Abstracts
RÉSUMÉ
Les débats relatifs à l'adoption des législations protectrices de l'enfance qui se déroulent en Belgique entre 1888 et 1914 illustrent parfaitement le clivage entre deux conceptions de la famille et de l'enfant : enfant « privé », objet et propriété du père de famille pour les conservateurs attachés aux principes de la famille bourgeoise hérités des codes napoléoniens, enfant « public » dont l'État doit assurer la protection lorsque la famille est défaillante selon les progressistes. Soucieux de satisfaire les besoins d'une société industrialisée, ces derniers sont partisans d'une politique de « défense sociale » qui fait de l'éducation de l'enfant et de la prévention de la criminalité juvénile les enjeux et les garants du maintien de la cohésion sociale. Le modèle consacré par ces nouvelles lois ne s'écarte pas fondamentalement du modèle traditionnel de la famille bourgeoise, centré sur la personne du père, lequel conserve toute son autorité. Là où la déchéance de la puissance paternelle s'impose, un juge «paternel et bienveillant» le remplace. La justice vient au secours de la famille pour la conforter et la renforcer.
ABSTRACT
Debates about child protection in Belgium at the turn of the last century are excellent examples of two diametrically opposed views of children. In one, the child is a private good that belongs to the father. This is the conservative vision, based on principles of the bourgeois family inherited from the Napoleonic Code. Another version treats children as a "public" good, in need of state protection when parents are negligent. This is the progressive view. Concerned about addressing the needs of an industrialised society, proponents of the second view promoted policies of "social defence" that treated child-rearing and prevention of juvenile delinquency as issues relating to the maintenance of social cohesion. New legislation did not completely eliminate the traditional model of the bourgeois family, centred around the father, however. It remained in place. Indeed, when it was necessary to take away the father's power, a "paternal and kindly" judge replaced him. The law came to the aid of the family, in order to support and reinforce it
RESUMEN
Los debates relativos a la adoption de leyes de protection de la enfancia que se llevan a cabo en Bélgica entre 1888 y 1914 ilustran perfectamente la division entre dos conceptiones de familia y de infancia : el nifio « privado », como objeto y propiedad del padre de familia, por los conservadores que se adhieren a los principios de la familia burguesa heredados de los codigos napoleônicos, y el nifio « publico » cuya protection debe ser asegurada por el Estado en caso de que la familia no lo haga, segun los progresistas. Atentos en cuanto a la satisfaction de las necesidades de una sociedad industrializada, estos dltimos son partidarios de una polftica de « defensa social » que hace de la education del nifio y de la prevention del crimen juvenil los conflictos y las garanti as de la conservation de la cohesion social. El modelo consagrado por estas nuevas leyes no se sépara fundamentalmente del modelo traditional de la familia burguesa, centrada en la personalidad del padre, quien conserva toda la autoridad. Donde el fracaso del poder paternal se impone, un juez « paternal y benevolente » lo reemplaza. La justicia viene al auxilio de la familia para reconfortarla y reforzarla.
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