Pendant la préparation du numéro 65, il est apparu rapidement que l’on connaissait très peu l’action des fondations privées, que les chercheurs n’étaient pas encore très nombreux à les étudier et qu’on avait tout à gagner à s’informer sur leur fonctionnement, leurs objectifs et leurs réalisations en faisant appel à des personnes qui les côtoyaient de près. Trois universitaires qui ont eu l’occasion de s’associer à trois fondations importantes au Québec, Centraide, la Fondation One Drop et la Fondation Lucie et André Chagnon, ont accepté de participer à une discussion collective et à répondre à nos questions. La table ronde a eu lieu le 14 mai 2010. Elle était présidée par Sylvain Lefèvre, assisté de Johanne Charbonneau. La présente synthèse a été réalisée par Johanne Charbonneau à partir d’un enregistrement de la discussion. Nous avons choisi de garder le format de la discussion, très dynamique, en le synthétisant toutefois. Nous avons aussi remplacé les questions par les thèmes des discussions. Ont participé à cette table ronde : Les participants à cette table s’expriment ici comme chercheurs et non comme les représentants des fondations auxquelles ils s’intéressent. Les organismes qui redistribuent de l’argent finissent par être des lieux qui ont un niveau d’information que personne n’a, même pas le gouvernement, à cette échelle-là, parce que c’est une information très fine, liée au territoire local et à l’intersectorialité. Cela veut dire qu’ils distribuent de l’argent, mais aussi en même temps de la connaissance, du réseautage, de la formation. Ainsi, quand Centraide décide de distribuer de l’argent à un organisme, c’est presque sans fin, à moins que le problème de départ ait été définitivement réglé ou encore que l’environnement ait complètement changé. Quand l’évaluation révèle que l’organisme a des faiblesses, on l’avertit une première fois, on lui donne des moyens une deuxième fois, encore trois ans, c’est juste au bout de six ans que, s’il n’y a pas eu d’amélioration notable, on le coupe, on commence par le couper progressivement pour qu’il puisse continuer. Il s’agit donc d’un financement patient et intelligent. Alors je dirais, c’est un modèle qu’on ne retrouve pas aux États-Unis, ni même en Europe. Comme au CA il y a au moins deux ou trois universitaires et quelques-uns également dans des comités comme bénévoles, il est assez facile d’identifier les ressources pertinentes pour les besoins d’expertise et de recherche. Ainsi, on retrouve des contributions bénévoles, y compris pour des petits contrats dont les sommes servent le plus souvent à payer des étudiants engagés dans la recherche. Tout cela suppose un minimum de connivence avec les valeurs et la mission de Centraide.