Journal of the Canadian Historical Association
Revue de la Société historique du Canada
Volume 5, Number 1, 1994
Table of contents (15 articles)
Calgary 1994
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Presidential Address: Contested Space: The Politics of Canadian Memory
Veronica Strong-Boag
pp. 3–17
AbstractEN:
Neo-conservative laments about the state of Canadian history abound. Yet the old history with its preoccupation with white male elites and its common failure to interrogate power relations and address the reality of oppression within Canadian society has rarely been equipped either to characterize the reality of the past or to address the many pressing questions of the day. The treatment of the experience of women and gender, the whole question of "race", and the place of class in Canadian society in our founding journals provides bountiful evidence of a restricted vision. It is at the very least presumptuous, and inevitably short-sighted, to believe that our profession can offer advice on Canada's on-going "national question" without first of all addressing the meaning of the oppressive relations which have produced, for example, with much else that we have ignored, our ugly inheritance of child abuse, and violence in general. When historians expand their vision, through an acknowledgement of privilege and the creation of a pluralistic community of scholars, we will be a good deal closer to coming to terms with Canadian life. This is the first step towards constructing ways of living together, whatever their exact constitutional form, that no longer require some voices to be disadvantaged while others are allowed to monopolize decision-making about what constitutes truth, citizenship and identity.
FR:
On ne compte plus les complaintes néo-conservatrices à l’endroit de l’état de l'histoire canadienne. Pourtant, la vielle histoire à laquelle on voudrait retourner a rarement été à même de caractériser la réalité du passé, ou encore de se pencher sur les questions urgentes du moment, préoccupée qu elle était par les élites blanches et masculines, incapable, le plus souvent, d'interroger les relations de pourvoir à l'intérieur de la société canadienne ou d'envisager tout phénomène d'oppression. Les revues de la première heure regorgent d'instances de cette étroitesse de vue, que ce soit par leur traitement des expériences des femmes et des problèmes sociaux de sexe — par leur approche de toute la question des races, ou encore par la place qu’elles ont réservée aux divisions de classe dans la société canadienne. Il serait donc présomptueux de croire que notre profession puisse offrir ses conseils dans les débats courants sur la « question nationale » sans qu’elle examine les relations d'oppression qui nous ont laissé, par example, un horrible héritage de brutalité envers les enfants et de violence en général. Ce n'est que quand les historiens aurount élargi leur regard, en reconnaissant les privilèges et en créant une communauté académique plurale, que nous serons plus à même de réfléchir sur la vie canadienne. Voilà le premier pas en direction de la construction de façons de vivre ensemble, quels que soient leurs cadres constitutionnels, qui ne requerront plus que des voix soient désavantagées tandis que d'autres sont autorisées à conserver le monopole des décisions au sujet de ce qui constitue la vérité, la citoyenneté et l'identité.
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The Campaign for Representative Government in Newfoundland
Jerry Bannister
pp. 19–40
AbstractEN:
This paper examines the campaign for an elected assembly in Newfoundland, granted in 1832, and challenges established views of the Colony's reform movement. In the early nineteenth century reformers repeatedly appealed for a local legislature, but their efforts met with limited success in the face of opposition from both merchants and government officials. However, fuelled by concerns over taxation, the reform movement transformed in 1828 into a viable coalition for representative government. In London the reformers overcame the government's intransigence through a strategy designed to gain support in Parliament and to undermine the Colonial Office. An analysis of the rhetoric employed in local meetings and petitions, as well as in Parliamentary debates, suggests that an assertive press and an inclusive public discourse played crucial roles in the reform movement's ability to embrace disparate socio-economic interests.
