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De toutes les vérités susceptibles de passionner la curiosité de l’homme, la plus importante est l’existence de Dieu. Elle est la base fondamentale de toutes les religions. Pour croire, il faut d’abord savoir que Dieu existe. Tous les hommes, en raison de leur nature intelligente, sont contraints de reconnaître dans les choses disposées avec ordre, l’effet d’une intelligence, et personne n’attribuerait au hasard ou à une évolution aveugle une oeuvre élaborée avec soin, par exemple un journal, une montre, une maison… Et plus un ordre est compliqué et parfait, plus grande doit être l’intelligence de son auteur. L’ordre mis en évidence par les sciences physiques suffit à prouver l’existence d’une intelligence supérieure. Les conciles de Trente et Vatican I ont exprimé clairement la possibilité pour l’être humain d’arriver, uniquement par sa raison, à conclure à l’existence de Dieu.
Après l’étude magistrale du Père Garrigou-Lagrange, Dieu, son existence, sa nature publiée au début du xxe siècle, voici que Frédéric Guillaud reprend le flambeau dans un ouvrage intitulé Dieu existe. Arguments philosophiques. Le professeur de philosophie de Versailles examine, dans la lignée de ses devanciers, la question de savoir s’il existe un être suprême, distinct du monde, et que certains appellent Dieu. La première partie de l’ouvrage vise à réfuter les objections les plus courantes s’opposant à la possibilité d’affirmer l’existence de Dieu. Par la suite, partant de la pure tradition philosophique, l’A. affirme que l’univers physique ne peut se suffire à lui-même et qu’il est impossible de conclure à son existence sans la reconnaissance d’une Cause première ou d’une Cause transcendante. Enfin, en se référant aux idées et aux aspirations de tous les membres de l’humanité, l’A. déduit qu’il est logique d’admettre l’existence d’un Être supérieur.
Voici, en résumé, les arguments philosophiques développés par le professeur. 1) Tout ce qui existe a sa raison d’être, en lui-même ou en dehors de lui-même. 2) Or, il est impossible de remonter indéfiniment d’explication en explication ; il y a nécessairement une explication première à tout ce qui existe, une cause à l’origine de tout ce qui existe. 3) Il existe donc un être qui a en lui-même sa raison d’être. 4) La matière fondamentale de l’univers n’a pas sa raison d’être en elle-même, parce que la matière présente des caractéristiques qui manifestent sa dépendance ; les physiciens ayant démontré que la matière a commencé d’exister ; la matière ne peut être à l’origine de l’existence de l’univers, parce qu’un être qui a un commencement ne possède pas en lui-même sa propre raison d’exister. Rappelons que cela impliquerait qu’avant de se créer elle-même, la matière n’existe pas. Mais nous avons vu qu’un être qui n’existe pas ne peut être la cause de l’existence de quoi que ce soit, même pas de lui-même. 5) La matière fondamentale de l’univers n’existe pas par elle-même, elle a besoin d’une explication, elle est un effet, certes, mais pas une cause. 6) D’où la conclusion : il existe un être distinct de la matière fondamentale de l’univers, qui est à lui-même sa propre raison d’être et qui est la cause de la matière fondamentale de l’univers. Les mystiques lui ont déjà donné le nom de « Ténèbres lumineuses ».