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Jens Thoemmes, La seconde autonomie. Temps et travail en France, Allemagne et Chine, Toulouse, Éditions Octares, Collection Le travail en débat, 2024, 238 pages[Record]

  • Diane-Gabrielle Tremblay

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  • Diane-Gabrielle Tremblay
    Professeure, École des Sciences de l’Administration, Université TÉLUQ, directrice de l’ARUC-GATS, titulaire de la chaire de recherche sur les enjeux socio-organisationnels de la société du savoir, Montréal, Canada, diane-gabrielle.tremblay@teluq.ca

Voici un ouvrage original proposant une analyse de divers cas touchant le temps de travail et l’autonomie, et ce que l’auteur propose de voir comme une seconde forme d’autonomie. L’ouvrage commence par un premier chapitre qui définit le concept d’autonomie temporelle, autour duquel l’auteur articulera ses analyses de diverses formes de flexibilité ou de modification des temps de travail, et ce, dans trois pays, en France, en Allemagne et en Chine. La première forme d’autonomie temporelle est associée à la durée du temps de travail et l’auteur analyse alors les diverses politiques de réduction du temps de travail. La seconde autonomie temporelle serait celle associée à la ‘position’ du temps de travail dans la semaine, l’année ou l’ensemble de la vie, selon les cas qui sont étudiés au fil des chapitres. Ainsi, après avoir défini les caractéristiques et niveaux d’analyse de l’autonomie temporelle dans le premier chapitre, l’auteur s’intéresse au chapitre 2 aux horaires variables, qui seront une des premières formes d’aménagement de temps de travail qui sera étudiée. L’auteur rappelle l’apparition du concept en France et en Allemagne et s’interroge à savoir s’il s’agit là d’une nouvelle culture temporelle et nouvelle culture du travail. L’auteur traite en détail des politiques et programmes d’entreprises qui ont permis d’introduire ces horaires variables, que l’on pourrait aussi appeler flexibles, pour les distinguer des horaires variables, habituellement définis par l’employeur. La terminologie peut varier entre la France, l’Allemagne et l’Amérique et c’est un des intérêts aussi de l’ouvrage que de s’interroger sur les terminologies utilisées en France et en Allemagne et à leurs traductions. On aurait pu souhaiter une petite comparaison avec l’Amérique, car les entreprises nord-américaines ont été parmi les premières à introduire ce que nous appelons plutôt les horaires flexibles, lorsque les salariés peuvent choisir leurs heures de début et de fin, en ayant parfois des plages de travail obligatoire le matin et l’après-midi. Quoiqu’il en soit, il est intéressant de connaître les origines de ces horaires et leur manifestation en France et en Allemagne. L’auteur traite aussi des machines qui ont été mises en place à l’époque pour enregistrer – ou contrôler – les effets de cette autonomie temporelle. Il évoque aussi les résistances sociales, syndicales notamment, contre les horaires variables. Ceux-ci sont bien identifiés comme étant finalement davantage au service des entreprises, ce qui a conduit à un certain désenchantement, après l’enchantement initial, ou du moins une vision plus positive au départ. Le chapitre 3 traite ensuite du programme du compte épargne-temps. Ceci est très intéressant, car peu de pays ont développé ce genre de projet et on note que sous un même terme, la France et l’Allemagne ont développé des initiatives fondées sur des visions différentes. Dans un cas, les heures ‘mises en banque’ dans ce compte épargne-temps seraient plutôt utilisées à moyen ou long terme en France, alors qu’en Allemagne le temps serait plutôt repris à court terme, souvent en dedans de deux semaines. Le dispositif reste toutefois pertinent pour permettre une certaine souplesse ou des aménagements de temps de travail. Alors que pour illustrer le concept d’autonomie temporelle au chapitre 1, l’auteur a présenté le cas des cadres, au chapitre 3, ce sont des cas de banques et un cas d’hôpital en France qui sont utilisés. Le cas de la France permet d’illustrer l’utilisation différenciée du compte épargne temps dans deux catégories professionnelles, celle des médecins et des infirmières, donc une analyse en quelque sorte différenciée de l’utilisation par des hommes et des femmes. Il aurait d’ailleurs été intéressant de développer davantage l’analyse genrée des différences dans l’utilisation des dispositifs étudiés dans le livre, mais l’auteur …

Appendices