Journal of the Canadian Historical Association
Revue de la Société historique du Canada
Volume 1, Number 1, 1990
Table of contents (18 articles)
Victoria 1990
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Jean-Claude Robert
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Discours du président : Historiens, archives et archivistes : un ménage à trois
Jean-Claude Robert
pp. 3–15
AbstractFR:
Dans ce discours, le président invite les historiens à s'impliquer davantage dans les activités para-académiques, particulièrement dans les domaines qui touchent au rapport entre la société et la discipline historique. Cette allocution porte sur un objet précis, la conservation des archives judiciaires du Québec, puisque que les activités d'un groupe professionnel, les archivistes, auront de lourdes conséquences sur les recherches futures des historiens.
Cette communication s'articule autour de trois points. Elle peut de l'expérience d'un comité interministériel chargé de déterminer le niveau de conservation des pièces archivistiques, elle pose ensuite le problème du rapport entre anniversaire historique et archives, puis offre quelques réflexions sur le rapport entre historiens et archivistes. L'auteur rend hommage à la mémoire de Jacques Ducharme, archiviste et membre important de ce comité interministériel, et dont l'esprit de collaboration a servi de modèle aux deux professions. Cette analyse demande aux historiens de se pencher à nouveau sur le rapport des sources avec la connaissance historique car les archives de demain sont en train de se constituer sous nos yeux.
EN:
This Presidential Address suggests that historians ought to be involved in activities outside the university, especially in those areas which touch upon the intersect of history and society generally. This paper describes a case study, the conservation of Québec' s judicial archives, where the activities of one profession, the archivists, will have implications for the research that historians will do.
Three elements of the case study are described: the experience of the interministerial committee charged with the task of deciding the fate of the documents; the relations between archives and historical knowledge; some reflections on the relationship between historians and archivists. The author has also a few words in hommage to Jacques Ducharme, an archivist and key member of the committee who was a model of the proper relationship between the two professions. This case study suggests that questions of sources and of the relationship between sources and knowledge ought once again to become an important concern of historians, because the archives of tomorrow are actually being developed today.
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Contextualising Late-Nineteenth-Century Feminism: Problems and Comparisons
Judith Allen
pp. 17–36
AbstractEN:
Histories of feminism since the 1970s have generally observed national and regional boundaries. In view of the international character of women's movements in western countries since the last quarter of the nineteenth century, the neglect of comparative approaches has been unfortunate. The outcome is parochialism and inwardness, as feminist historians evaluate feminists of the past according to current preoccupations, in a cycle of identification and repudiation. An Anglo-American hegemony in the field is identified as is the consequent and pervasive “Northern Hemispherism” it ordains (notwithstanding an almost invariable omission of Canadian feminist experience). Advantages of comparative, international approaches to the history of feminism are not confined to the virtues of representativeness and comprehensiveness. Rather, major causal and chronological schema generalised from Anglo-American experience stand to beproblematised and revised in more useful directions. Most significantly, comparative studies of feminism permit due recognition of the fact that feminism emerged relatively contiguously across western countries in response to relatively common international characteristics of transformations in sexual patternings and sexual cultures.
FR:
Puisque le mouvement féministe avait déjà traversé les frontières des pays occidentaux à la fin du XIXe siècle, on aurait dû être en mesure de mener des analyses comparatives sur le féminisme depuis longtemps. Les études historiques sur ce sujet réalisées depuis 1970 ont généralement été limitées aux cadres nationaux et régionaux. L'esprit de clocher et le repli sur soi qui en résultèrent furent produits par les spécialistes de l'histoire des femmes qui examinèrent le passé en se fondant sur les préoccupations du moment, en alternant appartenance et rejet. L'emprise anglo-américaine sur le sujet ne se concentre que sur le monde occidental et laisse presque complètement de côté l'expérience féministe au Canada. Les avantages de l'analyse comparative en histoire des femmes à l'échelle internationale ne sont pas limités aux mérites de la représentativité et de la perspective d'ensemble. Plutôt, les principales thématiques causales et chronologiques de l'expérience anglo-américaine peuvent servir de problématique si elles sont judicieusement utilisées et réorientées. De manière plus significative, l'étude comparative du mouvement féminin permet de reconnaître que le féminisme est apparu presque simultanément dans tous les pays occidentaux, en réponse aux transformations des rôles et des cultures des sexes.
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“Traveling the country ‘round”: migrations et syndicalisme chez les mouleurs de l’Ontario et du Québec membres de l’Iron Molders Union of North America, 1860 à 1892
Peter Bischoff
pp. 37–71
AbstractFR:
La mobilité géographique des populations au XIXe siècle a suscité un grand intérêt et de nombreux travaux chez les historiens canadiens. Néanmoins, du côté de l'histoire des travailleurs, ce champ d’investigation ne fait que commencer à se développer. Le présent article vise à élargir nos connaissances sur le sujet en montrant l’importance centrale de la mobilité professionnelle dans le développement de l'une des principales organisations ouvrières au Canada pendant la seconde moitié du XIXe siècle : les sections canadiennes de l’Iron Molders Union of North America.
