, fait de la cérémonie inaugurale un moment de basculement au cours duquel le fidèle prend conscience de son cheminement.
On note le ton d’abord très paulinien du sermon. L’homme, créature de Dieu dans laquelle l’esprit divin déambule, est le vrai temple de Dieu. C’est lui qu’il faut privilégier et non l’édifice de pierres. Mais alors que Paul ne retenait que le déplacement de l’architecture vers l’homme, Augustin réintroduit l’architecture en la valorisant comme une figure visible pour penser l’édification du temple humain. Il accorde ainsi au lieu de culte chrétien une légitimité théologique qui fait écho aux épigrammes élégiaques qui ornaient certaines églises depuis le règne de Constantin en célébrant le don des commanditaires, la richesse des ornements et les vertus figurées par la splendeur du lieu ou par ses formes signifiantes[5]. Augustin n’ancre pas son propos dans les formes de l’édifice ni dans son décor, mais dans le labor des constructeurs et dans le moment de basculement que constitue l’inauguration de l’édifice, à l’issue de la longue période d’édification. Ce qui l’intéresse est le temps (saeculum), cette condition spécifique des créatures amorcée par la Chute, limitée par le Jugement dernier et dont le déroulement est scandé par des ruptures[6]. La dédicace de l’église est pour lui une de ces ruptures qui, à l’instar de la Passion du Christ ou du baptême, permet aux hommes de passer d’un état de déchéance à un état de salut.
Augustin tisse son discours sur une série d’oppositions binaires qui caractérisent le temps d’avant et celui d’après, séparés par le moment présent de la dédicace :
chair-esprit |
caro-spiritus |
loi-grâce |
lex-gratia (ou ante gratiam-per gratiam) |
idoles-Christ |
simulacra, idola-Christus |
immobilité-mouvement |
figere-ambulare, deambulare |
étroitesse-largeur/largesse |
angustia-latitudo |
lettre-esprit |
littera-spiritus |
vieillesse-nouveauté |
vetustas-novitas |
combat-victoire |
certamen-victoria |
esclavage/emprisonnement-liberté |
captivitas-liberatio |
Ces paires sont analogiques. Chacune renvoie aux autres et on peut penser, en suivant Anita Guerreau-Jalabert, qu’elles s’inscrivent dans une matrice d’interprétation générale qui situe les premiers termes (loi, idoles, immobilité, etc.) dans le domaine, inférieur, de la caro et les secondes dans le domaine, supérieur, du spiritus[7]. Augustin envisage la dédicace de l’église comme le moment où les fidèles, réunis collectivement autour du nouveau lieu de culte, prennent conscience du passage de l’ancien au nouveau régime.
La paire aedificatio-dedicatio (traitée surtout dans les sections 1, 2 et 3 du sermon) relève de cette conception sotériologique, tout en s’inscrivant dans le temps d’une manière plus complexe que les autres. Pour le bâtiment, le processus est clair : l’aedificatio est le long et pénible cheminement par lequel les matériaux sont préparés puis assemblés, alors que la dedicatio est la victoire célébrée lors de l’inauguration de l’église. La première relève du temps d’avant, charnel et difficile ; la seconde est l’avènement de l’état nouveau, spirituel. Pour l’homme, la dialectique aedificatio-dedicatio est reportée tout entière dans le présent et l’avenir. Son aedificatio personnelle s’effectue par l’ouverture spirituelle à la grâce et la pratique des vertus. Telle est sa condition présente, jusqu’à la fin du temps. L’issue n’est pas assurée. Elle est promise, tout en étant, présentement, suggérée par la dédicace de l’église.
