Abstracts
Abstract
“Interoception,” a term that has attracted a significant amount of attention over the past few years, refers broadly to the ability to sense what goes on inside the body: the rhythm of circulation, pangs of hunger, breathing patterns, fluctuations in mood, the movements of a child in the womb, and countless other processes with different levels of accessibility to the conscious mind.
This article claims that attention to the inside of the body is a vital part of the experience of poetry in early modern times and that poetic language can be a key part of the cultural training that shapes the perception of visceral landscapes. The discussion follows the lead of several shared traits between poetry and interoception, including rhythmic patterning, intermittence, strong experiential potential, predictive processing, and cumulative effects. For this purpose, it draws from recent work in the field of cognitive science, and also from lyric theory, work on poetic form, and a range of texts on early modern poetry, history, and culture.
The argument for a “poetry of interoception” is tied to the idea that a number of cultural factors align in the seventeenth century and sharpen the interest in the inside of the body as changing medical paradigms meet the old vehicle for attention to subjectivity that is the lyric mode. These factors operate across Europe and Colonial America, and thus the poems that are used as examples belong to different languages and national traditions.
Résumé
L’intéroception, un terme qui a suscité un vif intérêt ces dernières années, englobe la capacité générale à ressentir ce qui se déroule à l’intérieur du corps : le rythme de la circulation, les affres de la faim, les schémas respiratoires, les fluctuations de l’humeur, les mouvements d’un enfant dans le ventre de sa mère, et de nombreux autres processus plus ou moins accessibles à la conscience.
Cet article avance que l’attention portée à l’intérieur du corps est un élément essentiel de l’expérience de la poésie de la première modernité, et que le langage poétique peut être un élément clé de la formation culturelle qui façonne la perception des paysages viscéraux. La discussion s’inspire de caractéristiques communes à la poésie et à l’intéroception, telles que les schémas rythmiques, l’intermittence, le fort potentiel expérimental, le traitement prédictif et les effets cumulatifs. Pour ce faire, l’article s’appuie sur des travaux récents en sciences cognitives, la théorie lyrique, les études sur la forme poétique, ainsi que sur une série de textes portant sur la poésie, l’histoire et la culture du début de l’époque moderne.
L’argument en faveur d’une « poésie de l’intéroception » repose sur l’idée qu’au 18e siècle, divers facteurs culturels convergent, suscitant un intérêt accru pour l’intérieur du corps, alors que les paradigmes médicaux en mutation se rencontrent avec l’ancien vecteur d’attention à la subjectivité qu’est le mode lyrique. Ces influences culturelles s’étendent à travers l’Europe et l’Amérique coloniale, et les poèmes choisis comme exemples appartiennent ainsi à différentes langues et traditions nationales.