FR:
Cet article se penche sur la campagne qui mena à l’instauration d'une assemblée élective à Terre-Neuve en 1832, pour remettre en question les thèses les plus courantes au suject du mouvement réformiste dans la colonie. Les premières pressions pour la création d'une Chambre d'Assemblée locale n’avaient rencontré qu’un succès restreint, au début du I9e siècle, devant l’opposition des marchants et des gouvernants. Mais à partir de 1828, le mouvement réformiste réussit à se transformer en une coalition viable en faveur du gouvernement responsable. Il put venir à bout de l’intransigeance du gouvernement métropolitain en réussissant à la fois à s'assurer l’appui du Parlement britannique et à contrer les vues du Colonial Office. La rhétorique que les réformistes empruntèrent au cours des rencontres locales, celle des pétitions, de même que celles des débats parlementaires, tendent à montrer que c’est grâce à une presse sûre d'elle même et à un discours public ourvert que le mouvement put rassembler des intérêts socio-économiques disparates.
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“Cradle to Grave: An Examination of Demographic Behaviour on Two British Columbian Frontiers”
John Douglas Belshaw
pp. 41–62
AbstractEN:
This paper begins an exploration of British Columbia's historical demography. It assesses rates of nuptiality and marital fertility in two turn-of-the-century cities, Nanaimo and Kamloops. Numerical male dominance is considered, along with the likelihood of high rates of nuptiality on the "frontier". The findings indicate a greater role for non-native women in early far west communities, and a greater range of options outside marriage in some locales. Fertility rates are described as well, revealing connections between natural increase and local economic factors. The study also identifies a large dependent population in the new cities and considers the effects this demographic and cost element would have had on British Columbia life.
FR:
Cet article présente les premiers résultats d'une enquête sur la démographie historique de la Colombie-Britannique. Il évalue les taux de nuptialité et de fécondité maritale au tournant du siècle dans les deux agglomérations de Nanaimo et de Kamloops. Il s'arrête à la prépondérance numérique des hommes et à la probabilité de taux de nuptialité supérieurs dans les sociétés de la « frontière ». Deux phénomènes en particulier retiennent l'attention : le rôle accru des femmes non autochtones dans les jeunes communautés de l'Ouest, de même que l’ouverture de l'éventail des possibilités s'offrant aux femmes en dehors du mariage, dans certaines de ces communautés. De plus, à l'examen des taux de fécondité, on décèle des liens, à l'échelle locale, entre l’accroissement naturel de la population et les conditions de l'économie. L’analyse fait enfin apparaître, au coeur de ces villes, un large groupe de personnes dépendantes dont on tente d'évaluer l'impact sur la démographie et l'économie de la Colombie-Britannique.
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Man on the Spot: John Daly, Indian Agent in Parry Sound, 1922-1939
Robin Brownlie
pp. 63–86
AbstractEN:
In this article, the local application of Indian policy is examined though an analysis of the career of an Ontario Indian agent, John M. Daly, who served in the Parry Sound Agency from 1922 to 1939. While policy was decided in Ottawa, which closely monitored field officials, the agents were responsible for its practial implementation and for dealing with the contradictions and ambiguities which could arise in concrete situations. The Indian Department's reliance on information provided by the "man on the spot" meant that his recommendations carried a great deal of weight in decision-making. An in-depth analysis of the agent's day-to-day activities thus provides insights into the actual realities faced by Native people in their interaction with government. Daly's methods conformed well to the style of administration encouraged by the Department. A confirmed paternalist, he offered some protection to vulnerable individuals while opposing those who strove to assert self-determinaiton. He was always very concerned to maintain the Department's authority, on which his own was dependent — in particular, this involved keeping aboriginal people and band councils "in their place". By the 1920s the failure of the federal policy of separation, civilisation and assimilation was readily apparent — aboriginal people remained a distinct, unassimilated population, still largely segregated on the reserves which were intended to be absorbed into the surrounding communities. The formerly stagnant or shrinking Native population was beginning to increase, while reserves remained fixed in size and their resources were already substantially depleted. This, combined with the marginalization of aboriginal people within the mainstream labour market, meant poverty and hardship for many Natives. Since federal policy was never adjusted to cope with the new realities, the agents found themselves approaching the problem of Native poverty on an ad hoc basis. Daly's negotiation of these difficult circumstances is analysed in the following paper.