L’aedificatio de l’homme consiste à rétablir la hiérarchie harmonieuse entre caro et spiritus telle que créée par Dieu. Ici, Augustin reprend ce qu’il a développé ailleurs dans l’exégèse du mythe biblique de l’homme originel[8]. Les deux principes, bons par nature, auraient été créés par Dieu selon une harmonie hiérarchique qui soumettait caro à spiritus, faisant en sorte que jamais l’esprit de l’homme ne s’éloignait de celui de Dieu et que jamais il ne se laissait conduire par les besoins de son corps. La Chute, consécutive au péché originel, rompit l’articulation hiérarchique et laissa l’homme dans une situation de dépendance à l’égard de la concupiscence de la chair (concupiscentia carnis). Désormais caro convoite contre spiritus, impose sa loi (lex) à celle de l’esprit, empêche l’homme de cheminer spirituellement et d’agir selon la voluntas de Dieu. L’aedificatio est le moyen de sortir de cet état de dépendance à l’égard des concupiscences de la chair, afin de parvenir, au terme du temps, à un état de béatitude spirituelle absolu et éternel, la dedicatio.
Dès l’ouverture du sermon, Augustin expose le moyen de parvenir à un tel état de grâce : la dilatation. Le substantif latitudo, que l’on peut rendre par largeur et largesse, et le verbe dilatare (élargir, étendre, dilater) lui servent à exprimer cette notion capitale[9]. L’homme d’avant la grâce, dit-il, est étroit. Il ne peut honorer la demande de l’Apôtre de déambuler selon l’esprit parce qu’il ne s’ouvre pas à lui. Ainsi, il stagne, immobile comme le sont les statues des idoles qu’il adore dans les temples. À l’inverse, Augustin lui propose d’ouvrir son coeur pour laisser pénétrer l’esprit. Celui-ci pourra ainsi déambuler en lui et le faire, lui-même, cheminer[10]. Ce qui dilate l’homme, précise Augustin, c’est la caritas, qu’il faut évidemment entendre au sens large de l’amour généralisé et non des seules actions caritatives. La caritas, c’est l’amour de Dieu pour les hommes et, en retour, l’amour des hommes pour Dieu, dont l’amour de soi est une modalité, et l’amour du prochain, pour y trouver Dieu[11].
Le processus salvateur envisagé par l’évêque d’Hippone est donc à la fois social et spatial. Il est fondé sur une circulation généralisée de l’amour entre les hommes et Dieu, au nom de laquelle chaque être est lié à l’autre par des échanges qui ne doivent avoir d’autre attente que l’accueil possible de la grâce, moteur initial et carburant du cheminement salvateur. L’espace, le temps et l’homme n’ont aucune objectivité. L’homme n’existe pas parce qu’il habite quelque part, mais parce qu’il est habité par l’esprit. S’il est là où il est, en tel lieu et à tel moment, c’est pour en sortir, déambuler spirituellement afin d’échapper à la prison du siècle dans laquelle la Chute l’a jeté, et dans l’espoir d’en sortir victorieux, dédicacé. L’église, cet édifice de pierre que l’on construit avec peine et que l’on inaugure dans la joie, n’a pas d’autre légitimité que de faire voir l’espoir à venir, de le préfigurer, de proclamer son possible avènement. Elle est là pour mieux montrer que ce qui compte n’y est pas. Des peintures typologiques des catacombes au ciel peint des églises baroques, tout l’art chrétien réside dans cette tension entre ce qui est donné à voir, majestueusement, et ce que ces objets visuels préfigurent, au-delà des sens, de l’espace et du temps, dans l’éternité utopique de la vision spirituelle.
Pour l’homme comme pour l’église, l’édification est à la fois destruction et conversion. Les anciens temples sont parfois détruits, d’autres sont améliorés, transformés en église. Il en va de même pour les hommes : certaines de leurs oeuvres doivent être rejetées, d’autres transformées. Augustin oppose clairement deux processus. Le premier est la destruction. Elle concerne les oeuvres de la chair (opera carnis), dont il dresse une liste reprise de l’épître aux Galates : « fornications, impuretés, adorations des idoles, sortilèges, conflits, inimitiés, hérésies, jalousies, ivrogneries » (Ga 5,19-21). Il demande de les abattre (deicere) et les fracasser (dirumpere, frangere) comme on le fait des statues des idoles dans les anciens temples. Le second est la conversion de ce qui mérite d’être sauvé. Augustin emploie les verbes convertere et commutare pour qualifier cette transformation, deux verbes qui ne sont pas sans lien avec l’opération de la consécration eucharistique. Ce sont les membres du corps humain (membra corporis nostri) qu’il convient de commuer de la sorte, pour qu’ils ne servent plus les sales désirs charnels (immunditia cupiditatis), mais la grâce de l’amour spirituel (gratia caritatis)[12]. On voit poindre là la conception anti-manichéenne d’Augustin, pour qui le corps humain est une création bénéfique, qui ne doit pas être rejetée mais bien ordonnée[13].
