Journal of the Canadian Historical Association
Revue de la Société historique du Canada
Volume 28, Number 1, 2017
Table of contents (9 articles)
-
Presidential Address. Confronting Our Colonial Past: Reassessing Political Alliances over Canada’s Twentieth Century
Joan Sangster
pp. 1–43
AbstractEN:
This article examines examples of settler-initiated political alliances with Indigenous peoples in Canada over the twentieth century, placing them in their social and historical context, and assessing their insights as well as ideological and material limitations. I explore four very different examples, ranging from protests over the dispossession of land to attempts to preserve Indigenous cultures to the post-World War II organization of the Indian Eskimo Association and youth Indigenous projects associated with the Company of Young Canadians. Past settler efforts to create alliances or speak on behalf of Indigenous peoples incorporated multiple intentions and political ideas; they included both efforts at advocacy and partnership and paternal replications of colonial thinking. Assessing their complex histories is an important part of our efforts to grapple critically with Canada’s history of colonialism.
-
Discours de la présidente. Confronter notre passé colonial : une réévaluation des alliances politiques au Canada à travers le XXe siècle
Joan Sangster
pp. 45–93
AbstractFR:
Cet article examine des exemples d’alliances politiques initiées par les colons avec les Premières nations du Canada au cours du XXe siècle, en les replaçant dans leurs contextes sociaux et historiques, et en évaluant leurs conceptions ainsi que leurs limites idéologiques et matérielles. Je considère quatre exemples très différents, allant des protestations contre la mainmise sur les terres et des tentatives de préserver les cultures autochtones, jusqu’à l’Indian Eskimo Association de l’après-Seconde Guerre mondiale et les projets des Jeunes Autochtones associés à la Compagnie des jeunes Canadiens. Par le passé, les efforts des colons de nouer des alliances ou de parler au nom des Peuples autochtones recouvraient de multiples intentions et idées politiques, incluant autant des efforts de plaidoyer et de partenariat qu’une reproduction paternaliste de la pensée colonialiste. L’évaluation de ces histoires complexes représente une partie importante de nos tentatives de nous confronter de manière critique à l’histoire du colonialisme au Canada.
-
Whiteness and Ambiguous Canadianization: The Boy Scouts Association and the Canadian Cadet Organization
Kevin Woodger
pp. 95–126
AbstractEN:
Between the 1920s and late 1960s, the Boy Scouts Association of Canada and the Canadian Cadet Movement proved to be ambiguous institutions for the Canadianization of certain ethnic minorities. While nationally, as agents of Anglo-conformity and settler colonialism, these movements remained rooted in a British Canadian identity, at the local level they gradually became more accommodating of particular white ethnic identities. However, this did not extend to non-white cadets and scouts, especially Aboriginal boys, who were targets for assimilation into the larger Anglo-Canadian mainstream. As such, this is in part a study of Anglo-Canadian whiteness and the ways in which shifting definitions of whiteness and national identity can be viewed through the local accommodations made by two Anglo-Canadian youth movements Aboriginal youth were subject to assimilationist programs within cadet and scout units, but, at the local level, both national movements provided greater cultural accommodation to white ethnic and religious minorities, primarily through the intervention of ethnic and religious institutions that sponsored their own Cadet or Scout units. This began during the interwar years with two of the largest white linguistic and religious minority groups, French Canadian Catholics and Jewish-Canadians, spreading to white ethnic Eastern Europeans during the postwar period.
FR:
Entre les années 1920 et la fin des années 1960, l’Association des Boy Scouts du Canada et le Mouvement canadien des Cadets ont fait la preuve de leur ambiguïté en tant qu’institutions vouées à la canadianisation de certaines minorités ethniques. Tandis que, au niveau national, en tant qu’agents du conformisme anglo-saxon et du colonialisme, ces mouvements restaient enracinés dans une identité britto-canadienne, au niveau local ils se sont montrés progressivement plus accommodants avec certaines identités ethniques blanches ; mais pas avec les cadets et les scouts non blancs, en particulier les garçons autochtones, que l’on voulait voir s’assimiler au courant majoritaire anglo-canadien. Pour cette raison, il s’agit ici en partie d’une étude de la « blancheur » anglo-canadienne et de la façon dont les définitions mouvantes de la blancheur et de l’identité nationale peuvent se laisser voir à travers les temporisations faites au niveau local par deux mouvements de jeunesse anglo-canadiens. Les jeunes Autochtones étaient ciblés par des programmes d’assimilation au sein des unités de cadets et de scouts, mais, au niveau local, ces deux mouvements nationaux procuraient davantage d’accommodements culturels aux minorités ethniques et religieuses blanches, surtout grâce à l’intervention d’institutions ethniques et religieuses qui parrainaient leurs propres unités de cadets ou de scouts. Cela avait commencé dans l’entre-deux-guerres avec deux des plus importants groupes minoritaires linguistiques et religieux, les catholiques canadiens français et les juifs canadiens, avant de s’étendre au groupe ethnique blanc des Européens de l’Est durant l’après-guerre.
