Abstracts
Résumé
À partir de l’analyse du film After Life (1998) de Kore-eda qui s’inscrit dans la zone hybride entre le documentaire et la fiction et plus en général, à la croisée de différents modes de médiation de l’expérience, faisant ressortir de cet entre-deux toute la puissance du cinéma, ce texte décline les multiples significations du mot « confier ». L’accent est mis sur ce qu’on confie au cinéma et sur la portée esthétique et éthique de ce geste. De l’analyse émerge l’idée qu’au coeur de la confiance, ainsi que du cinéma, il y a la métamorphose, les deux partageant un pouvoir transformationnel. Avoir confiance signifie affecter et se laisser affecter par l’autre, s’abandonner à la dynamique de la rencontre, filmer signifie entrer dans la relation avec l’autre filmé et donc dans la dynamique de la transformation. Ce texte suggère que le cinéma, ici le film de Kore-eda, comme le poète de Canetti, devient le « gardien des métamorphoses » : des personnes ordinaires de tout âge et expérience qui se transforment lors de leur passage dans l’antichambre du paradis de l’afterlife; des spectateurs qui se laissent affecter par leur rencontre avec des personnages / acteurs, par l’expérience d’une durée, d’une lumière et d’une musicalité; des modes de médiation de l’expérience dont l’action se transforme par leur mise en relation; des corps qui transforment des espaces traversés, habités et des espaces qui affectent les corps qui s’y inscrivent; des temporalités qui s’entrechoquent; des films qui résonnent les uns dans les autres…
Abstract
This article explores the multiple meanings of the verb to trust as it appears in Kore-eda’s film After Life (1998), which unfolds in the hybrid zone between documentary and fiction and more generally at the crossroads of different mediations of experience, revealing cinema’s wonderful power. The emphasis is on what people entrust to film and on the aesthetic and ethical scope of this gesture. From the analysis, the idea surfaces that metamorphosis is at the heart of trust as well as of film; they both share, in fact, a transformational power. To trust means to affect and to let the other affect you, to surrender to the dynamics of the encounter. To film implies to enter the relationship with the filmed other and thus into the dynamics of transformation. This text suggests that film, here Kore-eda’s film, like Canetti’s poet, becomes the “keeper of the metamorphoses”: ordinary people of all ages and experiences who change when they go through the antechamber of heaven in the afterlife; viewers who let themselves be affected by their encounter with characters/actors, by the experience of a length of time, by a light and a musicality; different forms of mediation whose action changes when they are viewed in relation to one another; bodies that transform the spaces they cross, the spaces they inhabit, and spaces that affect the bodies that inhabit them; temporalities that clash; films that resonate with one another…