Détruire, convertir, cela n’est pas tout. Il faut aussi construire (section 3). Augustin présente les hommes comme les « ouvriers de Dieu » occupés à l’édification de son Temple. Employer une telle expression lors de la dédicace de l’église résonne évidemment avec le chantier de construction récemment achevé, mais le templum en question n’est pas le bâtiment. C’est le temple spirituel constitué de l’assemblée de Dieu et des hommes sauvés. Dieu, dit Augustin, est la tête de ce temple, qui a été dédicacée par la résurrection du Christ. Le corps du temple reste à édifier pour parvenir à sa dédicace complète à la fin du temps. Augustin introduit ainsi un troisième terme dans la relation figurale instaurée par la dédicace de l’église. Au bâtiment et à l’homme s’ajoute le Christ. Celui-ci est la figure de l’homme dans son processus édificateur. En effet, il a vécu, souffert lors de sa Passion puis a triomphé de la mort lors de la résurrection : il est désormais dédicacé. Tel doit être, en plus doux, le cheminement de l’homme : si le Christ a été édifié par la Passion puis dédicacé par la résurrection, les hommes devront être édifiés par la fides avant d’être dédicacés par la résurrection[14].
Les allusions répétées à la souffrance inhérente au cheminement se comprennent mieux à la lumière de cette comparaison avec la Passion. Augustin envisage l’édification comme un véritable combat (certamen aedificantium, section 5), une lutte (lucta, section 7), un labor, qui est celui du combattant contre les concupiscences de la chair (section 12). De telles souffrances lui paraissent nécessaires pour éloigner l’orgueil. Évoquant les chants d’allégresse et la victoire annoncés dans les psaumes ou les épîtres, il veut rassurer son auditoire quant à la certitude du triomphe final, mais il veut absolument éviter que les hommes s’en enorgueillissent à l’avance. L’attente dans la douleur est salutaire ; l’orgueil (superbia), au contraire, est ennemi de la victoire[15]. Augustin rappelle l’exemple de Paul, qu’il évoqua lui-même dans la seconde épître aux Corinthiens. L’Apôtre, ayant reçu des révélations de Dieu et croyant ainsi s’être rapproché de lui de son vivant, s’enorgueillit. Il en fut châtié par un ange qui, en le giflant, lui envoya un stimulus carnis salvateur (section 8). Tout au plus, l’homme peut-il se contenter de vivre, depuis la Passion et la Résurrection, dans cette période d’édification positive, qui a succédé à la période terrible de la captivité[16]. L’aedificatio est un entre-deux, prometteur, mais encore extrêmement difficile. Croire, espérer, aimer sont les seuls moyens envisagés par Augustin pour cheminer sereinement vers la dédicace.
Dedicatio ? De quoi s’agit-il au juste ? Selon Augustin, c’est l’état final auquel aboutit le templum dei à l’issue de son édification ; c’est le triomphe, la victoire sur la mort, la fin des souffrances, l’état de salut[17]. La matrice est le Christ : tête du templum, déjà dédicacée par sa Passion et sa résurrection. Pour les hommes, le cheminement s’annonce clairement. Ce fut d’abord la captivité, puis l’édification, marquée par la peine et le combat (labor, certamen) ; viendra ensuite la dédicace, couronne de la victoire. Toutes les difficultés qui caractérisaient l’édification feront alors place à des situations plus heureuses : la souffrance à la joie ; la mort à la vie (par la résurrection) ; la tristesse à l’allégresse ; le combat à la victoire ; le conflit à la sécurité[18].
