Abstracts
Résumé
Des philosophes et théologiens contemporains offrent une lecture originale de la kénose. S’éloignant à la fois de l’ontologie héritière de la philosophie antique et de la métaphysique de la conscience ayant marqué l’idéalisme allemand, des intellectuels proposent de lire les praxis séculières et ecclésiales selon une heuristique de la kénose. Plus précisément, penser à partir de la kénose rendrait possible l’identification d’une orthopraxie, c’est-à-dire d’un « agir droit ». La teneur de cet agir droit varie selon que l’on s’intéresse à la kénose comme explication destinale de la modernité (Vattimo), ou comme vecteur d’une érotique divine (Ward). Pourtant, identifier kénose et orthopraxie ne va pas de soi. En effet, il y a toutes les apparences d’une contradiction dès lors que l’heuristique kénotique débouche sur une positivité éthique et ce même si le discours éthique est marqué au coin de l’affaiblissement ontologique (Vattimo) et de l’opération et non de l’être (Ward). N’y a-t-il pas tout simplement opposition entre une pensée de l’évidement, d’un côté, et celle d’une positivité se traduisant dans des institutions ? Le creux, le manque qui marquent la kénose peuvent-ils être instaurés, être institués sans trahir l’idée-force de la kénose ? Ou, alors, y aurait-il une sorte de mutation de l’idée de kénose dans la pensée contemporaine ?
Abstract
Contemporary philosophers and theologians present an original interpretation of kenosis. Moving away from both classical ontology and the metaphysics of consciousness which marked German idealism, these scholars approach kenosis heuristically as they interpret secular and ecclesial practices. More precisely, their reflection on kenosis leads into an orthopraxis, i.e., into “right action.” The terms in which this right action is expressed vary depending on whether one understands kenosis as a destinal explanation for modernity (Vattimo) or as a vector for a divine erotics (Ward). Kenosis and orthopraxis, however, are not easily identified with one another. Indeed, when a kenotic heuristics leads into an ethical positivity, there is an apparent contradiction — and this is the case, even when the ethical discourse has been ontologically weakened (Vattimo) and characterized by operation and not being (Ward). Is there not simply a contradiction between the notion of emptying, on the one hand, and that of positivity expressed in institutions, on the other ? Can the emptiness and the lack which are the defining feature of kenosis be established, be institutionalized without betraying the key idea underlying kenosis ? Or has there been some sort of mutation in the idea of kenosis in contemporary thought ?