-
“Milk is Milk”: Marketing Milk in Ontario and the Origins of Supply Management
Jodey Nurse-Gupta
pp. 127–156
AbstractEN:
Neoliberal policies dominate the discourse on international agricultural trade. Canada’s system of supply management in dairy, eggs, and poultry, however, remains intact despite being a polarizing topic both nationally and abroad. To better understand the ideological rift that exists between those who support and oppose the system, this article examines the creation of the Ontario Milk Marketing Board (OMMB) in 1965, which introduced fairer producer pricing and production discipline through the establishment of milk pools. Before the OMMB was created, chronic oversupplies of milk resulted in devastatingly low milk prices paid to farmers, which caused significant distress in the dairy community. This article examines the divisions between industry stakeholders during the implementation of the milk marketing board in order to better understand why some saw the board’s plans as rational and fair, while others believed OMMB policies infringed on their freedom and retarded the rationalization of the Ontario dairy industry.
FR:
Dans le domaine du commerce international des denrées agricoles, le discours sur les politiques néolibérales est prédominant. Le système canadien de gestion de l’approvisionnement en produits laitiers, oeufs et volaille reste cependant intact bien qu’il s’agisse d’un sujet polarisant, à la fois au niveau national et à l’étranger. Pour mieux comprendre le fossé idéologique qui s’est creusé entre les partisans du système et ceux qui s’y opposent, cet article revient sur la création, en 1965, de l’Office de commercialisation du lait de l’Ontario (Ontario Milk Marketing Board, OMMB), qui a permis de rémunérer plus équitablement les producteurs et de discipliner la production grâce à la création de coopératives laitières. Avant la création de l’OMMB, la surproduction chronique de lait était dévastatrice pour les fermiers qui recevaient un prix dérisoire pour leur production, ce qui a causé une vive détresse dans la communauté laitière. Cet article examine les divisions entre les diverses parties prenantes de l’industrie laitière au cours de l’instauration de l’office de commercialisation du lait afin de mieux comprendre pourquoi certains considéraient que les projets de cet organisme étaient rationnels et équitables, tandis que d’autres croyaient que les politiques de l’OMMB empiétaient sur leurs libertés et retardaient l’organisation rationnelle de l’industrie laitière de l’Ontario.
-
Débats politiques et prise de parole citoyenne : la création de la Société nationale de l’amiante
Stéphane Savard
pp. 157–191
AbstractFR:
Le débat entourant la création de la Société nationale de l’amiante (SNA) en 1978, dernière intervention d’envergure dans le secteur des richesses naturelles à l’époque de la Révolution tranquille, s’inscrit dans un contexte particulier. Pourtant favorable au principe de démocratie participative qui transcende les grands processus d’audiences publiques mis sur pied depuis son élection, le gouvernement Lévesque se montre réticent à faire de même pour sa toute nouvelle politique de l’amiante, dont le projet de loi 70 mettant sur pied la SNA représente la principale pièce maîtresse. Pourquoi? L’objectif de cet article est d’analyser les débats politiques entourant le projet de création de la SNA et d’étudier la prise de parole citoyenne qui s’exprime lors du processus balisé d’audiences publiques en commission parlementaire. Si l’article montre une profonde division entre les responsables politiques du gouvernement Lévesque et ceux des partis d’Opposition, ces derniers employant même la tactique parlementaire de filibuster afin d’exprimer leur malaise devant le projet de nationalisation partielle de l’amiante, il souligne toutefois un relatif consensus auprès des groupes et organismes régionaux qui interviennent sur invitation à la Commission afin de donner leur appui partiel ou quasi-total au projet de loi. Ce faisant, l’article analyse le rôle joué par la prise de parole citoyenne dans le débat parlementaire sur la nationalisation de l’amiante, expliquant ainsi à quel point il a servi le gouvernement Lévesque dans son processus de prise de décision étatique.