Fin des souffrances, la dédicace est aussi la fin du combat entre les deux principes constitutifs de l’homme, caro et spiritus. Caro ne convoitera plus contre spiritus, l’harmonie hiérarchique sera rétablie, les corps des élus seront spirituels (c’est-à-dire incorruptibles et totalement investis par l’esprit). L’édification, qui était un processus de déplacement fondé sur la déambulation de l’esprit dans l’homme et la circulation de l’amour entre les hommes et Dieu, fera désormais place à la contemplation, soit un état de stabilité absolue et d’union totale entre les hommes et Dieu. Il n’y aura, logiquement, plus de temps ni d’espace, mais seulement la visio dei, plaisir absolu et intellection complète[19]. L’église, elle-même, aura également disparu, puisque sa fonction était de préfigurer par des visualisations charnelles la vision spirituelle définitive.
II. Augustin et l’Église
Les propos d’Augustin ont des implications historiques fondamentales. Si l’on excepte la lettre d’Ambroise à sa soeur Marcelline dans laquelle l’évêque de Milan rapporte la teneur du sermon qu’il a prononcé à l’occasion de la dédicace de la nouvelle basilica martyrum, le 17 juin 386, solennisée par la translation des reliques des saints Gervais et Protais, les sermons d’Augustin pour la dédicace d’une église sont les plus anciennes homélies du genre conservées dans l’Église latine[20]. Pour l’évêque d’Hippone, la dédicace du temple de pierre est une préfiguration sensible, temporelle et spatiale de la dédicace spirituelle à venir. La fête qui souligne l’inauguration de la nouvelle église, notamment dans sa dimension triomphale et sensorielle, annonce la future visio, toute contemplative, des élus. L’église elle-même, dans sa dimension architecturale et matérielle, n’attire pas spécifiquement l’attention d’Augustin. Si dans les sermons 336 et 337 (De dedicatione ecclesiae I et II), qui auraient été prononcés vers 420-425, il compare le processus d’équarrissage et de polissage des matériaux à celui que l’homme doit effectuer sur lui-même, le sermon 163, antérieur de quelques années, n’évoque pas l’édifice concret. Il le légitime néanmoins comme une figure de l’homme, dans le sens à la fois représentationnel et annonciateur (préfiguration) que l’on peut conférer à ce mot[21]. L’église devient ainsi un signe tangible du changement de régime temporel amorcé par la Passion et la Résurrection.
Par cette invitation au retournement spirituel, Augustin envisage un idéal social fondé sur la circulation généralisée de l’amour (caritas) et sur l’inversion de la relation entre chair et esprit[22]. Les guides de ce nouvel ordre social sont, nécessairement, ceux qui ont déjà effectué le retournement — les clercs et les moines —, mais le programme concerne tout le monde.
Le nouvel ordre social comporte une dimension spatiale fondamentale. L’homme est pensé comme un être en mouvement, pérégrinant sur terre avant de rejoindre sa patrie céleste. Son cheminement est, pour ainsi dire, téléguidé, car s’il peut avancer, c’est parce qu’il est mû par Dieu, qui déambule en lui dès lors qu’il dilate son coeur. L’homme ouvert à l’esprit est un homo viator dont le déplacement ne prendra fin qu’avec la stabilité harmonieuse toute spirituelle de la visio dei. La création de lieux fixes socialement valorisés, comme l’église, peut apparaître contradictoire avec une telle conception itinérante de l’existence. Pourtant l’église est instituée comme un pôle, dont la fixité est assurée par les corps des martyrs qui reposent sous l’autel. Ambroise a établi la pratique à Milan dans les années 380-390 ; elle est très vite devenue la norme, au point qu’il ne semble déjà plus envisageable en 400 de dédicacer une nouvelle église sans y avoir enseveli des reliques de martyrs[23]. L’église se trouve alors dans une tension fondamentale entre fixité et déplacement. Lieu du culte, lieu de la prière, lieu de l’intercession terre-ciel effectuée par les saints, elle est le point de départ de tous les cheminements salvateurs. Les déplacements concrets des hommes vers elle permettent ces déplacements spirituels. Pôle fixe institué par l’évêque, elle confère aux fidèles un point d’ancrage tangible pour leur assemblée pérégrinante en attente de la dédicace. Déjà elle-même dédicacée, elle se présente aussi comme une figure de la victoire finale. Sa fixité représente la stabilité de Dieu et annonce la stabilité définitive des élus. L’ensemble des dispositifs mobiliers, des formes, des ornements et des jeux sociaux qui se déroulent ensuite dans l’église (position assise des célébrants et station debout des fidèles, représentation de la majestas domini, parcours de la porte au sanctuaire, inscriptions, paroles et rites qui signifient les relations verticales qui se jouent dans l’édifice, etc.) sont autant de signes de cette tension entre la fixité et le déplacement qui caractérise le nouvel ordre social dont les coordonnées sont établies au tournant des ive et ve siècles, et dont les modalités s’ajusteront pendant le millénaire suivant.
