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Ce petit livre introduit le lecteur à la littérature sapientielle biblique : Proverbes, Job, Qohélet, Siracide et Sagesse de Salomon. Le premier chapitre situe ces livres dans le courant sapientiel biblique (par ex. Genèse 2-3, 37-50 ; 1 Rois 3-10 ; Daniel) alors que le deuxième offre une esquisse de la sagesse biblique en tant que comportement : savoir-faire, savoir diriger, savoir dire, un art de vivre. En raison du lien entre la sagesse et la crainte de Yahvé, Prévost est d’avis que la sagesse biblique, tout en étant profondément séculière, n’est certainement pas profane (p. 19). En pratique, la vie de sagesse est une vie d’écouter pour entendre, regarder pour voir, réfléchir pour comprendre et vivre et être heureux (ibid.). Suivent cinq chapitres consacrés aux livres bibliques de sagesse. Chaque chapitre propose au lecteur, en plus d’un survol succinct du contenu du livre, quelques brefs exercices de compréhension.
Le chapitre sur les Proverbes (p. 23-41) aborde entre autres les collections de proverbes dans le Proche-Orient ancien, la relation entre le livre entier et la Torah, d’un côté, et la relation entre les chapitres 22,17-24,22 et l’Enseignement d’Aménémopé, de l’autre côté, ainsi que la paternité du livre.
La discussion du livre de Job (p. 43-65) propose que la section 3,1-42,6 a été ajoutée au cadre (chapitres 1-2 et 42,7-17) après l’exil quand la théologie de la composition originelle n’avait plus d’attrait. D’ailleurs, le poème de Job 28 ainsi que le discours d’Élihu ont été ajoutés plus tard (Prévost suit ici les conclusions de J. Lévèque). La conclusion selon laquelle le grand mérite du livre serait de « nous contraindre à prendre au sérieux [la question du pourquoi de la souffrance] et à ne jamais nous satisfaire d’une réponse, si édifiante soit-elle » indique que Prévost n’est pas complètement satisfait de la théologie du livre.
Le chapitre sur Qohélet (p. 67-79) inclut, en plus d’un survol du livre, une discussion du mot clé hebel dans l’AT. Prévost distingue nettement la pensée de Qohélet dans 1,12 à 12,8 de celle de l’éditeur, qui est responsable pour 1,1-11 et 12,9-14. Prévost propose deux règles pour une lecture fructueuse du livre, les deux empruntées à Jacques Ellul : « […] le respect des contradictions et la prise en compte des enchaînements » (p. 69). Paradoxalement, il prête peu attention aux contrastes que voient plusieurs spécialistes entre la pensée de Qohélet et celle de son éditeur. Ce chapitre semble donc domestiquer le message de Qohélet (1,12-12,8).
Siracide est bien connu pour sa contribution à la théologie de la sagesse elle-même (surtout le chapitre 24), est Prévost l’explore en relation au Proverbe 8. Il remarque autant les similarités entre ces deux-là que les nouveautés chez Siracide (lien entre la sagesse et l’Esprit [majuscule], lien étroit entre la sagesse et l’Israël, etc., p. 91-92). L’attitude de Ben Sire à l’égard des femmes suscite une longue discussion (p. 93-95) et se situe « entre éloge et méfiance ».
Le dernier livre biblique traité, Sagesse de Salomon, est placé (comme Siracide) dans la diaspora hellénistique. Prévost l’aborde selon le plan d’un éloge, offrant une exégèse détaillée des six premiers chapitres du livre (p. 100-106) et un survol plus rapide du reste. Il y voit plusieurs « airs de Nouveau Testament », permettant (si le lecteur partage ses convictions et conclusions à cet égard) de passer aisément au dernier chapitre, intitulé « De Jésus le sage au Christ Sagesse ». Ici Prévost examine les péricopes pertinentes des évangiles (Lc 2,52 ; Mt 12,38-42, etc.), du livre de Jacques (p. 119), de Paul (1 Co 1,17-25 ; Col 1,15-20), de Jean (1,1-18) et de la lettre aux Hébreux (1,1-4).
Le livre s’achève avec un très bref résumé faisant la synthèse de son contenu. Malgré le penchant prononcé vers Jésus en tant que Sagesse à la fin du livre, Prévost n’offre que quelques pistes qui permettraient au lecteur (probablement croyant) de voir les liens entre les messages des cinq livres étudiés et cette facette de la christologie. Le livre offre ainsi une introduction adéquate à la sagesse biblique de l’AT, mais le lecteur doit chercher ailleurs pour une explication de sa contribution à une théologie de la sagesse qui intègre les deux testaments.