EN:
The debate surrounding the creation of the Société nationale de l’amiante (SNA) in 1978, the last major intervention in the natural resources sector at the time of the Quiet Revolution, took place in a particular context. While the Lévesque government was supportive of the principle of participatory democracy that transcended the large public hearings processes that had been in place since his election, it was reluctant to do the same for its all-new asbestos policy, which was the key component of Bill 70 that established the SNA. Why? The purpose of this article is to analyze the political debates surrounding the project to create the SNA and to study the opinion expressed by citizens during the process that was defined by public hearings before a parliamentary committee. If the article shows a deep division between the political leaders of the Lévesque government and those from the opposition parties, the latter even using the parliamentary tactic of filibuster to express their discomfort with the project of the partial nationalization of asbestos, it stresses, however, a relative consensus among the regional groups and bodies that intervened at the invitation of the Commission to give their limited or virtually unlimited support for the bill. In doing so, the article investigates the role played by citizens during the parliamentary debate on the nationalization of asbestos to explain how much it helped the Lévesque government in its state decision-making process.
-
“A Deplorable Speech”: The Liberal Party vs. Anti-Catholicism during the Alexander Mackenzie Administration, 1873–1878
James Forbes
pp. 193–216
AbstractEN:
After decades of raising the “no popery” cry and fighting for the strict separation of church and state, Canada’s Liberal Party leaders began in the 1870s to distance themselves from their previous reputation for anti-Catholicism and from their hardline approach to church-state policy. This article examines the Alexander Mackenzie administration’s response to the Argenteuil Speech of 1875, in which Liberal cabinet minister Lucius Huntington called for all Protestants to unite with liberal Catholics to challenge the Roman Catholic Church’s rising political influence in Canada. Although several prominent Protestants applauded the speech, and Prime Minister Mackenzie himself privately admitted his agreement, the administration publicly condemned the speech as anti-Catholic and effectively crushed Huntington’s vision for the party. By forcing the party leaders to choose between their historic principles and their broader electoral appeal, Huntington’s “deplorable speech” facilitated a turning point in the Liberal Party’s approach to religious matters.
FR:
Après s’être élevés avec virulence durant des décennies contre « le papisme » et avoir lutté pour la stricte séparation de l’Église et de l’État, les dirigeants du Parti libéral du Canada commencèrent, durant les années 1870, à se distancier de leur réputation anticatholique et de leurs conceptions arrêtées en ce qui concernait la politique Église-État. Cet article examine la réponse de l’administration d’Alexander Mackenzie au Discours d’Argenteuil de 1875, dans lequel le ministre du cabinet libéral Lucius Huntington appelait tous les protestants à s’unir aux catholiques libéraux pour contrer l’influence politique grandissante de l’Église catholique romaine au Canada. Bien que plusieurs protestants éminents eussent applaudi ce discours, et que le Premier ministre Mackenzie lui-même admît cet accord en privé, l’administration condamna publiquement ce discours pour être anticatholique et vint efficacement à bout de cette vision qu’avait Huntington pour le Parti. Mais, en contraignant les dirigeants du Parti à choisir entre leurs principes historiques et leur électorat le plus large, le « discours déplorable » d’Huntington fut l’occasion d’un tournant dans l’approche des questions religieuses par le Parti libéral.
-
Kanata/Canada: Re-storying Canada 150 at the Canadian Museum for Human Rights
Karine R. Duhamel
pp. 217–247
AbstractEN:
“Kanata/Canada: Re-storying ‘Canada 150’ at the Canadian Museum for Human Rights” seeks to contextualize the changing role of museums and of heritage institutions within contemporary discussions about the urgent need for public education on Indigenous histories and contemporary realities. The author of this article argues that museums can become truly decolonizing spaces if they are willing to re-examine their own purpose and mandate. Through an examination of the CMHR’s own exhibition development for 2017, she maintains that undertaking grounded, reparative reconciliation that is meaningful to communities in a museum context means going beyond acknowledgement and recognition to re-storying the very foundations of Canadian nation-building, and of projects like Confederation that remain, necessarily, unfinished.
FR:
« Kanata/Canada : re-raconter “Canada 150” au Musée canadien pour les droits de la personne » cherche à contextualiser le rôle changeant des musées et des institutions patrimoniales au sein des discussions contemporaines sur la nécessité urgente d’une éducation du public aux histoires autochtones et aux réalités contemporaines. L’auteure de cet article soutient que les musées peuvent véritablement devenir des espaces de décolonisation s’ils ont la volonté de réexaminer leurs propres finalités et leurs mandats. En examinant les programmes du Musée canadien pour les droits de la personne pour 2017, elle maintient que le fait d’entreprendre une réconciliation réparatrice, aux fondements solides, et qui ait du sens pour les communautés dans un contexte muséal, signifie dépasser le simple fait d’admettre et de reconnaître, pour re-raconter les fondations mêmes de la construction de la nation canadienne et de projets tels que la Confédération qui restent, nécessairement, inachevés.
