Comptes rendus de lecture

Les PME en marche vers le développement durable, Sous la direction de François LABELLE, Chantal HERVIEUX et Marie-France TURCOTTE, Presses de l’Université du Québec, Collection Entrepreneuriat & PME 2014, 240 p.[Record]

  • Sandrine Berger-Douce

…more information

  • Sandrine Berger-Douce
    Professeure en sciences de gestion, École des mines de Saint-Étienne, Institut Henri Fayol, Laboratoire Coactis (EA4161)

Les rapports du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) et la conférence de la COP 21 à Paris en décembre 2015 insistent sur l’impérieuse nécessité de s’engager en faveur du développement durable. Sans une réaction rapide et d’ampleur, c’est le monde tel que nous le connaissons depuis des décennies qui court à sa perte… L’ampleur du phénomène ne se limitant pas au Québec d’où sont issus les contributeurs à cet ouvrage collectif, il est urgent de passer à l’action sur le terrain. Par ailleurs, les auteurs rappellent dès l’introduction la place incontournable des PME dans les économies (98 % des entreprises, 70 % des emplois et 40 % du PIB au Canada). D’où l’intérêt de cet ouvrage pour tous ceux qui sont préoccupés par l’avenir de notre planète et par le rôle joué par les PME dans ce débat ! Une enquête menée par l’un des auteurs (François Labelle) auprès de 500 PME québécoises à l’hiver 2014 indique que 40 % des dirigeants de ces organisations ne connaissent pas le concept de développement durable. « Pratiquement aucune de ces PME ne consulte ses parties prenantes pour ses décisions, n’a établi des indicateurs pour mesurer les impacts de ses choix, ni ne communique ses actions aux parties prenantes internes et externes. » (p. 8). Ces constats invitent à la plus grande modestie s’agissant de développement durable en PME, malgré l’engouement pour ce thème depuis une quinzaine d’années dans le monde académique. L’ouvrage est structuré en sept chapitres : les trois premiers remettent en question quelques idées reçues sur les PME et le développement durable tandis que les quatre suivants analysent des pratiques de gestion concrètes susceptibles de guider les PME sur la voie du développement durable. Le chapitre 1 par Pierre-André Julien dénonce la croyance en la supériorité des grandes entreprises, notamment de leurs économies d’échelle, sur les PME en matière de développement durable. Comme le conclut l’auteur : « En résumé, si l’on oblige les grandes entreprises à intégrer les externalités négatives (les coûts de la pollution et autres coûts sociaux) dans leurs coûts de production, leur taille devrait diminuer au profit des PME, en général plus respectueuses de l’environnement, tout en permettant de restreindre ces coûts pour le bénéfice de toute la collectivité. » (p. 37). Sans doute une piste à suivre de près du côté des politiques publiques pas toujours alignées sur cette question de l’intégration des externalités négatives… Le chapitre 2 rédigé par Josée St-Pierre, Camille Carrier et Kristina Pilaeva nuance l’idée selon laquelle les femmes auraient une prédisposition favorable à l’égard du développement durable. Dans la lignée de Pandey (2010) et de son « écoféminisme », les auteures ont mené une enquête auprès de 433 dirigeants de PME québécoises, dont 132 femmes de manière à tester l’hypothèse selon laquelle les entrepreneurs féminins adopteraient un comportement spécifique relativement au développement durable et à son poids dans la performance. Leurs résultats montrent que si les femmes favorisent davantage que les hommes les dimensions liées au développement durable dans leur entreprise, ces dimensions sont néanmoins moins fortement associées à la performance pour les femmes. Le chapitre 3 coécrit par François Labelle, Kadia Georges Aka, Nohamed Nabil El Mabrouki et Yves-Cédric Koyo est consacré à la possibilité d’envisager les grandes entreprises et les PME comme deux univers compatibles, tout du moins pas si hermétiques qu’au premier abord. Les auteurs s’appuient sur des études de cas de deux PME et de deux grandes entreprises québécoises. La perspective différenciatrice omniprésente dans la littérature mérite ainsi d’être nuancée s’agissant de la responsabilité perçue envers un ensemble élargi de parties prenantes, …

Appendices