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Vingt-six spécialistes de la Belgique francophone offrent aux chercheurs intéressés à l’histoire religieuse de la Belgique au xxe siècle une boussole sûre pour s’orienter dans l’univers complexe que représente le monde catholique dans les régions Wallonie-Bruxelles. En tout, 35 notices d’une quinzaine de pages chacune, toutes structurées (sauf exceptions : Thion, Henrivaux) de la même manière : les faits, les problèmes et les sources. La première partie (9 rubriques) s’intéresse à la vie religieuse et recouvre aussi bien la pensée théologique, les cadres institutionnels (où on ne fait pas de place à l’école catholique, aux patronages, aux hôpitaux, etc.) que l’activité pastorale ou les pratiques religieuses (catéchèse, liturgie, religion populaire), les mouvements spirituels ou les formes de spiritualité. Rien cependant, dans cette partie sur la mystique — serait-elle alors éteinte en Belgique — ou (sinon que de manière fragmentaire ou dispersée) sur la spiritualité des laïcs en émergence dans les mouvements de jeunesse et les mouvements familiaux ou d’action catholique. Rien non plus sur le mouvement marial qui marqua le siècle de son empreinte et auquel le cardinal Suenens a donné son aval, rien non plus sur le renouveau charismatique également soutenu par l’archevêque de Malines. En fait, ce sera dans la partie consacrée aux problèmes de société que l’on retrouvera les mouvements de jeunesse et d’Action catholique et l’Apostolat des laïcs. Pourtant, il n’en va pas simplement d’une action sociale dans ces confréries et mouvements, mais une spiritualité — sinon une mystique — est engagée dans ces mouvements qui ont marqué le siècle et si fortement en Belgique.
La deuxième partie, beaucoup plus brève (3 rubriques), traite des catholiques dans la vie politique et, surtout, du parti catholique auquel une rubrique entière est consacrée.
La troisième partie (5 rubriques), sans doute la moins homogène, est consacrée aux problèmes de société. C’est dans ce cadre que Fr. Rosart et T. Scaillet réservent une longue notice aux mouvements d’Action catholique et de jeunesse et à l’Apostolat des laïcs qu’on n’avait pas réussi, plus haut, à situer adéquatement dans la rubrique portant sur les cadres institutionnels (dont l’approche demeure trop territoriale, approche de laquelle le xxe siècle arrive à se distancer), ni dans celle sur la vie religieuse. Les mouvements familiaux, mentionnés au passage, ne reçoivent probablement pas le traitement qu’il aurait fallu leur accorder.
La quatrième partie (12 rubriques) s’intéresse à la vie culturelle : enseignement, mouvement des intellectuels catholiques, la presse écrite et, plus largement, l’action des catholiques dans l’univers médiatique (radio, télévision, cinéma), le théâtre, les maisons d’édition et la littérature catholique. Belgique oblige, une rubrique est consacrée à la bande dessinée. On trouve ici quelques doublets avec la première section (on revient à la théologie, l’oecuménisme, le renouveau liturgique, le chant liturgique, etc.), ce qui n’est pas sans mettre en relief la difficulté de la systématique d’ensemble de l’ouvrage. En effet, comment traiter d’un catholicisme intégral en divisant l’expérience en différents domaines ? En fait, il n’y a pas, dans cette conception de la vie chrétienne, un domaine que l’on pourrait appeler la « vie religieuse » et des domaines autonomes qui seraient le social, les loisirs ou la presse. Tout cela ne forme qu’un ensemble imprégné de religieux avec pour référence constante le Moyen Âge.
Deux brèves parties (3 rubriques chacune) s’intéressent d’une part à la guerre et la paix et, d’autre part, à l’Outre-Mer : missions et coopération. On est intrigué de voir que, après 1960, aucune réflexion n’est consacrée à la mission. Est-ce à dire qu’un pays missionnaire comme l’a été la Belgique renonce à la mission après la décolonisation, la coopération prenant le relais de l’activité missionnaire ? Certes, la mission entre en crise, mais les objectifs de la mission sont si différents de ceux poursuivis par la coopération que les deux mériteraient d’être prises en compte et adéquatement traitées.
Au-delà des problèmes de systématique relevés plus haut et du fait que les 30 dernières années du siècle sont un peu plus négligées, on ne peut être qu’élogieux devant ce travail de grande envergure et combien utile. L’ensemble, qui représente une mine du point de vue bibliographique, est complété d’une table des noms de personnes et d’une table des noms d’association et de mouvements. On a été aussi heureux de constater l’importante contribution de deux jeunes historiens à cet ouvrage (Thierry Scaillet et Baudouin Groessens). Avec une telle relève, l’histoire religieuse a de belles années devant elle en Belgique francophone.