-
Weaving the Imperial Breadbasket: Nationalism, Empire and the Triumph of Canadian Wheat, 1890-1940
Nicholas Tošaj
pp. 249–275
AbstractEN:
Canadian wheat has occupied a prominent place in the global market since the late 19th century. Ideal for bread-baking, the high-protein wheat grown on the Canadian prairies was a highly valued export. The efforts undertaken to adapt wheat to Canadian agriculture, and the subsequent success of Canada’s wheat export market, contributed to building Canadian nationhood both at home and abroad. The prominence of Canadian wheat is a testament to the success of imperial agricultural developments and the connections woven by empires. Britain’s creation of an agricultural hinterland within Canada through the expansion of its empire’s food supply defined how a new nation emerged through an old-world dependency on wheat. The wheat produced by Canadian farmers flowed into both the British and French empires, filling crucial roles throughout each of these imperial structures. Divergent reactions to these imports speak to wheat’s importance both as a staple foodstuff and a bearer of cultural significance.
FR:
Le blé canadien a occupé une place éminente dans le marché mondial depuis la fin du XIXe siècle. Idéal pour la panification, le blé riche en protéines qui pousse dans la Prairie canadienne a une forte valeur à l’exportation. Les efforts entrepris pour adapter le blé à l’agriculture canadienne, et la réussite subséquente du blé canadien sur le marché de l’exportation, ont contribué à construire l’idée de la nation canadienne tant au pays qu’à l’étranger. La prééminence du blé canadien représente un témoignage du succès des développements de l’agriculture impériale et des liens tissés par les empires. La création, par la Grande-Bretagne, d’un arrière-pays agricole au sein du Canada, grâce à l’expansion de l’approvisionnement en vivres dans le cadre de l’Empire, a permis à une nouvelle nation d’émerger à partir de la dépendance envers le blé de l’ancien monde. Le blé produit par les fermiers canadiens s’est écoulé autant dans l’empire britannique que dans l’empire français, jouant un rôle crucial dans chacune de ces structures impériales. La divergence des réactions à ces importations démontre l’importance du blé, à la fois en tant que denrée de base et en tant que porteur de signification culturelle.
-
The Place of Mad People and Disabled People in Canadian Historiography: Surveys, Biographies, and Specialized Fields
Geoffrey Reaume
pp. 277–316
AbstractEN:
This article will consider the extent to which mad and disabled people’s histories have, or have not, been included in studies of Canada’s past, including in surveys, biographies and specialized fields. The purpose is to understand when, where and how people deemed mad or disabled have been excluded or included in broader discussions of Canadian history and how the recent growth of mad people’s history and disability history in Canada can influence historiographical developments. There will also be a discussion of how both fields are directly related since people deemed mad were and are to this day categorized under the broad scope of disability, just as are people with physical, sensory and intellectual disabilities. Consideration will also be given to how this field of inter-disciplinary research has benefited from work by researchers who do not necessarily identify as historians in either field but whose work has contributed to these areas, such as through the scholarship of medical historians. The ultimate aim of this paper is to advocate for mad and disabled people’s histories to become incorporated more widely beyond these specialized fields when interpreting Canada’s past.
FR:
Cet article considère dans quelle mesure les histoires des gens handicapés ou ayant des maladies mentales ont été incluses dans les études sur le passé du Canada, y compris dans les enquêtes, biographies et champs spécialisés. L’objectif ici est de comprendre quand, où et comment les gens jugés fous ou handicapés ont été exclus ou inclus dans les discussions générales sur l’histoire canadienne et de quelle façon les développements récents de l’histoire des handicaps physiques ou mentaux au Canada peuvent influencer les développements historiographiques. On y trouvera également une discussion sur le lien direct entre ces deux champs puisque les gens jugés fous entraient et entrent jusqu’à ce jour dans le large périmètre du handicap, tout comme les gens ayant des déficiences physiques, sensorielles ou intellectuelles. On considérera également la façon dont ce champ de recherche interdisciplinaire a bénéficié des travaux de chercheurs qui ne se définissent pas nécessairement comme historiens dans chaque champ, mais dont le travail a contribué à ces domaines, comme par exemple les travaux sur l’histoire médicale. L’objectif ultime de cet article est de plaider pour que l’histoire des handicapés physiques et mentaux soit intégrée plus largement, au-delà de ces champs de spécialisation, dans l’interprétation du passé canadien.