Aux prises avec une mobilité phénoménale de leurs effectifs, les mouleurs élaborent en effet une réglementation syndicale des migrations qui transforme I’influence potentiellement négative de leurs déplacements en une force pour défendre ou promouvoir le statut du métier. Le succès est tel que leur mobilité géographique favorise considérablement l’expansion géographique de l'organisation et conduit à la formation de ses plus puissantes sections dans les localités où existe précisément la plus grande mobilité de mouleurs.
EN:
The geographic mobility of people during the nineteenth century has generated considerable interest among Canadian historians. Nevertheless, with regard to workers' history, this topic has only begun to be explored. This article seeks to expand our understanding of the subject by showing the pivotal importance of professional mobility in one of the workers' central organizations in Canada during the second half of the nineteenth century, the Canadian sections of the Iron Molders' Union of North America.
Grappling with a remarkable degree of mobility among its membership, the union worked out what was, in effect, a set of regulations regarding mobility which translated a potentially harmful consequence of high levels of mobility into a force for defending or promoting the workers' status. The union's success was such that geographic mobility actually helped in the geographic expansion of the organization, and led to the establishment of the most powerful branches in those areas where the greatest geographic mobility among workers prevailed.
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“Il en faut un peu”: Farm Women and Feminism in Québec and France Since 1945
Gail Cuthbert Brandt and Naomi Black
pp. 73–96
AbstractEN:
Certain farm women's organizations continue to represent the social feminist tradition of Canadian suffragism and the broader social Catholic feminism still influential elsewhere. Canadian historians have often criticized such groups in contrast with a more aggressive, equal-rights feminism found among urban and rural women in both waves of feminism. We argue that, far from being conservative, groups identified as social feminist serve to integrate farm women into public debates and political action, including feminism. We outline the history of the Cercles de fermières of Québec, founded in 1915, and the French Groupements de vulgarisation-développement agricoles féminins, founded since 1959. A comparison of members with nonmembers in each country and across the group, based on survey data collected in 1989 for 389 cases, suggests that club involvement has counteracted demographic characteristics expected to produce antifeminism. In general, we find less hostility to second-wave feminism than might be expected. Relying mainly on responses to open-ended questions, we argue that, for our subjects, feminism is tempered by distaste for confrontation. Issues supported by the movement for women's liberation are favoured by farm women, but the liberationist style and tactics are eschewed. Those of our respondents identified as feminists express preference for a complementarity modelled on the idealized family.
FR:
Certaines associations de fermières poursuivent les buts traditionnels socio-féministes des suffragettes canadiennes et maintiennent un féminisme socio-catholique qui exerce toujours une influence ailleurs. Les historiens canadiens ont souvent critiqué ces groupes qui se sont détachés du mouvement féministe plus agressif, lequel s'est manifesté au cours des deux campagnes féministes pour l'égalité des sexes, tant chez les femmes de la ville que chez celles de la campagne. Nous croyons que loin d'être conservateurs, les groupes de tradition socio-féministe ont permis aux femmes de la campagne de participer aux débats publics et à l’action politique, y compris au mouvement féministe. L'article brosse un tableau historique des Cercles des fermières du Québec, constitués en 1915, et des Groupements de vulgarisation-développement agricoles féminins établis en France depuis 1959. Une comparaison des membres et des non-membres dans chaque pays, faite au moyen de données recueillies en 1989 sur 389 cas, laisse entendre que l'existence de ces groupes a permis de contrebalancer les composantes démographiques qui devaient conduire à l’antiféminisme. En général, nous trouvons moins d'hostilité que prévu envers le second mouvement féministe. En nous basant sur les questions ouvertes de notre questionnaire, nous concluons que chez nos répondantes, le féminisme est tempéré par une aversion de la confrontation. Les buts du mouvement de libération de la femme sont bien accueillis par les fermières, mais le style libertaire et ses tactiques sont rejetés. Nos répondantes identifiées comme féministes préfèrent une complémentarité basée sur le modèle de la famille idéale.
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The Making of a Nineteenth-Century Profession: Shipmasters and the British Shipping Industry
Valerie Burton
pp. 97–118
AbstractEN:
During the second half of the nineteenth century, the occupation of shipmaster was transformed. It was remade as a profession ofandfor the middle class. This development followed from the specialization and division of labour in the shipping industry, and reflected the social divisions of an increasingly class-stratified society. The thesis advanced in this paper assigns a key role in this process to the dynamic of industrial capitalism. The paper argues that class-specific recruitment to the shipmaster's occupation put the values of the professional middle classes to the service of shipowners in the extension of their control over labour.