FR:
Cet article porte sur I'application locale de la politique indienne à partir d'un cas ontarien, celui de John DaIy, qui assuma la fonction d'Agent des Indiens à Parry Sound, entre 1922 et J939. S'il est vrai que les directives émanaient d'Ottawa et qu'on y assurait la supervision des employés sur le terrain, il n'en demeure pas moins que les Agents responsables de la mise en pratique de ces politiques devaient résoudre sur le champ contradictions et ambiguïtés. En outre, le fait que les Affaires indiennes dépendaient exclusivement des renseignements fournis par leurs hommes sur les lieux donnait un poids considérable aux recommandations des Agents. L'analyse approfondie des relations entre Autochtones et gouvernement montre que les méthodes de DaIy ne contredisaient en rien le style d'administration promu par la capitale. Paternaliste convancu, il pouvait à la fois offrir sa protection à des individus dans des situations précaires tout en s'opposant à ceux qui tentaient d'affirmer leur autonomie. Toujours en mal de maintenir l'autorité du ministère, dont sa propre légitimité dépendait, il s'assurait de confiner les Autochtones à la place que le gouvernment leur assignait, malgré la multiplication, au cours des années 1920, des signes de l'échec de la vieille politique fédérale de séparation, de civilisation et d'assimilation. En effet, les Autochtones demeuraient une population distincte et la ségrégation des réserves continuait au lieu de l'assimilation souhaitée aux communautés avoisinantes. De plus, la taille de leur population, après avoir longtemps stagné, voire diminué, commença à s'accroître. La superficie des réserves n'augmenta pas pour autant, un problème d'autant plus grave que leurs ressources étaient épuisées. Enfin, la marginalisation croissante des Autochtones à l’intérieur du marché du travail s'ajoutait à ces circonstances, pour entraîner la pauvreté de plusieurs. Comme la politique fédérale ne s'ajusta pas à ces réalités, les agents durent approcher les problèmes de bien-être à la pièce. L'analyse des actions de DaIy permet d'explorer leurs méthodes.
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Liturgies urbaines et rapports sociaux en France au XVIe siècle : fascination militaire, quartiers et corporations de métiers
Claire Dolan
pp. 87–109
AbstractFR:
Démonstration de pouvoir, l'entrée royale dans les bonnes villes de France donne en spectacle la relation entre la royauté et ses villes mais elle fournit aussi aux urbains Ioccasion de se représenter eux-mêmes. L'objectif méthodologique de cet article est de vérifier si les descriptions d'entrées sont utilisables pour reconstruire le tissu social spécifique de chaque ville.
Cet article s'attarde sur l'un des éléments de cette entrée : le cortège urbain qui, en « belle ordonnance », franchit les murs pour aller accueillir le roi à quelques lieues de la ville. La représentation quon y trouve du « peuple de la ville » montre que l'entrée révèle moins le corps social urbain que le système d'encadrement de ce corps social. D'abord regroupé par métiers, le « peuple de la ville » perd bientôt sa spécificité pour former un tout confondu à l'intérieur du défilé militaire qui se généralise au XVIe siècle. L'article met d'abord en évidence la fascination pour la chose militaire qui se développe au XVIe siècle et qui confère à la symbolique des armes un caractère à la fois politique et festif. Il s'interroge ensuite sur les rapports sociaux mis en scène par le cortège urbain et évalue la place du quartier par rapport au métier comme système d'encadrement, en comparant diverses entrées à travers la France.
EN:
As demonstrations of power, royal processions in the favoured towns of France illustrated the relationship between the monarch and his towns and gave these urban centres the opportunity for self-representation. The methodological objective of this paper is to determine whether descriptive accounts of these royal processions can be used to reconstruct the social fabric particular to each town.
This paper is concerned with one of the elements of these processions: the urban pageant which, to greet the king in proper fashion, passed through the city walls just a few leagues from the town. Its representation of the townsfolkd showed less of the urban social corps than it did of the frameworks system of this social corps. Having been gathered together according to their trades, the townsfolk soon lost their definition within the context of the formalized military parade which was becoming common in the sixteenth century. The paper looks first at the fascination for things military which developed in the sixteenth century — and which gave to such pageants a character that was at the same time political and festive. Then, by comparing several such pageants throughout France, it examines the social intercourse they engendered and evalutes the comparitive significance of the war and the trades as social framework system.
