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Guillaume de Tanoüarn est docteur en philosophie de l’Université Jean Moulin de Lyon et il enseigne aussi la théologie. Parier avec Pascal est essentiellement un ouvrage de théologie dogmatique approfondissant les thèses religieuses contenues dans l’oeuvre du célèbre citoyen de Clermont-Ferrand.
Du Pari de Pascal, tout a été dit. Quant à Pascal lui-même, n’a-t-il pas livré le secret de son Pari dans cette sentence ? — je le cite — : « C’est une maladie naturelle à l’homme de croire qu’il possède la vérité directement ; et de là vient qu’il est toujours disposé à nier ce qui lui est incompréhensible » (Pensées, Éd. Didiot, 1896.djvu/321).
Dans l’oeil de l’A., ce Pari devient-il autre chose qu’une martingale philosophique ? Le savant a-t-il compris, bien avant nous, que l’univers spirituel chrétien plongeait toujours plus dans l’indifférence religieuse teintée d’athéisme ? Pascal est-il un prophète de la désaffection religieuse de la chrétienté occidentale ?
Des études sur Pascal, il n’en manque pas ! Ici, l’abbé Guillaume de Tanoüarn se sert du célèbre « Pari de Pascal » pour tenter de démontrer la portée de la religion chrétienne. Il veut résumer la démarche même de Blaise Pascal. Il la situe minutieusement dans son contexte historique et dogmatique. Dans cette recherche de la vérité théologique et philosophique, il montre clairement que c’est en intellectuel et scientifique doué que l’auteur du Pari a entrepris une recherche rigoureuse permettant de juger quelle religion est la bonne à suivre.
De Tanoüarn montre ici la portée proprement métaphysique du célèbre raisonnement. C’est que Pascal est un habitué des paradoxes philosophiques ! Que d’aphorismes et de considérations reposant sur les contradictions entre infini et néant, foi et raison, âme et matière, mort et vie, sens et vanité, faute et grâce parcourent l’oeuvre de Pascal ; surtout dans les ouvrages qu’il a écrits après l’accident de carrosse de l’automne de l’an 1654. Pascal s’est toujours fait champion de la dualité des causes.
De Tanoüarn cristallise davantage son étude du Pari autour de la réflexion pascalienne sur le péché originel, laquelle réflexion repose justement sur plusieurs couples d’opposés, tel ceux de la grâce et du péché, et aussi, de la foi et du doute. De Tanoüarn souligne d’abord comment le dogme chrétien est interprétable de différentes manières. Puis il s’attarde précisément à la vision pascalienne de cette formulation dogmatique traditionnelle, livrant ici une conclusion étonnante, à savoir que le péché originel est un dénouement pour le Pari.
Résultat d’un travail approfondi en vue d’apprendre et de comprendre le Pari de Pascal, l’ouvrage de l’A. va au-delà des considérations superficielles qu’on nous offre habituellement lorsqu’on analyse le très célèbre Pari (peut-être même doit-on dire le trop célèbre Pari ?).
Trop célèbre ! Parce qu’il est habituellement présenté comme le fruit d’une réflexion logico-mathématique visant à résoudre la question de l’existence ou non de Dieu. Le Pari formule simplement de façon différente la maxime augustinienne bien connue qui débute par ces mots : « Bien tard, je t’ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard, je t’ai aimée ! » (Conf. X, xxvii, 38).
Parce que l’ouvrage de l’A. est tout à la fois un examen du Pari lui-même et une exploration de la méthode qui y conduit, ce traité présente un niveau d’érudition qui intéressera autant les amateurs de débats théologiques que les lecteurs désireux d’approfondir les questions portant sur la condition humaine (entendons ici : les conceptions de l’être humain).