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La Règle de saint Benoît a évidemment fait l’objet de nombreux commentaires depuis sa rédaction. Ce livre se donne comme mission de mettre cette règle monacale à la portée de tous les chrétiens engagés dans le monde. Le présent ouvrage est la version revue et abrégée de la thèse de doctorat de l’auteur, intitulée La Règle de saint Benoît… source de vie pour les laïcs, et soutenue à l’Université Laval.
L’A. propose une réflexion en quatre temps : la première partie aborde le laïcat et la vie spirituelle. La seconde, la Règle de vie elle-même écrite par saint Benoît. La troisième partie traite des différentes façons de répondre à l’appel du Christ. Enfin, la quatrième et dernière partie s’intéresse à la façon, pour un chrétien qui s’inspire de la sainte Règle bénédictine, d’aller vers Dieu dans le contexte contemporain.
La vie intérieure centrée sur Dieu n’est pas facultative pour le laïc chrétien. Il doit être le témoin autant que l’instrument vivant de Dieu dans le monde. L’A., dans la première partie de l’ouvrage, présente les grandes lignes de la spiritualité bénédictine comme étant une voie d’accès à la sainteté pour toute personne vivant dans le siècle. Il est appelé à vivre la conversion et la perfection, la recherche du royaume au coeur de ses activités journalières. Pour rejoindre Dieu, saint Benoît a choisi la voie qui consiste à ne rien préférer à l’amour de Dieu. Universelle et intemporelle, cette voie qui reflète profondément l’Évangile, peut s’appliquer à tout baptisé, oeuvrant dans le monde séculier.
La deuxième partie de l’ouvrage traite de la règle bénédictine appliquée dans la vie courante. Bien qu’écrite au vie siècle pour des moines, elle contient, de façon plus ou moins explicite, tous les éléments propres à nourrir et stimuler le développement de la vie spirituelle d’un laïc. Saint Benoît exige de ses moines des actes concrets en réponse à l’appel du Seigneur. Cette invitation s’articule autour de la conversion ou d’une option radicale pour Dieu. Conscient des difficultés à venir, il annonce un certain nombre d’obstacles à vaincre : le mal, la présence du Malin, le péché, les vices et le dégoût face au travail et à la prière. Toutes les précautions et les mises en garde que saint Benoît propose ne sauraient tenir longtemps si elles n’étaient pas greffées sur un programme de vie théologale ardente et d’une vie morale exemplaire. La Règle devient alors un programme pour atteindre cette conversion.
Le moine et le laïc doivent répondre à l’appel du Christ. L’A. présente, dans la troisième partie du livre, les trois vertus à pratiquer pour satisfaire aux exigences de cet appel : l’humilité (12 degrés), l’obéissance et le silence. De plus, la Règle mentionne les principales vertus du chef de famille. L’abbé du monastère et le laïc dans le monde doivent agir en bon père de famille. Ils doivent pratiquer tout particulièrement la prudence et la justice.
La dernière partie du volume parle des « méditations bénédictines, ou les voies qui mènent à Dieu ». L’A. les classe en deux catégories : la première est liée à la méditation de la Sainte Écriture et à l’Office divin ; la deuxième, aux manifestations et aux charismes des personnes engagées dans leurs milieux. C’est ainsi que le moine et le laïc qui vit de la spiritualité bénédictine consacrent plusieurs heures ou moments dans l’horaire quotidien, soit à la prière commune et à la réception des sacrements, soit à une prière adaptée dans le milieu de travail.
La Règle de saint Benoît est un résumé de l’Évangile. Elle peut s’appliquer dans sa quasi-totalité à tous les laïcs qui cherchent vraiment Dieu. Le moine et le laïc doivent commencer par craindre Dieu avec amour tout en ne préférant absolument rien au Christ, s’ils veulent être conduits par Lui à la vie éternelle. Y a-t-il une certaine utopie dans la démarche proposée ? Quelque chose de réserver à une élite spirituelle ? Rien de tel. La Règle, c’est l’Évangile expliqué dans le quotidien de la vie du moine et du laïc. Ce petit livre, fort précieux et judicieusement écrit, le démontre fort bien.