The study examines several facets of this transformation: the state's contribution in the abandonment of mercantilist regulation of maritime labour and the introduction of masters' and mates' certificates of competency in the midnineteenth century; the role of the technological change from sail to steam on the nature and organization of the workforce; the owners' efforts to reduce the shipmaster to a wage employee whose self-interests and self-image made him distinctfrom other workers; and the structural changes in both the shipping industry and the systems of recruitment and training which ensured that the profession of shipmaster would gradually emerge as a middle-class preserve.
The remaking of the profession of shipmaster illuminates the larger processes of social differentiation and cultural/ideological production associated with the division and specialization of labour in Victorian Britain. Examining this case in detail advances our understanding of class division in industrial society, particularly as it relates to the important, but singularly neglected, middle-managment professions.
FR:
À la suite de certaines transformations, le métier de constructeur de navires put redevenir une occupation de la classe moyenne, durant la seconde moitié du XIXe siècle. Ce changement résultait de la spécialisation et de la division du travail dans l'industrie maritime et reflétait les tensions internes d'une société de plus en plus répartie en classes sociales. C'est la transformation du capitalisme industriel qui aurait apporté un tel changement, selon l'hypothèse de travail de cette recherche. D'après son auteur, le recrutement des constructeurs de navire en fonction des origines sociales a contribué à mettre les valeurs des classes moyennes professionnelles au service des armateurs qui ont accru ainsi leur contrôle sur la main-d'oeuvre.
L'étude examine différents aspects de cette transformation : le rôle de l’État dans le déclin de la réglementation mercantiliste du travail maritime et l’introduction, au milieu du XIXe siècle, de certificats professionnels pour tes maîtres et les apprentis ; les répercussions des changements technologiques sur la nature et l’organisation de la main-d'oeuvre, suite au passage de la voile à la vapeur ; les efforts des armateurs pour réduire les constructeurs de navire au rang de salariés dont les intérêts et l'image de soi les rendaient différents des autres travailleurs ; les changements structurels dans le commerce maritime et dans les systèmes de recrutement et de formation qui devaient assurer que la profession de constructeur de navires reste la chasse gardée de la classe moyenne.
Le changement touchant la profession de constructeur de navires met en lumière les procédés de différenciation sociale et de production culturelle-idéologique associés à la division et à la spécialisation du travail dans l'Angleterre victorienne. L'examen minutieux de cette situation permet de mieux comprendre les divisions de classes dans la société industrielle, en particulier celles qui touchent les professions importantes, mais souvent négligées, appartenant à la catégorie des cadres intermédiaires.
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Associationalism Canadian Style: Flour Millers, Self-Regulation and the State, 1920-1935
Mark Cox
pp. 119–143
AbstractEN:
Between the two world wars, the expansion of the state's regulatory capacity caused business-state relations in Canada to worsen rather than improve, as large manufacturers and those in government who advocated regulation viewed the utility of state power in different, and largely incompatible ways.
The Canadian flour milling industry illustrates these persistent tensions. Confronted by overcapacity and seeking a method of coordination, the large millers organized an association in 1920. It established a complex system of regulations to fix prices. However, it initially failed completely to control either export or domestic prices and, when it finally seemed to have exerted greater control over domestic prices in 1930, the federal Combines Investigation Branch responded by forcing the suspension of price-fixing, just when market conditions reached a nadir. Numerous efforts to reorganize the industry through consolidations all failed. Late in 1933, the large millers sought state assistance to secure stability, but the solutions proposed would have imposed unwanted constraints on their power within the industry. Hence, the large millers did all they could to frustrate the development of regulation, continuing to advocate voluntary associationalism despite its past failures.
The fundamental differences between the large millers and government over the function of regulation prevented the consensus necessary to make a regulatory solution work. This suggests that, whereas the regulation of community property succeeded because it accommodated interests and defrayed tensions, the process through which it acquired broad legitimacy did not extend to the regulation of private property. Indeed, without consensus that such regulation was desirable, attempts to create it produced conflict instead of accommodation.
FR:
Durant l'entre-deux-guerres, la croissance du pouvoir d'intervention économique de l’État a envenimé les relations entre l’entreprise privée et le gouvernement au Canada. Les grands manufacturiers et les représentants gouvernementaux favorables à la réglementation avaient en effet des vues différentes, voire contradictoires, sur l'utilité du pouvoir étatique.
L'industrie meunière au Canada illustre particulièrement bien ce conflit. Afin de tenter de régler le problème de la surproduction et d'harmoniser leur production, les principaux meuniers s'associèrent en 1920 pour établir un système complexe de contrôle des prix. Au début de leur association, ils n'étaient cependant pas en mesure de fixer les prix, tant ceux à l'exportation que ceux du marché intérieur. Lorsqu'ils furent enfin en mesure de contrôler les prix, en 1930, la Direction fédérale d'enquête sur les cartels exigea que les contrôles soient abolis au moment où le marché était à son plus bas. Les nombreuses tentatives pour réorganiser l'industrie par des cartels échouèrent. À la fin de 1933, les grands meuniers tentèrent d'obtenir l'aide de l’État pour assurer la stabilité des prix, mais les solutions qui leur étaient présentées n'auraient servi qu'à diminuer leur pouvoir dans ce secteur industriel. Les grands meuniers firent tout ce qui était en leur pouvoir pour freiner la réglementation et tentèrent plutôt de s'associer à nouveau malgré les échecs du passé.