Appendices
Notes
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[1]
Il s’agit des sermons 336-338 de l’édition des Mauristes reprise dans le tome 48 de la PL, col. 1471-1479. L’ouvrage de Hubertus R. Drobner, Augustinus von Hippo. Predigten zu Kirch- und Bischofsweihe (Sermones 336-340/A). Einleitung, revidierter Mauriner-Text, Übersetzung und Anmerkungen, Frankfurt am Main u. a., Peter Lang, 2003, présente une édition révisée des sermons 336-338 accompagnée d’une traduction allemande et de notes qui synthétisent les travaux antérieurs, mais les sermons eux-mêmes ne sont pas étudiés. La seule étude notable que nous connaissons de ces trois sermons est celle de Finbarr G. Clancy, « Augustine’s Sermons for the Dedication of a Church », Studia Patristica, 38 (2001), p. 48-55.
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[2]
Gert Partoens, « Le sermon 163 de saint Augustin. Introduction et édition », Revue bénédictine, 115 (2005), p. 251-285 ; Sancti Aurelii Augustini Sermones in epistolas apostolicas, II : Sermones CLVII-CLXIII, éd. Gert Partoens, Turnhout, Brepols (coll. « Corpus Christianorum Series Latina », XLI Bb), 2016, p. 213-233. La prononciation du sermon à l’occasion de la dédicace de la basilica Honoriana est mentionnée dans le titre qui lui a été donné dans la collection dite « sessorienne » des sermons De verbis Apostoli d’Augustin. Cette collection médiévale italienne, dont le plus ancien témoin conservé est un manuscrit produit en Campanie au tournant des viiie et ixe siècles, aurait été composée en Afrique au ve siècle, peut-être par Augustin lui-même. Le sermon y porte le titre suivant : Sermo habitus in basilica Honoriana VIII kal. oct. id est de gratia Dei et de verbis apostoli Spiritu ambulate et concupiscentias carnis ne perfeceritis (Gert Partoens, « La collection de sermons augustiniens De verbis Apostoli. Introduction et liste des manuscrits les plus anciens », Revue bénédictine, 111 [2001], p. 317-352 ; Id., « La collection De verbis apostoli et sa transcription manuscrite jusqu’au xiie siècle », dans Sancti Aurelii Augustini Sermones in epistolas apostolicas, I : Sermones CLI-CLVI, éd. Id., Turnhout, Brepols [coll. « Corpus Christianorum Series Latina », XLI Ba], 2008, p. lxxxvii-clii). Une étude récente du sermon : Anthony Dupont, Gratia in Augustine’s Sermones ad Populum during the Pelagian Controversy. Do Different Contexts Furnish Different Insights, Leiden, Brill, 2013, p. 531-538.
