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Le texte sur Les fins dernières est la retranscription d’une retraite prêchée par le cardinal Journet en 1961. Excellent pédagogue, grande sûreté théologique, rappel des vérités de foi fondamentales, clarté dans l’expression : voilà ce qui caractérise cet enseignement illuminé par la sagesse d’en-haut.
D’une part, la création des anges a été quelque chose de splendide pour ceux qui ont dit « oui » à Dieu. La création a été, pour ceux qui ont dit « non » à Dieu, quelque chose de catastrophique. Ce refus, tout comme cette acceptation, ayant été accomplis en parfaite lucidité, il ne pouvait y avoir de seconde chance. D’autre part, l’homme, créé corps et âme dans le Paradis terrestre, n’a sans doute pas été capable de juger parfaitement de la qualité de son refus. Une seconde chance lui a été donnée dans la promesse d’un Sauveur.
Dieu a pris le risque que son amour soit refusé par les hommes. Il ne l’abandonne pas dans son aventure humaine. Une deuxième aventure se déploie et ce sera l’univers de la rédemption, la descente, à la rencontre de l’homme tombé, d’une grâce qui, par anticipation, vient de la Croix du Christ.
Le Christ vient. Sa mission est de fonder son Royaume et de l’enraciner dans l’univers. L’Église naît. Elle marche entre les persécutions des hommes et les consolations de Dieu, selon les mots de saint Augustin. L’Église, faite du surplus de la grâce du Christ, aura à parcourir un itinéraire pareil à celui du Sauveur avant sa résurrection et son entrée dans le ciel. Et comme Jésus sur la croix était Roi, mais Roi crucifié, l’Église sera le Royaume, mais le Royaume crucifié. Elle est l’Épouse qui continue l’oeuvre du Sauveur.
L’Église, notre Mère, donne tout ce qu’il faut pour la compréhension du sens de notre destinée humaine. Elle l’affirme, tout particulièrement dans les textes liturgiques où elle parle de la vie qui, après la mort, n’est pas ôtée, mais, changée, transformée. L’Église doit et devra passer par la mort à la suite de Jésus. Elle ne désespère pas. Chaque être humain ne doit pas, non plus, désespérer. Il doit passer par la mort qui, loin d’être un chemin de désespoir, devient, dans la foi, une route illuminée par les splendeurs du Sauveur qui attend chacun dans la gloire éternelle.
Charles Journet ne craint pas d’aborder les grandes questions oubliées de notre temps : péché originel, jugement particulier, purgatoire, enfer, limbes, ciel. Qu’arrive-t-il après la mort dans la pensée précédant la révélation chrétienne ? L’âme humaine est-elle immortelle ? En quoi consiste le jugement particulier ? Le purgatoire existe-t-il et s’il existe, comment le comprendre ? Faut-il prier pour les défunts ? Autant de questions abordées avec sûreté, explications satisfaisantes.
La mort est la conséquence du péché originel. Ceux qui s’endorment ne le sont pas définitivement. Les morts ressusciteront. Ils reprendront vie, mais possédant une vie nouvelle, entrant dans la création définitive. Le corps à venir est un vrai corps. Un corps transfiguré, un corps spirituel, pneumatique. Alors, il y aura un jugement dernier. Il sera la conséquence de tous les actes, bons et mauvais. Enfin, chacun pourra comprendre les conduites de la Providence, les raisons de sa tolérance au mal qui nous scandalisait parce que notre foi n’était pas assez forte.
Il y aura donc, éternellement, une Église du Ciel. Une Église illuminée par l’intérieur. L’Église présente est crucifiée. Elle est le Royaume, mais un Royaume crucifié. Au ciel, elle sera le Royaume de la Charité. La Trinité tout entière habitera dans les bienheureux.
Charles Journet mentionne qu’il est difficile de se faire comprendre en parlant de ces réalités. C’est la raison pour laquelle les prédicateurs en parlent peu. Ces réalités ne sont pas faites pour le temps présent. Ici-bas, la créature voit son univers rempli d’images de heurts, de tristesse, d’agonies, de mort. De savoir qu’au ciel des bienheureux, il n’y aura plus de cela, nous suffit.
La description négative de l’Apocalypse le confirme. Celui qui était assis sur le trône dit : « Voici que je fais toutes choses nouvelles. »