Abstracts
Abstract
Class has been a controversial category of historical analysis. Historians and social theorists have often attacked its relevance, but even those who find it a helpful way of understanding the past (and present) have had to deal with challenges from new theoretical perspectives, especially from those sensitive to gender and race. They have also had to recognize that there is no direct link between the material situation of members of a social class and their consciousness of their social situation. Diverse discourses emerge to give meaning to social experience, and are adopted, adapted, or rejected to varying degrees. This paper suggests that, after three decades of debate, we should now consider class formation as a fluid, dynamic process of social differentiation through which people’s lives are shaped by the pressures, constraints, and opportunities of their situation in relation to the means of production, the divisions of labour within patriarchy, and the racial distinctions in particular societies; but also one in which people negotiate their own understandings of the world and act on them. To illustrate this process at work, the paper discusses the lives of one working-class family in suburban Toronto from the 1940s to the 1970s and their engagement with new postwar social developments. They not only shaped distinctively working-class forms of gender, suburbanism, religion, ethnicity, citizenship, popular culture, meritocracy, and consumerism; but also wove all of those into a distinctively working-class identity.
Résumé
La notion de classe sociale a toujours été une catégorie controversée de l’analyse historique. Les historiens et les théoriciens de la société en ont souvent remis en question la pertinence, et même ceux qui la considèrent utile pour comprendre le passé (et le présent) ont été confrontés à de nouvelles perspectives théoriques, mettant notamment en jeu les problématiques hommes-femmes et celles liées à la race. Ces penseurs ont aussi eu à reconnaître l’absence de liens directs entre la situation matérielle des membres d’une classe sociale et la conscience qu’ils peuvent avoir de leur propre situation sociale. Pour donner un sens à l’expérience sociale, divers discours se dégagent, sont adoptés, adaptés ou rejetés à des degrés variables. Le présent article fait valoir qu’après trois décennies de débat, il est temps d’envisager la constitution de classes sociales comme un processus fluide et dynamique de différentiation sociale. D’une part, ce processus contribue à façonner la vie des gens sous l’effet des pressions, contraintes et perspectives d’avenir, contrebalancées par les moyens de production, la division du travail au sein du régime patriarcal et la spécificité raciale dans les sociétés. D’autre part, ce processus autorise les individus à élaborer leur propre compréhension du monde et à agir en conséquence. Pour illustrer ce processus à l’oeuvre, cet article se penche sur la vie d’une famille de la banlieue ouvrière de Toronto entre les années 1940 et 1970, et sur sa façon d’assimiler les progrès sociaux d’après-guerre. Les membres de cette famille façonnent des formes résolument ouvrières de rapports entre les sexes, de vie banlieusarde, de religion, d’appartenance ethnique, de citoyenneté, de culture populaire, de méritocratie et de consumérisme, au moyen desquelles ils tissent une identité ouvrière distincte.