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Prologue to the Red River Resistance: Pre-liminal Politics and the Triumph of Riel
Gerhard J. Ens
pp. 111–123
AbstractEN:
This paper examines the early period of the Red River Resistance before Riel and his men erected a barrier at Rivière Sale to prevent the appointed Lieutenant Governor from entering the Colony. During this early phase of the conflict, two Métis leaders, William Dease and Louis Riel, were in competition to assume the leadership of the Métis cause. This power struggle involved two different paradigms of Métis rights as the basis on which to negotiate with the Canadian government. Dease, stressing Métis aboriginal rights, was eventually defeated by Riel who emphasized French and Catholic rights. The triumph of Riel, aided by the Catholic clergy in Red River, set the tone for the larger resistance to come, and significantly impeded Riel's attempt to build a consensus in the Colony.
FR:
Cette communication porte sur les premières étapes du soulèvement de la Rivière Rouge, avant que Louis Riel et ses hommes n'érigent leur barricade sur la Rivière Sale pour empêcher le Lieutenant-gouverneur d'entrer dans la colonie. Au cours des premiers moments du conflit, deux chefs, William Dease et Louis Riel, se disputèrent la direction de la cause des Métis. Cette lutte de pourvoir opposait deux conceptions des droits que les Métis auraient à invoquer dans leurs négociations avec le gouvernement canadien. Avec la défaite de Dease, l’idée des droits aboriginaux dut céder le pas à celle des droits des Francophones et des Catholiques, comme fondement exclusif du mouvement de résistance à venir. Cet abandon, encouragé par le clergé catholique de la Rivière Rouge, allait compromettre significativement tout effort de construction d'un consensus à l'intérieur de la colonie.
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The Crisis in British Army Recruiting in the 1930s
Chris Hull
pp. 125–146
AbstractEN:
During the 1930s, the British army suffered a shortage of recruits despite the depression. This study explores the response of the War Office to the crisis, which undermined the army's ability to undertake its peacetime and wartime roles. The study is important in helping to elucidate the army's place in society, as the War Office had to examine itself and its public image to understand the reasons for the shortage. The War Office concluded that its image as a bad employer, an inefficient military force and as the object of pacifist propaganda played a crucial role in deterring recruits. Despite intense, and partially successful, efforts to improve its public relations structure and measures to combat the bad image, the main reasons for the improvement in recruiting from the fall of 1937 were the lowering of the physical standards required of recruits and the improving conditions in the service. The army remained a source of public pride, but one that was separated from society and whose recruits tended to be attracted by economic incentives.
FR:
Au cours des années 1930, le recrutement dans l'armée britannique a souffert d'une crise, en dépit de la dépression économique. Cette étude constitue une exploration de la réponse du War Office à une situation qui compromettait les capacités que détenait l'armée d'accomplir son rôle en temps de paix, comme en temps de guerre. Elle aide à clarifier la place de l'armée dans la société car, pour tenter d'éclairer les raisons de la pénurie, le War Office a dû s'interroger sur son image publique et sur son propre rôle. Il a conclu que tous ensemble, sa réputation de mauvais employeur, de force militaire inefficace, de même que les attaques de la propagande pacifiste, jouaient un rôle crucial dans le découragement des recrues. Des efforts intenses et soutenus pour combattre cette image et améliorer la structure des relations publiques on recontré un certain succès. Cependant, le facteur principal d'augmentation des effectifs, à partir de l'automne 1937, est à trouver ailleurs, du côté de la diminution des exigences physiques d'entrée dans l'armée et de l'élévation des conditions de vie des soldats. Ainsi, l'armée a pu ainsi demeurer une source de fierté publique, mais l'institution allait dorénavant s'accroître à l'écart de la société, en amenant en son sein des individus attirés surtout par des incitations économiques.