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[3]
Je prépare un ouvrage sur les conceptions du lieu de culte et de ses ornements entre le ive et le vie siècle dans lequel les sermons d’Augustin pour la dédicace de l’église seront étudiés en profondeur. Mon propos s’inscrit notamment dans le prolongement des travaux suivants (par ordre chronologique) : Robert A Markus, « How on Earth could Places become Holy ? Origins of the Christian Idea of Holy Places », Journal of Early Christian Studies, 2, 3 (1994), p. 257-271 ; Alain Guerreau, « Il significato dei luoghi nell’Occidente medievale : struttura e dinamica di uno “spazio” specifico », dans Enrico Castelnuovo, dir., Giuseppe Sergi, Arti e storia nel Medioevo, vol. I, Tempi. Spazi. Istituzioni, Torino, Einaudi, 2002, p. 201-239 ; Alain Guerreau, « Stabilità, via visione : le creature e il creatore nello spazio medievale », dans ibid., vol. III, Del vedere : pubblici, forme e funzioni, Torino, Einaudi, 2004, p. 167-197 ; Claire Sotinel, « Les lieux de culte chrétiens et le sacré dans l’Antiquité tardive », Revue de l’histoire des religions, 4 (2005), p. 411-434 ; Michel Lauwers, Naissance du cimetière. Lieux sacrés et terre des morts dans l’Occident médiéval, Paris, Aubier, 2005 ; Id., « Des lieux sacrés aux territoires ecclésiaux dans la France du Midi : quelques remarques préliminaires sur une dynamique sociale », dans Lieux sacrés et espace ecclésial (ixe-xve siècle), Toulouse, Privat (coll. « Cahiers de Fanjeaux », 46), 2011, p. 13-34 ; Dominique Iogna-Prat, La Maison-Dieu. Une histoire monumentale de l’Église au Moyen Âge (v. 800-v. 1200), Paris, Seuil, 2006.
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[4]
Nous reprenons ici la division du « Corpus Christianorum Series Latina ».
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[5]
Inscriptiones latinae christianae veteres, 3 vol., éd. Ernst Diehl, Berlin, Weidmann, 1925-1931 ; Carlo Carletti, « L’epigrafia di apparato negli edifici di culto da Costantino a Gregorio Magno », dans Letizia Pani Ermini, Paolo Siniscalco, dir., La comunità cristiana di Roma. La sua vita e la sua cultura dalle origini all’alto Medio Evo, Citta del Vaticano, Libreria editrice Vaticana, 2000, p. 439-459.
-
[6]
Robert A. Markus, Saeculum. History and Society in the Theology of St. Augustine, Cambridge, Cambridge University Press, 1970 ; Gaetano Lettieri, « A proposito del concetto di Saeculum nel “De civitate Dei” », Augustinianum, 26 (1986), p. 481-498 ; Kurt Flasch, Was ist Zeit ? Augustinus von Hippo. Das XI. Buch der Confessiones. Historische-philosophische Studie. Text. Übersetzung. Kommentar, Frankfurt-a-M., Vittorio Klostermann, 1993.
-
[7]
Anita Guerreau-Jalabert, « Occident médiéval et pensée analogique : le sens de spiritus et caro », dans Jean-Philippe Genet, dir., La légitimation implicite, Paris, Publications de la Sorbonne, 2015, p. 457-476. Sur le sens de la paire caro-spiritus dans l’oeuvre d’Augustin : Cornelius Mayer, « Caro-spiritus », dans Augustinus-Lexikon, vol. 1, Bâle, Schwabe & Co., 1986-1994, col. 743-759.
-
[8]
Je pense notamment aux livres X et XI du De Genesi ad litteram et aux livres XIII à XV du De civitate Dei.
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[9]
Sur la notion chrétienne de la dilatation du coeur, Jean-Louis Chrétien, La joie spacieuse. Essai sur la dilatation, Paris, Minuit, 2007.
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[10]
Sermon 163, 1 : Deambulat autem in nobis praesentia Maiestatis, si latitudinem inuenerit caritatis. Ad hoc nos exhortans apostolus ait : Dilatamini, ne sitis iugum ducentes cum infidelibus (2 Co. 6 13-14). Si dilatemur, deambulat in nobis Deus ; sed ut dilatemur, operetur ipse Deus. Si enim latitudinem caritas facit, quae non nouit angustias, uidete quia Deus sibi in nobis latitudinem facit, ipso dicente apostolo : Caritas Dei diffusa est in cordibus nostris per Spiritum sanctum qui datus est nobis (Rom. 5, 5). Propter hanc latitudinem, inquam, in nobis deambulat Deus.
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[11]
Dany Dideberg, « Caritas », dans Augustinus-Lexikon, vol. 1, col. 730-743 ; Anita Guerreau-Jalabert, « Spiritus et caritas. Le baptême dans la société médiévale », dans Françoise Héritier-Augé, Élisabeth Copet-Rougier, dir., La parenté spirituelle, Paris, Éditions des archives contemporaines, 1995, p. 133-203 ; Anita Guerreau-Jalabert, « Caritas y don en la sociedad medieval occidental », Hispania. Revista Española de Historia, 60, 204 (2000), p. 27-62.
