Le 3 avril 2003, dans le cadre des célébrations marquant le 150e anniversaire de l’obtention de sa charte royale, l’Université Laval décernait un doctorat honoris causa à Monsieur le cardinal Walter Kasper, théologien, évêque et président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Né à Heidenheim, en Allemagne, en 1933, il est ordonné prêtre en 1957, après des études de philosophie et de théologie à Tübingen et à Munich. Par la suite, il obtient un doctorat en théologie avec une thèse sur « la doctrine de la Tradition selon l’École romaine » et, alors qu’il est assistant du professeur Hans Küng à Tübingen, il soutient en 1964 sa thèse d’habilitation sur Philosophie et théologie de l’histoire dans la philosophie du dernier Schelling, travail qui fera date dans les études schellingiennes. Le théologien Walter Kasper joue un rôle éminent dans le monde universitaire, d’abord comme professeur à la Faculté de théologie de Münster dont il sera le doyen en 1969-1970 avant de revenir à Tübingen comme doyen (1970‑1971), où il déploiera ensuite la plus grande partie de son activité universitaire, à titre de professeur, jusqu’en 1989. Au cours de cette période, il a été président de la conférence des théologiens allemands et son rayonnement s’étend au-delà des frontières de l’Allemagne en raison de ses nombreuses publications traduites en anglais, en français, en italien et en espagnol et de ses activités d’enseignement dans des universités étrangères. Amorcée dans le sillage du concile Vatican II, l’oeuvre théologique du professeur Kasper reflète bien les débats qui ont cours dans l’Église catholique depuis le concile. Tour à tour au comité de rédaction des deux grandes revues qui ont alimenté ce débat — Concilium (1970‑1977) et Communio (à partir de 1983) —, le professeur Kasper a tenté de concilier la liberté du théologien et la référence au magistère, les questions et les requêtes de nos contemporains et la fidélité à la tradition. Outre le rayonnement de sa carrière universitaire, il faut souligner la contribution remarquable du cardinal Kasper à la rencontre des cultures grâce à l’oecuménisme. Sa contribution à l’oecuménisme remonte déjà à cette période où il était professeur à Tübingen. En 1979, il a fait partie de la douzaine de théologiens catholiques de la Commission de Foi et Constitution, qui représente sans doute le forum théologique le plus oecuménique qui soit au monde. Il est par la suite nommé consulteur au Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, avant d’être nommé évêque de Rottenburg-Stuttgart en 1989. C’est à ce titre qu’il coprésidera, à partir de 1994, la commission catholique-romaine / évangélique-luthérienne du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens. De ce fait, il a été un des nombreux artisans de l’accord historique sur la justification entre luthériens et catholiques en 1999. Cet accord — qui permet à ces deux confessions chrétiennes de parvenir à une position commune sur les questions qui ont divisé l’Europe au moment de la Réforme — est considéré par les observateurs comme un moment important dans l’actuelle construction de l’Europe. Aujourd’hui, en tant que président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, il est le premier responsable, à l’échelle mondiale, du dialogue entre les diverses confessions chrétiennes ainsi qu’entre les catholiques et les juifs. Le cardinal Kasper inclut dans ses priorités actuelles le dialogue entre l’Église catholique et la communauté anglicane, ce qu’il considère comme un enjeu primordial pour les Églises chrétiennes au Canada. Plus encore, à titre de consulteur de la Congrégation pour les Églises orientales, il est aujourd’hui au coeur des entretiens entre l’Orient et l’Occident. Outre les dimensions théologiques …
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Gilles Routhier
Faculté de théologie et de sciences religieuses
Université Laval, Québec