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Twice Slain: Female Sex-Trade Workers and Suicide in British Columbia, 1870-1920
Susan J. Johnston
pp. 147–166
AbstractEN:
Between 1870 and 1920, the voluntary deaths of 13 British Columbian women, identified by coroners and jurors as prostitutes, provoked a response out of all proportion to their numbers. This essay examines this response, focusing first on the narratives created by witnesses at the coroner's inquest on the body, and then on the interpretations of those who did not literally "know" the dead woman. I argue that the bodies of the dead can be read as a text which invoke multiple interpretations and meanings. Running through all the narratives is a discourse of respectability which shifted attention from an examination of the body and morals of one women to that of society as a whole. Those who knew the women read the death in ways that emphasized their own and the deceased's personal connection to the community in which they lived. Coroners, jurors, and the press inscribed their fears of sexual disorder and racial miscegenation upon the bodies of the dead. Through examining and responding to the deaths, the women and men involved in the inquest process helped create and bolster a particular moral and social identity which utilized the prostitute as a metaphor of social evil. When the body of the prostitute no longer evoked this response, prostitutes' deaths were excluded from the inquest process.
FR:
Entre 1870 et 1920, en Colombie-Britannique, la mort volontaire de treize femmes identifiées par les coroners et les jurés comme étant des prostituées a provoqué des réactions d'une ampleur hors de proportion avec leur nombre. L'analyse de ce phénomène s'arrête d'abord aux récits créés par les témoins au cours de l'enquête judiciaire liée au cadavre, pour se pencher ensuite sur les interprétations proposées par ceux qui ne connaissaient pas directement la morte. Je tente de démontrer que les corps des morts peuvent être considérés comme un texte, dont les signes seraient interprétés de multiple façons. Un discours de la respectabilité imprègne ces récits, qui déplace l'attention du corps et de la moralité d'une femme en particulier vers la moralité de la société en général. Ceux qui connaissaient ces femmes eurent tendance à lire le décès d'une façon qui renvoyait aux relations personnelles que la femme et qu'eux-mêmes entretenaient avec la communauté. De leur côté, coroners, jurés et journalistes eurent plutôt tendance à inscrire sur les cadavres leurs craintes de désordre sexuel et leur peur des conséquences des croisements entre les races. Enquêtes et réponses ont contribué à créer et à renforcer une identité sociale et morale précise qui utilisait la prostituée comme une métaphore des maux sociaux. Aussitôt qu’ils cessèrent de provoquer une semblable réponse, les corps des prostituées furent exclus de ce type d'enquête.
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Canadian Communists, Revolutionary Unionism, and the “Third Period”: The Workers’ Unity League, 1929-1935
John Manley
pp. 167–194
AbstractEN:
In compliance with the Third Period "line" of the Communist International (Comintern), the Communist Party of Canada (CPC) launched The Workers' Unity League (WUL) as a centre of "revolutionary" or "red" unionism in December 1929. Until it was "liquidated" during the winter of 1935-6, the WUL had a significance in Canada's Depression labour struggles far outweighing its maximum membership of between 30,000 and 40,000; a significance, moreover, that has yet to be fully acknowledged or analysed. This article seeks to look beyond the conventional view that presents the CPC as a Comintern cipher and the WUL (when it is considered at all) as a "sectarian", "adventurist", "ultra-left" organisation with no real interest in building stable labour unions. While there is no doubt that the two most crucial decisions concerning the WUL — to create it and to liquidate it — were taken in Moscow, neither the Comintern nor the CPC leadership in Toronto was in a position to supervise the implementation of the Third Period line on the ground. Within the broad parameters of the line, local organisers tended to operate as "good trade unionists" rather than "good bolsheviks", using every available opportunity to modify and adapt tactics to local realities. They used their room for manoeuvre to considerable effect, especially during the economic and political upturn of 1933-34, when the WUL led a majority of all strikes and established union bases in a host of hitherto unorganised or weakly organised industries. At the height of its power, however, the WUL knew that it had barely dented the essential mass production industries — auto, steel, rubber, farm machinery. This fact, coupled with the experience of defeat in several key strikes,forced the party to reconsider the WUL's future. Whether the WUL could have survived as part of a national union centre remains open to question. Indisputably, the Comintern terminated that option in 1935.