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[12]
Sermon 163, 2 : Videte, fratres mei, quemadmodum cum loca ipsa terrena in melius conuertuntur, alia diruuntur atque franguntur, alia in meliores usus commutantur, sic et nos sumus. Opera carnis fuerunt in nobis. Audistis cum commemorarentur : Manifesta autem sunt, inquit, opera carnis, quae sunt fornicationes, immunditiae, idolorum seruitus, ueneficia — non beneficia, id est, non a bonis dicta, sed a uenenis — contentiones, inimicitiae, haereses, inuidiae, ebrietates, et his similia. Deiicienda sunt, non mutanda : quae praedico, inquit, uobis, sicut praedixi, quoniam qui talia agunt, regnum Dei non possidebunt (Gal. 5, 19-21). Ista in nobis tanquam idola frangenda sunt. In usus autem meliores uertenda ipsa corporis nostri membra, ut quae seruiebant immunditiae cupiditatis, seruiant gratiae caritatis.
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[13]
J’ai notamment développé ce point dans une autre étude : Didier Méhu, « Augustin, le sens et les sens. Réflexions sur le processus de spiritualisation du charnel dans l’Église médiévale », Revue historique, CCCXVII/2, 674 (2015), p. 271-302.
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[14]
Sermon 163, 3 : Operarii Dei sumus, adhuc aedificatur templum Dei. In capite suo iam dedicatum est, quoniam Dominus resurrexit a mortuis, deuicta morte, mortalitate consumpta ascendit in caelum, quia scriptus de illo erat psalmus dedicationis domus. Ideo post passionem dicit : Conuertisti luctum meum in gaudium mihi, conscidisti saccum meum et accinxisti me iucunditate, ut psallat tibi gloria mea et non compungar (Ps. 29, 12, 13). Facta est ergo illa post passionem dedicatio in resurrectione. Ergo et nostra modo fit aedificatio per fidem, ut fit et ipsa dedicatio per ultimam resurrectionem.
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[15]
Sermon 163, 7 : Vide laborantem in certamine : Et tu, Domine, usquequo ? Quid est usquequo ? “Quousque ubi probes quia Ego subuenio. Si enim cito subuenirem, luctam non sentires ; si luctam non sentires, tamquam de tuis uiribus superbires et per istam superbiam numquam ad uictoriam peruenires.” Dictum est quidem : Adhuc te loquente dicam : “Ecce adsum” (Is. 68, 9). Sed Deus et cum differt adest, et quod differt adest, et differendo adest, ne praeproperam cum implet uoluntatem, perfectam non impleat sanitatem.
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[16]
Recolite captiuitatem ubi antea fuerimus, quando totum mundum uelut massam infidelium diabolus possidebat (sermon 163, 3). Ecce quomodo domus aedificatur post captiuitatem (163, 5). Credamus, speremus, amemus : erit aliquando uictoria, in dedicatione domus quae modo aedificatur post captiuitatem (163, 7).
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[17]
Quelques réflexions complémentaires, fondées sur d’autres oeuvres d’Augustin, sont fournies dans l’article de Martin Klöckener, « Dedicare, dedicatio », dans Augustinus-Lexikon, vol. 2, Bâle, Schwabe & Co., 1996-2002, col. 255-258.
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[18]
Quelques expressions significatives : opposition vox pugnantium-vox triumphantium (163, 7) ; Videte in conflictatione certantem, nondum in securitate triumphantem (163, 8) ; Certamen indixit, laboranti subuenit, uictorem coronauit (163, 10).