Les différences fondamentales entre les grands meuniers et le gouvernement sur le rôle de la réglementation gouvernementale empêchèrent tout consensus préalable à la concertation. Cela semble indiquer que, si la réglementation sur la propriété collective a pu réussir parce qu'elle satisfaisait aux intérêts communs et empêchait les conflits, le même processus ne pouvait servir à réglementer la propriété privée. En fait, en l’absence d'entente préalable sur la nécessité de réglementer l’industrie, les contrôles n'apportèrent que des conflits au lieu de solutions.
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The Limits of Nationalist Politics: Electoral Culture and Mobilization in Germany, 1890-1903
Brett Fairbairn
pp. 145–169
AbstractEN:
With Germany's unification, nationalism became an entrenched part of the political culture, until its role was challenged by the rise of social “fairness” issues in the 1890s. In the first decades of the Reich, campaigns against minorities like Catholics, Poles, and Social Democrats helped cement the progovernmental forces, especially in intense “national” elections. The Kartell elections of 1887, in particular, created a patriotic coalition that remained a significant factor in electoral politics for over twenty years. But in the 1890s, nationalist coalition-building became increasingly difficult as the Kartell parties lost support, drifted apart, and competed more and more with one another. The government made efforts to shore up its allies, but these efforts failed to halt the disintegration. Significantly, while some argued the government should use the naval issue or the tariff issue (Sammlungspolitik) to influence the elections of 1898 and 1903, the government was unable to do so. Instead, increasing electoral support went to the parties that were perceived as '“mass” parties, especially the Catholic Centre and Social Democrats. These parties organized social-interest constituencies by appealing to “fairness” issues like suffrage, civil liberties, and fair taxation.
FR:
Avec l'unification de l'Allemagne, le nationalisme devient une partie intégrante de la vie politique jusqu’à ce que son rôle soit remis en cause par les revendications sociales dans les années 1890. Durant les premières décennies du Reich, les campagnes de harcèlement contre les minorités, comme les catholiques, les Polonais et les socio-démocrates aident à resserrer les liens des forces gouvernementales, particulièrement lors des élections nationales. Le cartel électoral de 1887, en particulier, a créé une coalition patriotique qui saura jouer un rôle important dans la vie politique durant plus de vingt ans. Cependant, l'union de la coalition nationaliste devient de plus en plus difficile à maintenir durant les années 1890, alors que les partis du cartel perdent leur soutien, se dispersent et se font concurrence. Le gouvernement tente de soutenir ses alliés, mais ses efforts ne peuvent empêcher la désintégration du cartel. Fait révélateur, il est incapable de se servir des questions navale et tarifaire (Sammlungspolitik) lors des campagnes électorales de 1898 et de 1903. Le soutien électoral du peuple va aux partis de masse, notamment le Centre et le parti social-démocrate. Ces partis font vibrer Ia conscience sociale de leur clientèle électorale en faisant porter leurs revendications sur le suffrage, les libertés civiques et sur des impôts équitables.
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Working-Class Standards of Living in Late-Victorian Urban Ontario: A Review of the Miscellaneous Evidence on the Quality of Material Life
David Gagan and Rosemary Gagan
pp. 171–193
AbstractEN:
Owing to the lack of long series of data pertaining to wages and retail prices, the analysis of standards of living in late-Victorian Ontario presents unusually difficult problems for the social historian. Following the model adopted by the participants in the earlier British standard-of-living debate, this study attempts to mitigate those difficulties, to some extent, by examining a wide range of miscellaneous sociological and economic evidence generated by government agencies, usually for other purposes. A review of the data pertaining to employment, wages, savings, consumption, the accumulation of real wealth, public health and social pathology in urban Ontario between 1875 and 1900 suggests that the 1880s was a decade of rising expectations in terms of employment, consumption, savings and the distribution of wealth following the social and economic upheaval associated with the depression of the late 1870s. However, the evidence also suggests that the marginal gains made in working-class standards of living in the 1880s were largely compromised in the 1890s as the environmental effects of industrialization and urbanization began to be experienced in full measure.
