Comptes rendus

Louis Jacques Filion et Claude Ananou (dir.), De l’intuition au projet d’entreprise : une nouvelle approche pour la conception de projets d’affaires, Montréal, Les Éditions Transcontinental, 2010, 517 p.[Record]

  • André Cyr

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  • André Cyr
    Institut de recherche sur les PME (INRPME) Université du Québec à Trois-Rivières

De l’intuition au projet d’entreprise, un ouvrage collectif sous la direction de Louis Jacques Filion et Claude Ananou, présente un tour d’horizon complet du processus complexe et souvent mystérieux qui va de l’intuition à la réalisation d’un projet d’entreprise réussi. D’emblée, Filion et Ananou annoncent clairement leur intention d’apporter des innovations majeures dans la façon de préparer un projet de création d’entreprise, ce qui donne le ton à l’ensemble de l’ouvrage. Comme tout acte de création, la création d’une entreprise part d’une démarche intérieure intuitive qui porte en elle-même sa propre satisfaction. Un projet d’entreprise, comme le souligne Filion, c’est d’abord une étincelle, une intuition, une représentation mentale qu’il faut à la fois explorer latéralement selon une approche heuristique faite de tâtonnements et d’itérations successives, pour ensuite l’affiner, la structurer et la définir selon une approche davantage algorithmique. Dans cette perspective, comme le font valoir les auteurs, la création d’une entreprise relève bien davantage de l’art que de la science. Or, en matière de création, il est notoirement difficile de prévoir avec certitude les succès individuels. Le Seigneur des anneaux, par exemple, a d’abord été publié pratiquement à compte d’auteur parce que l’éditeur de J.R.R. Tolkien n’y croyait pas. Le livre a ensuite été traduit dans 38 langues et vendu à 150 millions d’exemplaires, sans parler des adaptations cinématographiques et autres. L’ouvrage est divisé en quatre parties dont la première traite de la préparation, soit le processus qui mène de l’idée brute à la mise en oeuvre réussie d’un projet entrepreneurial. À ce propos, Filion et Borges apportent un éclairage nouveau sur les tristement célèbres statistiques de démarrage d’entreprise : s’il est admis qu’à peine un tiers des nouvelles entreprises passent le cap des cinq ans, près de 80 % des créateurs d’entreprise bien préparés sont encore en affaires après cinq ans. Qui plus est, les 20 % restants n’ont pas nécessairement fait faillite, mais ont plutôt choisi de vendre leur entreprise et de passer à autre chose, parfois de lancer un nouveau projet. Ce livre est justement conçu pour aider les créateurs d’entreprise et ceux qui les entourent à se préparer adéquatement afin de maximiser leurs chances de succès. Dans cette perspective, les chapitres 4 et 5 soulignent l’importance de bien connaître le secteur d’activité et la clientèle visée. Cette connaissance contribue non seulement à augmenter les chances de succès, mais permet aussi à l’entrepreneur de mieux percevoir et construire les opportunités dans son environnement. Le chapitre 6 traite spécifiquement de l’opportunité qui est présentée de façon novatrice comme un processus de création plutôt que comme un acte de découverte. Ainsi, Filion définit l’opportunité comme : « un ensemble interrelié d’activités conçu par un entrepreneur en vue d’apporter une nouveauté qui vient combler un besoin du marché et qui apporte une valeur ajoutée ». Enfin, les chapitres 7 et 8 portent sur le contexte actuel de création d’entreprise en ce début du xxie siècle. La deuxième partie présente le dossier d’opportunité et la méthode SynOpp, une alternative crédible au traditionnel plan d’affaires. Comme le signale Ananou, le plan d’affaires n’est pas une démarche naturelle pour la plupart des entrepreneurs et entraîne des coûts d’opportunité importants. Le temps consacré à la préparation d’un plan serait beaucoup mieux investi dans un effort plus approfondi de connaissance du secteur, du marché et de la clientèle. Le problème vient en grande partie du fait que le plan d’affaires est un passage obligé pour satisfaire aux exigences de la plupart des organismes d’encadrement et de soutien à l’entrepreneuriat. Or ces organismes s’inscrivent souvent dans une logique bancaire où l’on tente de …