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[19]
Sur la visio augustinienne : Goulven Madec, « Savoir c’est voir. Les trois sortes de “vues” selon Augustin », dans Id., Lectures augustiniennes, Paris, Institut d’études augustiniennes, 2001, p. 221-239 ; Eugene Vance, « Seeing God : Augustine, Sensation, and the Mind’s Eye », dans Stephen G. Nichols, Andreas Kablitz, Alison Calhoun, éd., Rethinking the Medieval Senses : Heritage, Fascinations, Frames, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 2008, p. 13-28. Sur la tradition latine de la visio dei d’Augustin au xiiie siècle : Christian Trottmann, La Vision béatifique, des disputes scolastiques à sa définition par Benoît XII, Rome, École française de Rome, 1995, p. 54-114 ; et plusieurs contributions de l’ouvrage La visione e lo sguardo nel Medio Evo/View and Vision in the Middle Ages, Florence, SISMEL/Edizioni del Galluzzo (coll. « Micrologus », V-VI), 1997-1998.
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[20]
Ambroise, Epistulae, livre X, lettre 77 [22], éd. Michaela Zelzer, Sancti Ambrosi Opera, pars X : Epistulae et acta, t. III : Epistularum liber decimus. Epistulae extra collectionem. Gesta concilii Aquileiensis, Vienne, Hoelder-Pichler-Tempsky (coll. « Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum », 82, 3), 1982, p. 126-140. Sur les sermons de dédicace d’église et plus globalement sur les discours sur le lieu de culte dans l’Antiquité tardive : Suitbert Benz, « Zur Geschichte der römischen Kirchweihe nach den Texten des 7. bis 9. Jahrhunderts », dans Hilarius Emonds, éd., Enkainia. Gesammelte Arbeiten zum 800 -jähringen Weihegedächtnis der Abteikirche Maria Laach am 24. August 1956, Düsseldorf, Patmos, 1956, p. 62-109 ; Geoffrey G. Willis, « The Consecration of Churches down to the Ninth Century », dans Id., Further Essays in Early Roman Liturgy, London, Society for Promoting Christian Knowledge, 1968, p. 133-173 ; Michael A. Fraser, The Feast of the Encaenia in the Fourth Century and in the Ancient Liturgical Sources of Jerusalem, thèse doctorale, University of Durham, 1995 ; Bernard Botte, Heinzgerd Brakmann, « Kirchweihe », dans Reallexikon für Antike und Christentum, Stuttgart, A. Hiersemann, 2004, vol. 20, col. 1139‐1169 ; Dominique Iogna-Prat, La Maison-Dieu, p. 58-82.
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[21]
Erich Auerbach, Figura. La loi juive et la promesse chrétienne, trad. de l’allemand par Diane Meur, Paris, Macula, 2003 (éd. orig. allemande sous le titre « Figura », Archivum Romanicum. Nuova rivista di filologia romanza, 22 [1938], p. 438-489).
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[22]
Il s’inscrit ainsi dans un mouvement caractéristique des iiie-ve siècles : Peter Brown, Le renoncement à la chair. Virginité, célibat et continence dans le christianisme primitif, trad. de l’anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat et Christian Jacob, Paris, Gallimard, 1995 (éd. orig. américaine The Body and Society. Men, Women and Sexual Renunciation in Early Christianity, New York, Columbia University Press, 1988). Plutôt que de « renoncement à la chair », selon l’expression choisie pour la traduction du livre de P. Brown, il s’agit plutôt d’une inversion de la logique dominante consistant à soumettre les stimulations de la chair à la volonté de l’esprit.
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[23]
Les lettres 31 et 32 de Paulin de Nole, adressées à Sulpice Sévère en 403, expriment clairement la nécessité de disposer des reliques pour consacrer les églises : Paulinus Nolanus, Epistulae, éd. Wilhelm von Hartel, complétée par Margit Kamptner, Vienne, Österreichischen Akademie der Wissenschaften (coll. « Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum », 29), 1999, Epist. 31, § 1, p. 267-268 ; Epist. 32, § 8, p. 283.
List of tables
chair-esprit |
caro-spiritus |
loi-grâce |
lex-gratia (ou ante gratiam-per gratiam) |
idoles-Christ |
simulacra, idola-Christus |
immobilité-mouvement |
figere-ambulare, deambulare |
étroitesse-largeur/largesse |
angustia-latitudo |
lettre-esprit |
littera-spiritus |
vieillesse-nouveauté |
vetustas-novitas |
combat-victoire |
certamen-victoria |
esclavage/emprisonnement-liberté |
captivitas-liberatio |