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Les Éditions du Cerf ont eu la bonne idée de lancer une nouvelle collection consacrée à la présentation de théologiens. On sait peu de chose de cette série de volumes, l’éditeur n’ayant pas cru utile de décrire la collection, ni même d’en indiquer le directeur. Nous savons seulement que les deux premiers titres, parus simultanément, sont consacrés à des théologiens contemporains d’envergure : Henri de Lubac et Karl Rahner. La lourde et difficile tâche de présenter Rahner revient à Bernard Sesboüé, lui-même une figure de proue de la théologie catholique contemporaine. Grand connaisseur de l’oeuvre du théologien allemand, Sesboüé est en outre en mesure d’agrémenter les synthèses théoriques de petites anecdotes qui viennent de ses contacts personnels avec Rahner.

L’ouvrage comporte cinq parties. Dans un premier temps, Sesboüé s’attache à retracer l’itinéraire biographique de Rahner : après une brève évocation du milieu familial et de l’enfance du théologien, on nous présente les grandes étapes de son parcours intellectuel, liées principalement à la publication de ses livres ; l’influence de Rahner au concile de Vatican II et sa relation avec Balthasar sont également traitées. Dans un second temps, l’auteur cherche à dégager les principaux éléments de « l’inspiration spirituelle » de l’oeuvre rahnérienne, par un examen de son enracinement ignatien ; Sesboüé s’appuie largement sur une étude de Martin Maier parue au début des années quatre-vingt-dix. Dans un troisième temps, le lecteur est initié à la « géographie » de l’oeuvre de Rahner, divisée ici en cinq vastes champs : la théologie spirituelle et pastorale, les études patristiques, la philosophie transcendantale, la théologie dogmatique et enfin la théologie de l’Église et des sacrements. Dans un quatrième temps, Sesboüé propose une lecture d’ensemble (en deux chapitres très denses) de l’oeuvre majeure de Rahner, Le Traité fondamental de la foi (1976) ; sans proposer d’éléments susceptibles de renouveler la lecture de ce grand livre, l’auteur fournit des clefs de lecture pouvant être d’une grande utilité pour le lecteur non-initié qui voudrait approcher le texte rahnérien avec quelques points de repère préalables. Enfin, dans un cinquième temps, Sesboüé dresse un bilan de la réception de l’oeuvre de Rahner, autant en France qu’en Allemagne et aux États-Unis ; le débat avec Balthasar est de nouveau évoqué, ainsi que les « difficultés romaines » auxquelles le théologien allemand a été confronté.

L’ouvrage de Sesboüé vient combler un vide, puisqu’on ne disposait pas d’une présentation d’ensemble récente, en français du moins, de la vie et de l’oeuvre de Karl Rahner. Plutôt que d’avoir à se référer aux articles de dictionnaires de théologie ou encore aux histoires de la théologie contemporaine, il sera maintenant possible aux étudiants — ou à ceux qui voudraient s’initier à la pensée de Rahner — d’avoir accès à un guide sûr et intéressant. Par ailleurs, comme ce livre devrait remplir une fonction essentiellement introductive, il aurait été de mise de fournir de meilleurs outils bibliographiques au lecteur : pour les oeuvres de Rahner, on est simplement renvoyé aux Sämtliche Werke et aux indications disséminées dans les notes de bas de pages ; quant aux « publications françaises récentes concernant K. Rahner », le lecteur sera étonné de ne retrouver que cinq titres, incluant un ouvrage de 1965 et le chapitre d’un livre de 1971 !