Comptes rendus de lecture

Gestion de l’innovation : comprendre le processus d’innovation pour le piloter, Thomas Loilier et Albéric Tellier (2013). 2e édition. France, Éditions Management & Société, 527 p.[Record]

  • Lise Préfontaine

…more information

  • Lise Préfontaine
    Professeure associée, Université du Québec à Montréal

Partant du leitmotiv « innover pour mieux performer », les deux coauteurs de Gestion de l’innovation offrent au lecteur les clés pour mieux décrypter son environnement de travail et améliorer ses pratiques de management des projets d’innovation. La démarche qu’ils proposent se divise en deux étapes, d’abord comprendre le processus de l’innovation en première partie du livre (quatre chapitres) pour, par la suite, mieux le piloter en deuxième partie (quatre chapitres). Le tout s’appuie sur une reconnaissance du caractère complexe, voire paradoxal du processus d’innovation qu’ils utilisent de manière constructive en présentant les différentes problématiques inhérentes à la gestion de l’innovation. Les auteurs définissent les connaissances accumulées à ce jour et souvent les modélisent, et illustrent leurs propos à l’aide d’exemples issus de cas réels dans 135 encadrés qui en facilitent la compréhension. Le livre s’adresse d’abord et avant tout à une clientèle universitaire, mais peut présenter un certain intérêt pour les décideurs et acteurs concernés par les projets d’innovation. Qu’est-ce que l’innovation ? Le premier chapitre répond à cette question par un survol des différentes typologies de l’innovation : la nature de l’innovation de prestation, de procédé ou d’organisation ; les degrés d’innovation, de rupture ou de continuité, radicale ou incrémentale ; et le dilemme exploitation versus exploration. La seconde partie du chapitre présente le processus en tant que passage de l’idée à des produits, des services ou des procédés exploités sur le marché. Ce passage est à la fois séquentiel (recherche-développement-industrialisation-commercialisation) et interactif, c’est-à-dire un mouvement de va-et-vient entre partenaires, un transfert d’information menant peu à peu à la stabilisation de l’innovation. Mais peut-on véritablement différencier innovation de développement technologique ? Le chapitre deux aborde les cycles schumpétériens, les révolutions industrielles et les systèmes techniques. À travers les exemples tels ceux de la carte à puce, de l’imprimante 3D, des SMS et du DVD, le lecteur découvre les concepts de cycle de vie et de compétition entre technologies. Parce que la compétition technologique s’avère à la fois risquée et incertaine, la capacité d’adaptation de l’entreprise et sa vitesse de réaction sont souvent décisives. La stratégie d’innovation détermine pourquoi, quand, quoi, comment et avec qui innover en vue de développer un avantage concurrentiel et le maintenir. Elle constitue le chemin que se trace l’organisation pour constamment améliorer sa performance. La théorie de l’avantage concurrentiel de Porter (1985) inspire donc la première section du chapitre trois. Ce positionnement concurrentiel de l’entreprise est également tributaire du temps ; face à une innovation, l’entreprise doit-elle viser la position de leader ou de suiveur ? L’effort de R&D doit supporter la position visée tout autant que le niveau d’aversion au risque. S’appuyant entre autres sur les recherches de Clark, de Fugimoto, de Stalk et de Wheelwright, les auteurs en arrivent à la conclusion qu’innover en rafale constitue « la » capacité clé que doit rechercher toute entreprise, qu’elle s’inspire de l’approche classique ou évolutionniste, qu’elle soit basée sur les ressources et compétences ou sur les capacités dynamiques. Si les investissements en innovation sont liés à leur rentabilité, la rente dépend quant à elle de la diffusion et de la protection de l’innovation, thèmes abordés au quatrième chapitre. Les théories classiques et sociologiques de diffusion de l’innovation sont visitées et critiquées. Suit un survol des moyens disponibles pour protéger l’innovation : marques, dessins et modèles, droits d’auteur, enveloppes Soleau, cahiers de laboratoire et brevets. Mais faut-il selon les mots des auteurs « laisser le loup entrer dans la bergerie » ? L’objectif visé est de bien doser les efforts de diffusion et de protection, de mobiliser un collectif de partenaires susceptibles de faciliter la …

Appendices