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Le monde de l’édition scientifique vit une transition depuis plusieurs années et la vive concurrence entre les revues pour être certaines d’obtenir les textes les plus innovateurs dans leur domaine oblige celles-ci à être de plus en plus créatives. En parallèle, l’écosystème de la recherche s’est aussi transformé. Il y a aujourd’hui une augmentation du nombre de chercheurs, qui subissent une pression accrue de la part de leur institution pour diffuser « rapidement » leurs travaux, notamment dans un but de recrutement étudiant, sans pour autant que les ressources nécessaires pour produire ces travaux soient au rendez-vous.
Considérant cette nouvelle réalité de plus en plus concurrentielle et les besoins émergents des chercheurs, auxquels s’ajoutent les exigences des organismes scientifiques finançant les publications savantes, le rôle des revues est appelé à s’élargir. Aux rôles traditionnels de production et de diffusion de connaissances, nous ajoutons maintenant celui de stimulation de la recherche sur les PME et l’entrepreneuriat. La figure 1 illustre ces rôles et tâches en trois temps de la RIPME.
Dans un premier temps, et vu la croissance du nombre de revues, d’événements et de supports à la diffusion des connaissances, la RIPME joue un rôle de stimulation pour nous rapprocher des auteurs dont les travaux justifient une publication dans une revue savante. Non seulement la RIPME continue de collaborer étroitement avec l’AIREPME, entre autres dans le cadre de son congrès, mais elle s’implique de plus en plus dans d’autres événements de même nature, en plus de se rapprocher du travail d’écriture des auteurs. En effet, depuis quelques années, l’équipe de la revue est engagée dans des activités d’accompagnement de chercheurs moins aguerris, peu familiers avec les codes de diffusion ou ayant de rares occasions de discuter de leur travail avec des chercheurs aptes et intéressés à les faire progresser. L’utilisation des outils numériques de communication a été sans conteste favorable à la multiplication de ces activités.
Dans un deuxième temps, le rôle traditionnel de production demeure central, mais ne se limite plus à l’évaluation des textes en matière de contribution aux connaissances. Il doit maintenant prendre en considération l’intégration de cette contribution et du détenteur de la propriété intellectuelle. Il existe aujourd’hui une multitude de sources de diffusion de textes savants, ce qui rend difficile le maintien de l’anonymat des auteurs, en plus d’accroître les comportements répréhensibles d’appropriation des travaux d’autrui. Face à ces enjeux, la RIPME peut compter sur le soutien du comité de déontologie de l’AIREPME.
Les nouvelles normes internationales nous contraignent également à réduire le plus possible les délais entre le dépôt d’un texte dans le processus de révision et son éventuelle publication et diffusion publique. Afin de concrétiser cet objectif, il est essentiel de pouvoir compter sur la collaboration des auteurs ET des évaluateurs. Nous faisons ici un appel à ces derniers pour renforcer leur respect des consignes existences, en plus d’introduire des nouveautés dans le processus.
Du côté des auteurs :
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Longueur des textes. Comme plusieurs autres revues l’ont fait avant elle, la RIPME a fait le choix de réduire la longueur maximale des textes soumis. Cette décision est entre autres liée aux coûts de production et de diffusion. La longueur maximale est maintenant de 10 000 mots (voir les consignes sur le site).
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Structure des résumés. Afin d’orienter la rédaction des résumés, la RIPME suggère maintenant une structure standardisée. Cette façon de faire permettra d’assurer une meilleure diffusion du contenu et de la valeur des articles notamment dans les bases de données de revues savantes (Proquest, EBSCO, etc.).
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Réponses aux commentaires des évaluateurs. Pour assurer un processus fluide, il est indispensable d’assurer une bonne communication entre les auteurs et évaluateurs, lesquels effectuent un travail bénévole rappelons-le. Cela ne veut pas dire qu’il faut être en accord avec tous leurs commentaires. Ils doivent cependant comprendre pourquoi, le cas échéant, leurs suggestions ne sont pas prises en considération. Cela demande des explications claires et justifiées.
Du côté des évaluateurs :
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Engagement. Le travail des évaluateurs est critique pour tout le processus scientifique. Pour être efficace, ce travail doit être empreint d’un réel engagement, de rigueur et d’intégrité. La collaboration des évaluateurs, avec qui s’engage la conversation scientifique entamée avec les auteurs, doit être assurée dès la première évaluation, et ce jusqu’à la décision finale.
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Respect des délais. Nous encourageons les évaluateurs à être plus attentifs au délai imparti pour déposer leur rapport. Bien que conscientes des multiples engagements que nos évaluateurs peuvent avoir, notre objectif de réduction des délais ne peut être réalisé sans cela.
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Clarté des rapports. Les rapports d’évaluation doivent fournir aux auteurs (ainsi qu’aux rédacteurs attitrés) des pistes claires pour améliorer leur texte. Plus ces commentaires sont précis, plus vite on arrive à une version finale qui satisfait aux exigences de la RIPME.
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Ouverture et humilité. Il est important de s’engager dans une conversation savante. À cet égard, les commentaires rédigés peuvent être contredits par un autre évaluateur. Cela place l’auteur dans une situation qui peut être inconfortable (mais souhaitable) et il doit juger de ce qui doit être retenu pour bonifier son travail. Dans ce cas, comme évaluateur, il faut accepter ces positions divergentes de votre proposition et voir comment cela a pu enrichir le travail original de l’auteur et mieux mettre en valeur sa contribution aux connaissances.
