Abstracts
Résumé
L’acte de kénose décrit dans le Carmen Christi (Ph 2,6-11) a été maintes fois et correctement présenté comme une attitude ou une disposition spirituelle assumée par Jésus Christ quand il a accepté de mourir plutôt que d’avoir recours à la violence. De ces exégètes qui ont récemment attiré l’attention sur le caractère politique du langage de l’hymne, au moins deux (Oakes en 2005 et Heen, en 2004) détectent dans sa formulation une critique implicite du pouvoir violent qui fondait et soutenait l’Empire romain. L’auteur du présent article s’inscrit sur cette même trajectoire : il propose une interprétation de Ph 2,6-11 comme l’expression de la théopolitique qui informait la vie commune des ekklēsiai qui déclaraient que Jésus était seigneur. Dans ce passage, l’Église naissante projette une utopie féconde qui prévoit pour le faible un monde formé à l’image de celui qui renonçait aux honneurs divins si convoités de l’élite romaine. Tout en reconnaissant les implications politiques (sociales et matérielles) du message symbolique véhiculé en Ph 2, l’auteur soutient que l’Église qui chantait cet hymne devait voir son destin non seulement dans un monde (terrestre) plus juste, mais ultimement dans un royaume céleste où le Christ régnerait comme un seigneur au service de tous.
Abstract
The act of kenosis described in the Carmen Christi (Ph. 2:6-11) has been repeatedly and correctly described as a spiritual attitude or disposition adopted by Jesus Christ who accepted death rather than resort to violence. Of the exegetes who have recently drawn attention to the political nature of the language used in this early Christian hymn, at least two — Heen (2004) and Oakes (2005) — understand the passage to contain an implicit critique of the violent exercise of power which founded and underpinned the Roman Empire. The article in hand supports this reading of the passage, proposing an interpretation of Ph. 2:6-11 as the expression of the (theo)political discourse which shaped the common life of the ekklēsiai which claimed Jesus as Lord. In this passage, the nascent Church projects a fecund utopia which promises a special place for the weak, a world made in the image of their Lord who renounced the divine honours so much sought after by the Roman elite. While recognizing the political implications of the message contained in the second chapter of the Letter to the Philippians, the author nevertheless maintains that the Church who sang this hymn would have understood its destiny to be found not only in a more just (earthly) world but ultimately in a heavenly kingdom in which the Christ would reign as a lord who serves all.