FR:
« Moi, la vérité je parle ». Par cette formule, Jacques Lacan avait désigné cette vérité qui, du lieu de l’inconscient, prend la parole alors même que le sujet ne cesse de la refouler pour ne rien en savoir. Dans un premier temps, cet article met en lumière le statut que Lacan accorde à la question de la vérité dans la théorie psychanalytique. Si la vérité parle, y compris et peut-être surtout sous son envers, elle est aussi marquée par une incomplétude structurelle qui lui donne paradoxalement sa puissance. Ce parcours permet alors, dans un second temps, de reprendre le problème de la vérité dans le christianisme et de la fonction du témoin. Ici, le motif pascal occupe une fonction centrale, car il désigne une vérité soustraite au savoir que le témoin a pour charge d’énoncer. Enfin, en dialogue avec le « Moi, la vérité je parle » de Lacan, on s’interroge sur le sens du « Je suis la vérité » que prononce le Christ selon l’Évangile de Jean.
EN:
“I, truth, speak”. Saying this, Jacques Lacan pointed to the truth which, from the seat of the Unconscious, is speaking, even though the subject keeps repressing it in order to know nothing of it. This article first highlights the status of the question of truth in psychoanalytic theory according to Lacan : if truth speaks, including and (maybe) especially as its own reverse, it is also stamped with a structural incompleteness which gives it, paradoxically, its potency. We then, in a second part, question anew the problem of truth in Christianity and the function of the witness. The paschal motif is here central, as it points to a truth removed from the knowledge which the witness is responsible for sharing. In a third movement, we shall question the meaning of “I am the truth” as uttered by Christ according to John’s Gospel, in dialogue with “I, truth, speak”.