FR:
En décembre 1929, en vertu des directives de la IIIe Internationale (Komintern), le Parti communiste du Canada (PCC) mit sur pied la Ligue d'unité ouvrière (LUO), pour servir de base à la diffusion du syndicalisme révolutionnaire. Avant d'être « liquidée », au cours de l'hiver 1935-1936, la Ligue a exercé sur les luttes ouvrières du pays une influence qui dépassa de beaucoup le nombre de ses membres (un maximum de 30 000 ou 40 000 individus). Sa signification est encore mal reconnue et mal comprise. Cette communication tente d'aller au delà de l'image conventionnelle du PCC comme une courroie de transmission du Komintern et de la LUO, quand on daigne s'y attarder, comme une organisation sectaire, aventureuse, ultra gauchiste et sans aucun intérêt pour la construction de syndicats ouvriers solides. Il ne fait aucun doute que les décisions les plus importantes concernant la Ligue furent prises à Moscou, celles de sa création et de son élimination, mais il n'en demeure pas moins que ni le Komintern ni la direction du PCC à Toronto n'étaient à même de superviser l’application de la ligne de la IIIe Internationale sur le terrain. C’est ainsi que, tout en acceptant les larges paramètres de la ligne, les organisateurs locaux purent travailler en « bons syndicalistes » plutôt qu'en « bons bolcheviks », en profitant de toutes les chances possibles pour adapter leurs tactiques aux réalités environnantes. Ils ont utilisé cette marge de manoeuvre avec un succès considérable, particulièrement au cours des soulèvements politiques des années 1933 et 1934. La Ligue d'unité ouvrière fut alors au centre de la majorité de l'ensemble des grèves du pays et elle établit des bases syndicales dans un ensemble de secteurs industriels auparavant mal ou peu organisés. Au sommet de son pouvoir, la Ligue savait pourtant qu'elle avait à peine entamé le secteur de la production de masse, que ce soit l'automobile, l'acier, le caoutchouc ou encore la machinerie agricole. Cette situation, à laquelle il faut ajouter la défaite de quelques grèves cruciales, a forcé le parti à repenser l'avenir de la Ligue. Elle aurait peut-être pu survivre, pour devenir une partie d'une centrale nationale. Mais en 1935, indiscutablement, le Komintern mit fin à cette alternative.
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“Of Slender Frame and Delicate Appearance”: the Placing of Laura Secord in the Narratives of Canadian Loyalist History
Cecilia Morgan
pp. 195–212
AbstractEN:
In late nineteenth-century English Canada, particularly in Ontario, national identity and discourses of loyalty were frequently linked to Canadian history in general and. specifically, the legacy of the War of 1812. The commemoration of this war was especially important for those writers and historians who wished to maintain the country's link to Britain for, during this conflict, the colonial population had supposedly demonstrated their loyalty and devotion to Britain by helping to repulse American attacks. Both "national" historians and those who were members of the local historical societies that emerged in the 1880s wrote about the war and, in particular, male military heroes such as Major-General Isaac Brock. However, during this period a female symbol of national identity and loyalty to Britain also emerged, that of Laura Secord. While both male and female historians were interested in Secord, it was largely through the efforts of Anglo-Celtic, upper- and middle-class women that Secord became a heroine of the War of 1812. Many of these women were firm supporters of imperialism and the maintenance of British traditions in Canada, as well as being active in women's suffrage groups and other, related causes such as temperance. Their celebrations of Secord's walk and the narratives which they constructed about her contribution to Upper Canadian loyalty are significant not only for their recognition of women s contribution to Canadian history; they also help illustrate the relationships of gender, race, and imperialism in Canadian feminist and nationalist discourses.