Le troisième rôle, celui de diffusion, a été renforcé fortement par l’environnement numérique. Non seulement les revues, comme le fait maintenant la RIPME, sont passées en mode virtuel, mais l’environnement numérique offre de belles occasions d’ajouter à ce rôle de diffusion. Que ce soit pour la mise en valeur de certains travaux, le partage d’expérience de nombreux acteurs de notre écosystème ou encore d’échanges dynamiques entre les membres de notre communauté. Dans sa volonté de se renouveler et répondre aux nouvelles réalités, la RIPME propose donc quelques nouveautés en ce sens. Nous nous inscrivons désormais dans une communication multimodale avec les acteurs de notre environnement de la recherche. Des formats vidéo et audios viendront compléter graduellement le format écrit (documents en version numérique) selon les sujets de diffusion et les besoins de notre communauté.
La RIPME a également voulu donner la parole aux auteurs de nombreux ouvrages qui contribuent à structurer notre champ de connaissances et à le faire évoluer. Cette nouveauté, pilotée par Véronique Favre-Bonté, propose ainsi, à chaque publication d’un numéro de la RIPME (disponible en format numérique : https://www.erudit.org/fr/revues/ipme/), une entrevue d’auteur qui sera diffusée sur notre chaîne YouTube[1]. En 2021, nous avons présenté des entretiens avec Michel Marchesnay, Christophe Schmitt et Olivier Torrès. De plus, les comptes rendus de lecture, qui sont toujours éclairants sur les ouvrages pertinents et utiles dans nos domaines sont présentés en format traditionnel écrit dans la Revue, mais aussi en format audio (balados, podcast). Grâce à l’oral, l’auteur peut mieux exprimer ses réactions face à l’ouvrage et enrichir ses commentaires.
La revue continue de soutenir voire d’encourager la production de numéros spéciaux qui souhaitent mettre en valeur un thème particulier pour susciter des débats et contribuer à accélérer l’avancement des connaissances. Comme on l’a vu au cours des dernières années, ces numéros stimulent la communauté grâce à une augmentation des textes sur les thèmes traités dans les années suivantes. En plus de permettre d’identifier de nombreux chercheurs experts dans un domaine particulier, on constate aussi des effets synergiques grâce à la reconnaissance d’auteurs francophones avec qui il est possible d’établir des collaborations. Les prochains numéros traiteront : de l’entrepreneuriat des femmes en contexte de crises (Constantinidis, Lebègue et Poroli, 2022) ; du repreneuriat comme voie entrepreneuriale forte (Cadieux, Duhamel et Gratton, 2023) ; de l’entrepreneuriat international et digital (Favre-Bonté, Catanzaro et Alexandre ; 2023) ; et nouveaux imaginaires de l’Afrique par l’entrepreneuriat (Gueye, Ngaha Bah, Song-Naba, Dan Rani Guero et Germain, 2024).
Finalement, nous réitérons notre volonté de publier, en français, les connaissances scientifiques les plus à jour sur les PME et l’entrepreneuriat. Nous reconnaissons ne pas être conformes aux tendances dans la publication scientifique, mais nous demeurons convaincues de la pertinence de notre décision. Le débat sur l’anglicisation de la connaissance scientifique n’est pas récent, et on constate qu’il est toujours aussi vif comme le montrent Blanchet et Berrier-Lucas (2021), ou Chanlat (2014). Nous nous permettons ici de citer Chanlat (2014) au sujet de la défense de la langue française dans la publication scientifique en gestion et à laquelle nous adhérons entièrement : « Cette défense n’est pas un signe de fermeture. Au contraire, c’est un témoignage de notre vitalité collective. Nous devons donc éviter plusieurs écueils, celui d’une vision purement instrumentale de la langue, celui de la confusion entre production et diffusion, celui d’un abandon de notre langue par mépris de soi et celui de nous ramener à un univers plus petit que ce que nous sommes réellement. » (p. 14). Comme l’expliquent Blanchet et Berrier-Lucas (2021), une langue n’est pas neutre et n’est pas simplement un objet de communication. La langue est aussi le reflet de la pensée ce qui, dans le cas d’une revue savante, est l’essence même de la compréhension de la complexité de notre objet de recherche.
Ce choix se justifie évidemment par la mission originale définie par les créateurs de la RIPME il y a 35 ans (anniversaire que nous soulignerons dans le prochain numéro), mais aussi par l’importance de pouvoir communiquer des résultats originaux dans toute leur complexité dans une langue qui permette à l’auteur de préserver sa culture ainsi que sa façon de penser et de s’exprimer. Nous partageons la position de Blanchet et Berrier-Lucas (2021) qui, en rappelant les conclusions d’un rapport du CNRS sur l’importance des revues françaises, répondent : « elles servent à permettre des formes d’expression originales, à protéger le pluralisme théorique et empirique, à produire des connaissances pour les organisations, les décideuses et décideurs politiques et la société civile » (p. 4). En tant que revue produite au Québec, nous souhaitons confirmer le besoin de la francophonie hors France de s’exprimer aussi dans cette langue riche et nuancée. C’est pourquoi la RIPME a toujours été ouverte sur les différents espaces géographiques et favorise la diffusion de travaux produits dans cette communauté diverse, qu’elle soit en Afrique, en Amérique du Sud, en Europe de l’Est ou en Asie présentant des réalités multiples, mais partageant la même langue. Cette diversité et richesse internationale se retrouve également dans le comité de rédaction et le comité scientifique de la RIPME.
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Appendices
Note
Références
- Blanchet, V. et Berrier-Lucas, C. (2021). Une alternative à l’hégémonie anglophone : enjeux et propositions. Revue de l’organisation responsable, 16(3), 3-12.
- Chanlat, J.-F. (2014). Langue et pensée dans le champ de la recherche ne gestion : constats et enjeux et atouts de la langue française. Annales des Mines – Gérer et comprendre, 115, 4-17.