FR:
En l'absence de séries complètes de statistiques sur les salaires et les prix de vente au détail, l'analyse du mode de vie à la fin du XIXe siècle en Ontario pose de sérieuses difficultés aux spécialistes de l'histoire sociale. En suivant le modèle adopté par les participants à un débat précédent sur le mode de vie en Angleterre, cette étude tente, jusqu'à un certain point, de pallier ces difficultés en examinant une vaste gamme de données socio-économiques obtenues généralement à d'autres fins, par les organismes gouvernementaux. Un examen des données sur l'emploi, les salaires, l'épargne, la consommation, l’enrichissement, la santé publique et l’état pathologique de la société urbaine en Ontario de 1875 à 1900, permet de croire que la décennie 1880 en fut une d'espoirs croissants en termes d'emploi, de consommation, d'épargne et de distribution de la richesse, suite aux bouleversements sociaux et économiques provoqués par la crise économique de la fin des années 1870. Les renseignements laissent cependant croire que l’amélioration du mode de vie de la classe ouvrière obtenue dans les années 1880 fut largement remise en question dans les années 1890, tandis que celle-ci subissait de plein fouet les conséquences environnementales de l'industrialisation et de l'urbanisation.
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Ethnic Farmers and the “Outside” World: Mennonites in Manitoba and Nebraska, 1874-1900
Royden Loewen
pp. 195–213
AbstractEN:
Historians have suggested that two types of farmers settled on the Canadian prairie; one was the commercially oriented Anglo-Canadian farmer, the other was the European ethnic group settler bent on transplanting an “Old World” way of life on the periphery of mainstream society. These latter settlements — comprised of Ukrainians, German-Catholics, French-Canadians, Doukhobors, and Mennonites — have been described as isolated “ethnic islands in a Canadian sea”. This essay, however, argues that even the Mennonites or rural, sectarian, immigrant communities were not dependent on geographical isolation or a transplanted subsistence agriculture. It suggests that their aims were to reproduce their ethnic communities with financial resources derived from a judicious interaction with the marketplace and an adaption of agricultural practices to a new physical environment. It counters the impression that, while Anglo-Canadian farmers adapted quickly to the exigencies of their environments, ethnic farmers like the Mennonites transplanted their traditional ways without change.
The essay focuses on the experience of a small but representative Mennonite immigrant group, the “Kleine Gemeinde”, who settled in both the East Reserve, Manitoba, and in Jefferson County, Nebraska in 1874. The writings of these farmers and the parallel Canadian and American public record suggest that these ethnic farmers adapted quickly to their new environments. New climates, labour conditions, and markets brought changes to their crop selections, levels of mechanization, and cultivation practices. The East Reserve farms were relatively small, mixed operations but, it is argued, that rather than suggesting a peasant existence, these facts point to rational market choices in a relatively primitive Manitoba economy. Changes that these Mennonite farmers made during their first generation in Canada reflect the development of Manitoba's economy. A comparison of East Reserve with its sister settlement in Nebraska indicates that, between 1874 and 1900, the two communities diverged significantly in their farming practices. That divergence reflected differences in the economy and physiography of Manitoba and Nebraska. More important than cultural predispositions in shaping their agriculture was the Mennonites' willingness to adapt to a new climate and cultivate a sustained relationship with the markets of the “outside world”.
FR:
Les historiens ont longtemps cru que la grande prairie canadienne avait été peuplée par deux types de fermiers : le fermier anglo-canadien qui possédait un sens inné du commerce et le paysan ethnique qui, installé à l'écart de la société dominante, gardait ses habitudes du vieux continent. Les établissements composés d'Ukrainiens, d'Allemands catholiques, de Canadiens français, de Doukhobors et de Mennonites, étaient perçus comme des groupuscules ethniques noyés dans un monde canadien. L'hypothèse de travail de cette étude cherche à montrer que les Mennonites, à l'instar de toutes les collectivités rurales, religieuses et immigrantes, n'étaient pas isolés géographiquement et qu' ils ne pratiquaient pas une économie de subsistance. Cette étude démontre en fait que ces colons avaient pour but de maintenir leur caractère ethnique tout en s'enrichissant par des activités commerciales judicieuses et en adaptant leur agriculture à leur nouvel habitat. Cette analyse vient contredire le courant de pensée qui aime croire que seuls les fermiers anglo-canadiens ont pu s'adapter rapidement à leur milieu et que les colons ethniques comme les Mennonites ont conservé leurs habitudes traditionnelles sans y apporter la moindre modification.