FR:
À la fin du dix-neuvième siècle au Canada anglais, et particulièrement en Ontario, l'identité nationale et les discours de loyauté à la couronne accompagnaient souvent l'écriture de l'histoire canadienne, spécialement quand il s'agissait des conséquences de la Guerre de 1812. La commémoration de ce conflit était importante notamment pour les écrivains et les historiens soucieux de perpétuer le lien du pays avec la Grande-Bretagne. En effet, au cours de la guerre, la population était censée avoir démontré sa dévotion et son allégeance à la métropole, en aidant à repousser les attaques américaines. Les écrits sur la guerre se retrouvent à la fois chez les historiens « nationaux » et chez ceux qui appartenaient aux sociétés d'histoire locales qui se répandirent au cours des années 1880. La plupart des récits mirent en valeur des héros masculins comme le général de division Isaac Brock. Cependant, la période vit aussi émerger un symbole féminin d'identité nationale et de loyauté, celui de Laura Secord. Bien qu'hommes et femmes historiens s'intéressèrent au personnage, c'est avant tout grâce aux efforts de femmes anglo-celtes des classes moyennes et supérieures que Laura Secord devint une hérone de la Guerre de 1812. En plus d'adhérer fermement à la cause de l'impérialisme et d'encourager le maintien des traditions britanniques au Canada, la plupart de ces femmes appartenaient à des groupes promouvant le suffrage féminin et d'autres causes connexes comme la tempérance. Leur glorification de la marche de Secord, de même que les récits qu'elles ont construits au sujet de sa contribution à la loyauté du Haut-Canada, apparaissent lourds de sens non seulement pour leur reconnaissance de l'apport des femmes à l'histoire canadienne, mais encore parce qu'ils aident à illustrer les relations entre impérialisme, race et rapports sociaux de sexe dans les discours féministes et nationalistes canadiens.
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Loss and Substitution: The Ecology of Production in Southwestern Saskatchewan, 1860-1930
Barry Potyondi
pp. 213–235
AbstractEN:
The history of ecological change in southwestern Saskatchewan, and arguably on the Canadian plains as a whole, has been marked by the loss of indigenous species and their replacement with a smaller number of domestic species valued chiefly for the commercial profits they generate. This decline in natural biodiversity accelerated as regional residents embraced distinct manifestations of market capitalism between 1860 and 1930. Through participation in the robe trade, natives and Métis contributed significantly to the loss of the traditional "buffalo landscape" of the plains before 1880. After 1880, ranchers introduced the grazing patterns of domestic cattle and horses, decimated the population of natural predators, exceeded the grazing capacity of the range, and ultimately affected its vegetational composition. Wheat farmers, who had obliged ranchers to make many of these drastic changes, altered the environment to an unprecedented degree through their abiding devotion to monoculture production. The cumulative result was profound alteration of the nineteenth-century plains ecosystem with attendant economic and social disruption.
FR:
L'histoire des changements écologiques dans le Sud-Ouest de la Saskatchewan, et plausiblement celle de l'ensemble des plaines, a été marquée par la perte des espèces d'origine au profit d'un nombre restreint d'espèces domestiques prisées d'abord pour leur valeur commerciale. Le déclin de la diversité biologique et allé en s'accélérant, à mesure que les habitants ont participé aux transformations du capitalisme marchand, entre 1860 et 1930. En participant au commerce des peaux de bison, les Métis et les Autochtones ont contribué à la disparition des « paysages du bison » caractéristiques des plaines d'avant 1880. Après cette date, les éleveurs ont introduit des pratiques de pâturage du bétail domestique et des chevaux qui on décimé la population des prédateurs naturels, tout en dépassant les capacités naturelles de l'habitat. En dernière instance, la composition végétale de l'habitat s'en trouve même affectée. Les cultivateurs de blé, qui avaient été les premiers à obliger les éleveurs à des changements aussi drastiques, altèrent à leur tour l’environnement, d'une façon inégalée, en souscrivant au credo de Ia monoculture. De l'accumulation de ces pratiques, l'écosystème des plaines est ressorti profondément transformé, un changement qui entraîna à son tour des ruptures économiques et sociales majeures.
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Voluntary Societies and the Process of Middle-class Formation in Early-Victorian Halifax, Nova Scotia
David A. Sutherland
pp. 237–263
AbstractEN:
Through the second quarter of the nineteenth century Halifax, Nova Scotia evolved from garrison town to commercial city. That transition, combined with a mass influx of immigrants, spawned unprecedented social dislocation and conflict. Those situated between the extremes of wealth and poverty responded, in part, by flocking into a host of voluntary societies set up to promote social stability as well as material and moral progress. Most influential among all these societies were those which stressed the element of fraternal bonding. They led with respect to forging the disparate "middling" elements of the community into something which, in terms of cohesion and consciousness, could be termed a "middle class".
