Rubrique sur la mobilisation des connaissances

Procès-verbal d’une collaboration entre les chercheurs et les praticiens sur la problématique de la transition des petites et moyennes entreprises (PME) dans le secteur formel au Cameroun[Record]

  • Benjamin Fomba Kamga,
  • Vincent de Paul Mboutchouang and
  • Mathieu Juliot Mpabe Bodjongo

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  • Benjamin Fomba Kamga
    Centre d’études et de recherche en économie et gestion (CEREG) de l’Université de Yaoundé II, Centre de recherches en microéconomie appliquée (REMA), Cameroun

  • Vincent de Paul Mboutchouang
    Centre d’études et de recherche en économie et gestion (CEREG) de l’Université de Yaoundé II, Centre de recherches en microéconomie appliquée (REMA), Cameroun

  • Mathieu Juliot Mpabe Bodjongo
    Centre d’études et de recherche en économie et gestion (CEREG) de l’Université de Yaoundé II, Centre de recherches en microéconomie appliquée (REMA), Cameroun

La prépondérance du secteur informel constitue une des caractéristiques structurelles des pays en développement (PED). L’intérêt pour ce secteur se justifie non seulement par les coûts induits de l’informalité sur l’activité économique, mais aussi à l’importance et la dynamique des activités informelles dans les PED. En effet, le développement des activités informelles constitue une source d’évasion fiscale et entretient l’expansion d’une niche d’emplois précaires. Aussi, l’essor de la pratique d’activités économiques dans le secteur informel restreint l’accès non seulement à la justice et aux financements disponibles dans le circuit bancaire formel, mais aussi à certains contrats commerciaux publics ou privés. Toutefois, force est de constater qu’au Cameroun, le secteur informel ne s’est pas contenté de coexister avec le secteur formel, il a contribué à la mutation du marché de l’emploi et il domine la création de valeur ajoutée nationale. En effet, les données disponibles estiment à 57,6 % la contribution du secteur informel au PIB du Cameroun en 2003 (Charmes, 2012) et mettent en évidence une augmentation de la part des emplois dans le secteur informel qui est passée de moins de 50 % en 1987 à 88,6 % en 2014. L’importance croissante du secteur informel dans la création de valeur ajoutée et d’emploi fait de la formalisation des entreprises un enjeu stratégique au Cameroun. Sur ce point, le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (MINEPAT, 2009) indique que la migration du secteur informel vers le secteur formel constitue une solution idoine pour l’accroissement de l’offre d’emplois décents. Dans cette optique, l’État a retenu, entre autres mesures, la facilitation de l’enregistrement administratif et l’assouplissement de la réglementation en matière d’entrepreneuriat. Sur le plan opérationnel, ces mesures se sont traduites par la création ou la reforme des institutions importantes. Il s’agit, entre autres, de : En dépit de ces mesures, l’environnement réglementaire, dans lequel les entreprises se créent et se développent leurs activités, reste peu favorable. Le rapport Doing Business 2018 classe le Cameroun 163e pays sur 190 en termes de facilité pour les entreprises à faire des affaires. De plus, la proportion d’entreprises informelles reste prédominante ; le recensement général des entreprises de 2009 établit que 87 % des firmes exerçant au Cameroun sont informelles. Cet état des lieux a conduit l’Organisation internationale du travail (OIT) à appuyer une enquête, menée par nos soins en 2017, auprès des entreprises informelles du Cameroun. L’objectif clé de cette enquête consistait à éclairer le débat sur la migration des entreprises informelles dans le secteur formel. De manière spécifique, il s’agissait de mobiliser des informations originales pour comprendre les facteurs qui expliquent le statut informel des entreprises au Cameroun, en éprouvant (i) le potentiel rôle de la connaissance des administrations en charge de la formalisation, (ii) la perception des entrepreneurs vis-à-vis des administrations en charge de la formalisation, (iii) la collaboration entre ces deux acteurs, (iv) la disponibilité et la qualité des services d’accompagnement des entrepreneurs et (v) la dynamique de la formalisation des entreprises depuis leur création. L’absence de cadre statistique actualisé à même de fournir une idée claire et précise sur la formalisation des entreprises a encouragé les autorités publiques en concordance avec l’OIT à solliciter une expertise en vue de la réalisation d’une étude sur la dynamique de la formalisation des entreprises au Cameroun. Plus précisément, il était question de réaliser une enquête, dont l’objectif était de comprendre les facteurs qui expliquent la trajectoire de formalisation des firmes, en appréciant non seulement leurs connaissances et leurs perceptions sur la réglementation et des administrations qui en ont la charge, mais aussi leurs témoignages sur la disponibilité et la qualité …

Appendices