Cet article porte sur l'expérience d'un groupe restreint, mais fort représentatif, d'immigrants Mennonites, le « Kleine Gemeinde », qui se sont installés dans la réserve de l'Est au Manitoba et dans le comté de Jefferson, au Nebraska en 1874. Les écrits de ces fermiers et les dossiers que les gouvernements canadien et américain ont conservés sur eux laissent croire que ces fermiers se sont en fait rapidement adaptés à leur nouvel habitat. Les climats nouveaux, les conditions de travail et les marchés les ont forcés à modifier leur choix de récoltes, leurs pratiques agricoles et à se mécaniser à certains degrés. Les fermes de la réserve de l'Est étaient relativement petites et polyvalentes. Au lieu d'entrevoir un simple mode de vie paysan, ces faits tendent à démontrer qu'ils avaient fait des choix éclairés pour s'adapter aux conditions du marché de l'économie rurale primitive du Manitoba. Les changements réalisés par la première génération de fermiers mennonites au Canada reflètent le développement économique du Manitoba. Une comparaison de la réserve de l'Est avec la communauté mennonite du Nebraska indique qu'entre 1874 et 1900, les deux collectivités se sont distinguées de façon significative par leurs pratiques agricoles. Cette distinction confirmait les différences économiques et géographiques entre le Manitoba et le Nebraska. La volonté des Mennonites de s'adapter à leur nouveau milieu et de se mettre en rapport avec les marchés extérieurs à leur propre monde s'est avérée plus importante que leurs habitudes culturelles en agriculture.
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Creating a New Staple: Capital, Technology, and Monopoly in British Columbia’s Resource Sector, 1901-1925
Jeremy Mouat
pp. 215–237
AbstractEN:
This paper examines the mining industry of British Columbia, the province's leading staple during the period when the region was brought within the network of world trade. Specifically, it describes the emergence of zinc production as the most profitable sector of the industry, from the early 1900s through to the mid-1920s. A good deal of importance was attached to discovering some means of treating zinc ore in the early 1900s. Increasing amounts of zinc were being found in the silver-lead ore of eastern British Columbia. Zinc was seen as a contaminant, and smelters penalised mine-owners who shipped ore that was over 10 per cent zinc. The presence of zinc rendered relatively valuable ore (in terms of its silver and lead content) uneconomical. Concern over “the zinc problem” was such that, by 1905, the federal government, responding to the lobbying efforts of mine-owners, appointed a commission “to Investigate the Zinc Resources of British Columbia and the Conditions Affecting Their Exploitation”. During the next twenty years, mining companies in the Kootenays explored a number of different ways to overcome zinc's unfortunate impact upon the mining industry.
These efforts to discover an adequate means to treat zinc ore illustrate the way in which technology and capital became the key ingredients of a distinctively new mining industry. The paper argues that the emergence of zinc mining reflected a fundamental restructuring of the industry, as the focus shifted from the discovery and exploitation of bonanza deposits of gold and silver to the less spectacular production of copper, lead, and zinc. Technology, economies of scale, and substantial capital investment were the hallmarks of the new industry. Not only was the industry profoundly altered — experiencing what other scholars have described as the second industrial revolution — but new vertically integrated companies displaced the traditional mining company.
The paper describes the clearest example of this trend, outlining the early career of the Consolidated Mining and Smelting Company of Canada [Cominco], a subsidiary of the Canadian Pacific Railway. Cominco was able to put in place the necessary technology to tap its enormous lead-zinc deposit at Kimberley, and successfully treat zinc at its Trail refinery. Within two decades, and largely as a result of its ability to treat zinc, Cominco became the most profitable mining company ever to operate in British Columbia. The conclusion suggests some consequences of Cominco's ascendancy.
FR:
Cet article porte sur l’industrie minière en Colombie-Britannique, le secteur qui devait fournir le principal produit commercial de la province au moment de sa percée sur les marchés internationaux. Plus particulièrement, l'auteur se penche sur l'essor, entre 1900 et 1925, de la production du zinc qui deviendra le secteur le plus rentable de l'industrie minière.
Au début du XXe siècle, on déploie beaucoup d'efforts pour transformer le zinc, car sa présence malencontreuse se fait déplus en plus sentir dans les gisements d'argent et de plomb de l’est de la Colombie-Britannique. Le zinc est alors considéré comme un déchet et les raffineries pénalisent les propriétaires de mines qui livrent du métal en contenant plus de dix pour cent. La présence de zinc rend peu rentables les gisements d'argent et de plomb. Le problème du zinc soulève tellement de préoccupations que le gouvernement fédéral, en réponse aux pressions des propriétaires de mines, met sur pied en 1905 une commission d'enquête sur les gisements de zinc en Colombie-Britannique et leur exploitation. Au cours des vingt années suivantes, les compagnies de la région des Kootenays chercheront par tous les moyens à surmonter les effets néfastes du zinc sur l'industrie minière.
Les recherches sur la transformation du zinc montrent comment la technologie et le capital sont devenus les piliers d'une nouvelle industrie minière. L'auteur affirme que l’exploitation du zinc a entraîné une restructuration fondamentale de l'industrie, puisque cette activité économique, auparavant basée sur la découverte fortuite et l'exploitation des filons d'or et d'argent, s'est déplacée vers l'exploitation plus rationnelle du cuivre, du plomb et du zinc. La technologie, les économies d'échelle et les capitaux massifs constituent les caractéristiques de cette nouvelle industrie. Ce secteur industriel s'est transformé radicalement, pour s'inscrire dans ce que les universitaires appellent la seconde révolution industrielle, et la concentration verticale de certaines entreprises leur a permis de déloger les compagnies minières traditionnelles.
