Abstracts
Abstract
In July 1568, a nun was denounced to the episcopal inquisition of Mexico City. Elena de Ia Cruz, was a professed nun in the prestigious Nuestra Senora de la Concepción and a member of one of Mexico's most important families. She was charged with heretical propositions: namely, that she proposed limits to the powers of the papacy and church hierarchy, including Alonso de Montúfar, the archbishop of Mexico.
Elena's heretical words also took added meaning from contemporary religious crisis and reform. Some of the nun's conceptions vaguely suggested Lutheranism. More importantly, she seemed to deny the ability of the Council of Trent to carry out its programme of reform. Tridentine reformers were attempting to bring monasteries of women under the control of male religious leaders — and Montúfar was trying to bring regular clergy in general under episcopal governance. Elena's views threatened these efforts.
The essay argues that Elena's daring to speak on matters of doctrine was a form of gender treason; she also read forbidden books and attempted to find her own path to salvation. In the late sixteenth century, a woman who took this path was immediately suspect. Beatas, nuns, and laywomen had paid dearly for this error in Spain. Unlike many heretic nuns, though, Elena renounced her beliefs almost immediately when challenged by her abbess, and she showed no courage of conviction before the male inquisitors. Nonetheless, formal charges were prepared and followed through in meticulous detail. In charging Elena, Montúfar was nipping womanly insubordination in the bud, before it could infect the entire convent.
But if gender was part of what made Elena so dangerous, it was also what saved her skin. Elena's lawyers were able to use the topos of the weak, ignorant, misled woman to explain their client's deviation from the path of order and obedience. Hispanic gender ideologies made it possible to frame Elena's crime in terms of treason and disorder, but also provided an opportunity for the nun's reincorporation into society. The paper argues that Elena's trial provides an opportunity to examine the ambiguities of gender prescription and what we might call "rôle enforcement". The tension between corporate protection of women and fear of their potential for disorder is played out throughout the trial. Elena's triumph, if such it can be called, is to appeal to the former.
Résumé
En juillet 1568, une religieuse dénonça l'inquisition épiscopale de Mexico. Elena de la Cruz, membre du prestigieux couvent de Nuestra Senora de la Conceptión et de l'une des familles les plus importantes de la ville, fut alors accusée d'hérésie pour avoir proposé des limites aux prérogatives du pape et à celles de la hiérarchie catholique, l'archevêque de Mexico compris.
Dans le context de réforme et de crise religieuse de l'époque, les propos hérétiques d'Elena détenaient une large signification. Certaines notions abordées par la religieuse avaient des relents luthéranisme. Plus encore, elle paraissait refuser l'habilité du concile de Trente à accomplir un programme de réforme par lequel les monastères de femmes passeraient sous contrôle masculin. De plus, Montúfar tentait de placer le clergé régulier sous la gouvernance de l'épiscopat, autant d'efforts que menaçaient les croyances d'Elena.
Cet article avance que la religieuse se trouvait à trahir les rôles sociaux de sexe contemporains, non seulement en ayant l'audace d'affronter des points de doctrine, mais encour parce qu'elle lisait des ouvrages interdits et qu'elle tentait de découvrir sa propre voie vers le salut. L'Église de la fin du XVIe siècle suspectait sur le champ toute femme qui empruntait des directions. En Espagne, religieuses et laïques avaient payé chèrement pour ces erreurs. Cependant, à l'encontre de plusieurs de ces religieuses hérétiques, Elena abandonna ses propositions presqu'aussitôt qu’elles furent questionnées par son abbesse. De même, elle ne montra aucun courage de conviction devant les inquisiteurs mâles. Il n 'en demeure pas moins que les accusations formelles portées contre elle enclanchèrent un processus méticuleux de prosécution. En poursuivant ainsi le procès, Montúfar tenta d'étouffer l'insubordination féminine avant qu'elle ne gagne la reste du couvent.
Si le fait d'être une femme contribua à rendre Elena dangereuse aux yeux de la hiérarchie catholique, c'est aussi ce qui l'aida à sauver sa peau. Ses avocats purent utiliser le topos de la femme faible, ignorante et mal guidée pour rendre compte de ses égarements hors du sentier de l'ordre et de l'obéissance. Ainsi, les mêmes idéologies hispaniques liées aux rapports sociaux de sexe qui permettaient de présenter le crime d'Elena en termes de trahison et de désordre permirent la réintégration de la religieuse dans la société. Le procès d'Elena fournit l’opportunité d'examiner les ambiguïtés des prescriptions liées au sexe et les façons dont on amenait la population à s'y conformer. Ce sont les tensions entre la volonté de protéger les femmes et la peur de leur potentiel de désordre qui se jouèrent tout au long du procès. Le triomphe d'Elena, si l'on peut le désigner ainsi, constitue un appel au premier terme de ce paradoxe.