Chronique sur le métier de chercheur[Record]

  • Charlotte Cloutier and
  • Ann Langley

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  • Charlotte Cloutier
    HEC Montréal

  • Ann Langley
    HEC Montréal

En examinant les articles parus dans les revues scientifiques au cours des dernières années, on constate que la majorité d’entre eux ont été écrits par des chercheurs collaborant ensemble. L’article écrit par un auteur unique est de plus en plus rare et celui comportant de nombreux coauteurs est en voie de devenir la norme. Par exemple, lors de la conférence EGOS qui s’est tenue à Montréal en juillet 2013, un nombre étonnant des textes soumis comportaient quatre auteurs ou plus, quelque chose qui aurait été exceptionnel il y a dix ans. La recherche en équipe implique très souvent la coécriture. Comment se vit la coécriture au quotidien et comment faire pour s’assurer qu’elle se déroule sans difficulté majeure ? Nous avons pensé partager avec les lecteurs de la Revue internationale PME nos expériences respectives à ce sujet, à la fois parce que nous avons collaboré en de nombreuses occasions et parce que notre double perspective permet de contraster les expériences d’une chercheure en début de carrière avec celles d’une chercheure expérimentée. Cela fait déjà plusieurs années que je collabore avec Ann. J’ai été son étudiante de doctorat de 2004 à 2009 ainsi que son assistante de recherche pendant un certain temps, ce qui nous a permis de pondre différents projets au fil des ans, certains tirés de ma thèse et d’autres pas. Depuis que j’ai terminé le doctorat, j’ai aussi démarré des collaborations avec d’autres chercheurs, notamment avec des personnes que j’ai eu l’occasion de rencontrer lors de mon année postdoctorale à Oxford en 2010. Écrire un article avec son directeur de thèse est souvent la première expérience de collaboration vécue par l’étudiant au doctorat. Dans cette situation particulière, l’étudiant travaille avec son directeur ou sa directrice pour développer un article tiré de sa thèse ou encore il s’intègre dans un de ses projets. Dans mon cas, avec Ann, c’est elle qui m’avait d’abord confié un mandat d’assistante de recherche ; je devais faire une recension des écrits dans un domaine particulier. Ce travail qui, à l’origine, était censé être une revue systématique de la littérature, s’est transformé au fil du temps en un article théorique. Pour réaliser ce projet, nous procédions généralement de façon méthodique : je commençais par rédiger une première ébauche, puis Ann en prenait connaissance et, ensuite, nous nous rencontrions pour en discuter. On prenait alors des décisions sur les changements à apporter, les nouvelles idées à traiter, d’autres articles à considérer, etc. On se répartissait des tâches à accomplir et on fixait une date de tombée pour la prochaine étape. Ann prenait le relais pour l’écriture et nous recommencions le processus à tour de rôle jusqu’à ce que nous soyons toutes les deux satisfaites du résultat. Avec quelques variantes, notamment en ce qui concerne l’auteure de la première ébauche, je dirais que nos autres projets se sont aussi déroulés de cette façon. C’est comment écrire avec son directeur de thèse ? Je dirais que c’est un peu intimidant. Ann est très constructive, et je n’ai jamais hésité à dire ce que je pense ou à faire des suggestions sur le contenu ou la structure de nos papiers. Par contre, si elle n’est pas d’accord avec mes suggestions, je ne m’entête pas. Je pars du principe que c’est elle qui a l’expérience et que, conséquemment, c’est son avis qui doit avoir la priorité. J’agis de la même manière dans un autre projet où je collabore avec mon directeur de postdoctorat et un autre chercheur qui a aussi beaucoup d’années d’expérience. On discute beaucoup et j’ai toujours l’impression que ma contribution est valorisée. Cependant, s’ils n’aiment pas …