Abstracts
Résumé
Si la liste des huit mauvaises pensées des moines du désert (Évagre) devient vers la fin de l’Antiquité ou au début du Moyen Âge la liste des sept péchés capitaux (pape Grégoire le Grand), les Réformes déplacent le curseur concernant les péchés du pluriel vers le singulier : vers le péché. Les péchés capitaux, dont la paresse, pointent vers un état de rupture relationnelle avec Dieu ou d’aliénation, pour reprendre Paul Tillich dans sa Théologie systématique. Mais les bouleversements engendrés par la modernité n’ont-ils pas contribué à un oubli des péchés capitaux en faveur d’une réappropriation plus séculière de ces thèmes anthropologico-théologiques ? En effet, la « paresse » sous certains de ces accents ne pourrait-elle pas devenir, dans un siècle particulièrement marqué par la vitesse et l’instantanéité, un contrepoids pour garder un équilibre et éviter ainsi une déshumanisation, voire une zombification de notre humanité ?
Abstract
If the list of the “eight evil thoughts” of the monks of the desert (Evagrius) becomes towards the end of Antiquity or the beginning of the Middle Ages, the list of the seven deadly sins (Pope Gregory the Great), the Reformation moves the cursor concerning the sins from the plural to the singular — to sin. The capital sins, including laziness, point to a state of relational rupture with God or alienation as proposed by Paul Tillich in his Systematic Theology. But haven’t the upheavals engendered by modernity contributed to reduce the capital sins in favor of a more secular reappropriation of these anthropological-theological themes ? Indeed, could not “laziness” become under some such circumstances, in a century singularly marked by speed and immediacy, a counterweight to keep a balance and thus avoid dehumanization, even zombification of our humanity ?