FR:
Au cours du second quart de 19e siècle, le statut de la ville de Halifax en Nouvelle-Écosse est passé de celui de petite ville de garnison à celui de ville commerçante. L'arrivée massive d'immigrants s'est ajoutée à cette transformation pour créer un niveau de conflit sociaux et de dislocation sans précédent. Au sein de la couche de la population située entre les extrêmes de pauvreté et de richesse, l'une des réactions courante fut de se diriger vers un ensemble d'associations liées à la promotion de la stabilité sociale, du progrès matériel et moral. Au nombre des plus influentes de ces associations se trouvaient celles qui mettaient l'accent sur les solidarités fraternelles. Elles allaient exercer un rôle crucial dans le regroupement des éléments disparates des niveaux intermédiaires de la communauté en une formation qui, en termes de cohésion et de conscience, apparaît bien comme une « classe moyenne ».
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Images of Women in the Sermons of Guillaume Pepin (c.1465-1533)
Larissa Taylor
pp. 265–276
AbstractEN:
The stereotype of the misogynistic medieval churchman persists in almost all scholarly assessments of gender attitudes and beliefs in the premodern period. Such sweeping generalizations do little to help us understand attitudes in one particular time and place, or changes over time; studies of individuals allow a more nuanced and richer understanding of male beliefs about women. Sermons in the late Middle Ages exhibit the full range of attitudes about women. In the sermons of Guillaume Pépin (c. 1465-1533), we find the preaching of a man who did not categorize women as the personification of Good or Evil, but talked at length about women and their problems in daily life with sympathy and compassion. The figures he evokes in his sermons are quite often strong, independent-minded women. Comparison with sermons in the mid-sixteenth century shows that many later preachers conform more closely to the stereotype, with the amount of attention given to women in sermons decreasing dramatically and negative descriptions predominating. Language is used much differently, and the resulting images of women are one-dimensional, with the female sex portrayed as subordinate, weak, and silly. These changes can be attributed to a number of factors, including the simplified sermon structure of the post Reformation period, the Reformation and misconceptions about the priesthood of all believers, the attempt to impose Catholic orthodoxy, and an increasing emphasis on the "natural order" of things.
FR:
Presque toutes les histoires des attitudes et des croyances reliées aux rapports sociaux de sexe avant l'ère moderne conservent le stéréotype d'un homme d'Église médiéval misogyne. De telles généralisations n'aident ni à la compréhension des attitudes en des lieux et des temps particuliers, ni encore à l'évaluation des changements à travers le temps. L'étude des croyances des individus permet une explication plus nuancée et plus riche des croyances des hommes à propos des femmes. Les sermons de la fin du Moyen Âge révèlent un large éventail d'attitudes à l’égard des femmes. Dans ceux de Guillaume Pépin (c. 1465-1533), on retrouve la prêche d'un homme qui ne classe pas les femmes commes les incarnations du Bien et du Mal, mais qui parle plutôt longuement d'elles, et qui se penche sur leurs problèmes quotidiens avec sympathie et compassion. Les exemples qu'il évoque sont souvent ceux de femmes fortes et indépendantes d'esprit. La comparaison avec des sermons du mileu du seizième siècle montre que maints prédicateurs de l’époque postérieure correspondent davantage au stéréotype, l'attention donnée aux femmes diminuant drastiquement et les descriptions négatives prenant le dessus. Chez eux, un usage différent de la langue réduit les images des femmes à une dimension unique, et le portrait qui en résulte est celui de la subordination, de la faiblesse et de la bêtise. Ces transformations relèvent de plusieurs facteurs, dont la simplification des structures du sermon amenée par la Contre-Réforme, les préjugés au sujet de la prêtrise attisés la Réforme, les efforts d'imposition d'une orthodoxie catholique, de même qu'un accent de plus en plus prononcé sur « l'ordre naturel » des choses.