Abstracts
Résumé
Sans prétendre élaborer une catégorie, je voudrais repérer une pratique particulière de l’analyse de films dans laquelle la fable s’immisce et participe d’une interprétation par détours, occasionnant parfois une métamorphose des oeuvres dans l’optique de les comprendre autrement — de biais.
En décentrant les oeuvres, le commentaire frise parfois l’extrapolation, augurant une probabilité d’analyse pour autant qu’il ne verse pas dans l’approximation hasardeuse ou dans la seule posture scripturale sans autre justification qu’une vaine séduction. Cet article se penche sur deux auteurs singuliers qui, concevant le film comme matière à récit, comme source d’imaginaire, embarquent, chacun à leur façon, l’analyse du côté de la fable. Laurent Fiévet en mettant l’oeuvre d’Alfred Hitchcock sous contrainte optique pour lui faire rejouer des épisodes connus de l’histoire de l’art; Hervé Aubron en confrontant le chaos du monde aux situations fabriquées par les films. Il s’agit de situer l’incursion de la fable, de pister son déroulement tout en interrogeant les stratégies stylistiques la rendant manifeste (ou latente). L’enjeu de ce texte est de réfléchir à la valeur heuristique de la fable.
Abstract
Without claiming to elaborate a category, this text focuses on a peculiar practice of film analysis that emerged in France during the 1980s and 2000s. In this kind of analysis, fabulation participates in a detoured interpretation that seeks to understand films differently, eccentrically, by provoking a metamorphosis in the studied works.
Decentering the works, the commentary sometimes verges on extrapolation, adumbrating a probability of analysis that nevertheless avoids lapsing into haphazard approximation or into a mere scriptural posturing with no justification other than vain seduction. This article focuses on two singular authors who, conceiving of film as material for storytelling, as a source for the imaginary, orient their analyses towards the fable. Laurent Fiévet reads Alfred Hitchcock's work through an optical constraint, making it replay well-known episodes from art history; Hervé Aubron confronts the chaos of the world with the situations fabricated by films. Our study will attempt to situate the incursion of the fable, to track its progression while also questioning the stylistic strategies that make it manifest (or latent). The aim is to reflect on the heuristic value of the fable.