En brossant un tableau des débuts de la Consolidated Mining and Smelting Company of Canada (Cominco), filiale du Canadien Pacifique, l'auteur présente le meilleur exemple de ce mouvement de concentration. Cette compagnie fut en mesure de réunir la technologie nécessaire à l'exploitation des larges gisements de plomb et de zinc à Kimberley et au raffinage du zinc à Trail. En moins de deux décennies, et grâce surtout au raffinage du zinc, la Cominco devint la compagnie minière la plus rentable de la Colombie-Britannique. La conclusion examine certaines conséquences de la croissance de la Cominco.
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Preparing the Welfare State: American Unemployment Reform in the Early Twentieth Century
Udo Sautter
pp. 239–256
AbstractEN:
Efforts have recently been made to trace the origins of some of the New Deal's programmes back to the Hoover administration. Activities to combat unemployment, however, have a prehistory beginning in the last third of the nineteenth century. Realizing that modern unemployment was an environmental rather than an individual problem, progressive reformers as well as bureaucrats endeavoured to find solutions. By the time of the entry of the United States into World War I, the major measures — counting, labour exchanges, public works, and unemployment insurance — had been devised and some testing had begun. The postwar years and the early 1920s served as a period of reflection and refinement. Rising unemployment from about 1927 on and, moreso, the onset of the Great Depression, gave opportunity to examine more thoroughly the instruments developed by then. Some fine-tuning occurred, and on his accession to the presidency F. D. Roosevelt found a ready-made instrumentarium to use.
FR:
Des recherches ont récemment été entreprises pour faire remonter certains programmes du New Deal à l’administration du président Hoover. En fait, c'est durant le dernier tiers du XIXe siècle que les premières mesures de lutte contre le chômage furent établies. En considérant le chômage comme un problème conjoncturel plutôt que personnel, les réformateurs et les bureaucrates purent se lancer à la recherche de solutions. Au moment de l'entrée des États-Unis dans la Première Guerre mondiale, les principales mesures telles que recensements, échanges d'emploi, travaux publics et assurance-chômage avaient déjà été trouvées et certains essais avaient été effectués. L'après-guerre et les débuts des années 1920 ont servi de période de réflexion et de perfectionnement. La hausse du chômage, à partir de 1927 et, plus encore, la crise économique de 1929, permirent d'examiner soigneusement les mesures en place à cette époque. Quelques mises au point furent faites, et lors de son élection à la présidence, Franklin Delano Roosevelt possédait déjà un instrument efficace pour sa lutte contre le chômage.
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The Sin of Laura: The Meaning of Culture in the Education of Nineteenth-Century Women
Marjorie R. Theobald
pp. 257–271
AbstractEN:
In the iconography of nineteenth-century female education, the centralfigure is a woman at the piano. This figure embodies a form ofeducation, the female "accomplishments" — music, art, modern languages, literature, and the natural sciences — which was widespread in Britain by the end of the eighteenth century and which spread rapidly throughout the English-speaking world. Yet this form of education has been overlooked or dismissed by both mainstream and feminist historiography.
This paper considers the rise of the accomplishments curriculum as a precursor to the emergence, late in the nineteenth century, of the “worthwhile education” of women. This earlier development, in the author's view, requires a reconsideration of that sacred cow of feminist theory, the man/culture, women/nature dichotomy. A study of the female accomplishments also illustrates the earlier rise of the enduring and oppressive myth that there is a natural affinity between the humanities and the female mind — with its equally enduring implication that there is a natural affinity between science and the male mind.
Historians of the Edwardian period have noted that the rational, scientific frame of mind, which underpinned the capitalist exploitation of the natural world, was considered to be a "natural" male predilection. Feminist historians have rightly exposed the use of this pseudo-science as a justification of the contemporary intellectual subjugation of women. They have, however, failed to note that intellectual attitudes which were evident more than a century earlier, and which underpinned the emergence of the female accomplishments, ensured that women would be excluded from the great intellectual adventure of the twentieth century.
FR:
L'éducation féminine du XIXe siècle a traditionnellement été personnifiée par une femme au piano, laquelle représente une forme d'éducation, soit les « talents » féminins tels que la musique, les beaux-arts, les langues vivantes, la littérature et les sciences naturelles. À la fin du XVIIIe siècle, cet enseignement était déjà fort répandu en Angleterre et dans tout le monde anglo-saxon, mais les historiens traditionnels et les spécialistes de l'histoire des femmes l'ont soit ignoré, soit rejeté.
