Comptes rendus

André Joyal, Mohamed Sadeg et Olivier Torrès, La PME algérienne et le défi de l’internationalisation – Expériences étrangères, Paris, L’Harmattan, 2010, 371 p.[Record]

  • Michel Marchesnay

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  • Michel Marchesnay
    ERFI, Université de Montpellier

Cet ouvrage de presque 400 pages est tiré des actes d’un colloque qui s’est déroulé en Algérie. On ne saurait mieux dire qu’il possède un caractère international, puisqu’il a suscité la contribution de collègues du Québec, d’Algérie et de France. Le titre est plutôt trompeur, car il laisse entendre que toutes les interventions sont reliées uniquement au « cas » algérien. Il n’en est rien, puisqu’après une introduction lumineuse d’André Joyal sur, effectivement, l’« état de la situation » de la PME algérienne, les contributions ont été présentées en trois parties distinctes. Or, la première partie aborde avant tout la question de « la » ou « des » PME en général, dans leur rapport avec l’international. Les chapitres ont été rédigés par des collègues fréquentant plutôt d’ordinaire le boulevard des Forges à Trois Rivières que la Casbah d’Alger. Les trois papiers posent très clairement la question, d’abord du positionnement des PME face à la mondialisation (C. de la Durantaye), ensuite des problèmes de mesure de la stratégie d’internationalisation des PME (J.-L. Perrault et J. St-Pierre). L. Cadieux ambitionne de proposer un modèle « de » synthèse qui rassemblera les différentes attitudes et pratiques des PME (avant tout, de leurs propriétaires-dirigeants) à l’égard de la question de la croissance par l’exportation. Très clairement, ces contributions offrent surtout des avancées méthodologiques et une information systématique sur les recherches menées à ce jour sur cette double question, qui reste largement énigmatique : Pourquoi les PME se lancent-elles dans l’exportation ? Et comment procèdent-elles ? Il n’est cependant pas évident que les apports de cette réflexion liminaire soient tous transposables à la réalité algérienne – déjà mise en scène dans l’introduction d’A. Joyal. Cette réalité est abordée par des collègues et des décideurs algériens. De façon globale, on dira qu’ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère ! La plupart des contributeurs insistent avec vivacité sur les obstacles divers et variés que rencontrent les dirigeants de microentreprises (moins de 10 employés), comme de petites et moyennes entreprises, tant dans la société que dans l’économie algériennes. Le « syndrome hollandais » est rappelé, qui met sur la sellette le rôle néfaste de la rente pétrolière. Il est maintes fois évoqué les séquelles des anciennes politiques industrielles, depuis la « religion » des balances matières soviétiques (comme je l’avais constaté à l’INTP de Ben Aknoun il y a quelques dizaines d’années), ou le mirage des industries industrialisantes de Destanne de Bernis. Plus profondément, les auteurs incriminent l’éthos et l’ethnos de la société algérienne, en réalité un kaléidoscope de communautés historiquement (sous l’effet des incursions et dominations successives, apportant leur lot de bureaucratie) et régionalement constituées. On peut regretter à cet égard que, comme pour les autres pays du Maghreb, les différenciations sociales soient gommées, au nom d’une volonté d’unification nationale, comme le rappelle à juste titre M. Larabi. Plus clairement dit, certaines communautés présentent de plus grandes dispositions à l’esprit d’entreprise, qui ne sont pas toujours encouragées et mises en avant. Dans cette optique, il est patent que l’internationalisation ne pose pas uniquement le problème de l’exportation de pétrole et autres produits, mais aussi, et sans doute surtout, celui de l’émigration – sachant que ce sont bien souvent certaines communautés, plus entreprenantes, qui réussissent le mieux de l’autre côté de la Méditerranée, et qui manquent dans, et à leur pays. On peut regretter que ne soit pas rappelée la thèse du décollage de Rostow, ou, plus tôt, de List : avant de se lancer dans l’international, la nation doit développer et protéger sa propre industrie. Mais les tenants de la thèse du décollage …