On verra dans cet article que l’accumulation des connaissances féminines a donné naissance à l’éducation « utile » des femmes, à la fin du XIXe siècle. Selon l'auteur, cette éducation remet en question l'une des vérités fondamentales de la pensée féministe, l'opposition de l'homme-culture à celle de la femme-nature. L'analyse de l'éducation féminine permet aussi de voir surgir ce mythe persistant et oppressif de la prétendue affinité naturelle entre les sciences humaines et l’esprit féminin, ainsi que son corollaire sur l'appropriation de la science par l'esprit masculin.
Au début du XXe siècle, les historiens croyaient que la logique scientifique sous-jacente à l’exploitation capitaliste des ressources naturelles était l'apanage de l'homme. Les historiens féministes ont, avec raison, vu dans ce raisonnement pseudo-scientifique une rationalisation intellectuelle de l'oppression de la femme. Ils ont cependant négligé de noter que ce sont les attitudes intellectuelles adoptées plus d'un siècle auparavant qui ont empêché les femmes de participer aux grandes découvertes du XXe siècle.
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Un site exceptionnel d’archéologie industrielle en Belgique : Les établissements et la cité ouvrière du Grand-Hornu, 1820-1835
Hubert Watelet
pp. 273–292
AbstractFR:
Les établissements du Grand-Hornu, qui constituent aujourd’hui un site privilégié de l’archéologie industrielle, furent pratiquement à l’origine de ce domaine de recherche en Belgique. Après un bref aperçu sur la façon dont on put préserver le site au cours des dernières décennies, cet article offre une double perspective : celle de l’archéologie industrielle et celle de la Public History. La première montre l’intérêt de l'étude architecturale de ces établissements pour la connaissance d’un passé industriel. Car il ne s’agit pas seulement d'une architecture industrielle, mais aussi d’une architecture de prestige. Il y eut d’ailleurs souvent équilibre, ou même harmonie entre le grandiose et le fonctionnel dans la construction des bâtiments principaux de cette entreprise minière. D’un autre côté, notre analyse voulut aussi répondre, initialement, aux intérêts des responsables et des visiteurs du site. C’est pourquoi elle s’efforce d’éviter l'abstraction, ou le recours à une terminologie trop technique.
EN:
The Grand-Hornu industrial plant, which is today an important site for industrial archeology, was virtually at the origin of this field of research in Belgium. After a brief survey of the way in which the site has been successfully preserved over the last decades, this article presents a dual perspective: from the viewpoint of industrial archeology and from that of Public History. The first approach shows the value of an architectural study of the plant for our knowledge of the industrial past, for this is not only functional architecture, but also grandiose architecture affirming social prestige. Moreover, there was often a balance or even a harmony between the grandiose and the functional in the construction of the main buildings of this mining enterprise. On the other hand, this analysis also tries to take into account the interests of those in charge of the site and of tourists who visit it. For this reason it avoids abstraction or highly technical terminology.
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Selling Beaver Skins in North America and Europe, 1720-1760: The Uses of Fur-Trade Imperialism
Thomas Wien
pp. 293–317
AbstractEN:
Historians have tended to assume that, during the last decades of French rule in Canada, competition in the fur trade and the imperial contest in North America ran along the same lines. The posts of the rival empire on Hudson Bay or south of Lake Ontario are thought to have posed the main threat to the fortunes of the Montreal-based traders established in the heart of Indian lands. This article assesses the evidence for price competition between such distant antagonists in the trade in beaver. Owing to the Compagnie des Indes' pricing policies, this commodity usually fetched a lower price in the French trading system than it did in the one centred on London. There is little sign of a response in the distribution of beaver receipts to changes in the intercolonial price differential. This suggests that Canadian merchants exaggerated the force of foreign competition in order to lend weight to their appeals to the state for an increase in the price of beaver. The paper concludes that the obsession with the external foe, which the official sources have transmitted to historians, has obscured the internal dynamic of the Canadian fur trade during these years.
FR:
Les historiens supposent généralement que pendant les dernières décennies du Régime français au Canada, la concurrence dans le commerce des fourrures suivait les lignes deforce de la rivalité impériale en Amérique du Nord. Situés sur la baie d'Hudson ou au sud du lac Ontario, les postes de l'empire adverse auraient constitué la principale menace pour les commerçants montréalais établis au coeur du pays indien. Cet article cherche les traces d'une telle concurrence à distance dans le commerce du castor. Il s'agit là d'une fourrure que les politiques de la Compagnie française des Indes rendaient moins chère dans le système commercial français que dans celui centré sur Londres. Or la distribution des recettes du castor entre les concurrents se montre peu sensible aux fluctuations dans cette différence intercoloniale des prix ; il semble bien que les marchands canadiens aient brandi l'épouvantait du concurrent étranger afin d'ajouter du poids à leurs demandes faites à l'Etat d'augmenter le prix du castor. Une conclusion s'impose : cette obsession d'un ennemi externe, transmise aux historiens par les sources officielles, a obscurci la dynamique interne du commerce canadien des fourrures au cours de cette période.