Abstracts
Résumé
Cet article se concentre sur un des tropes majeurs du témoignage audiovisuel : le visage. Il s’agit de réfléchir, dans le contexte de la violence de masse, à la façon dont le visage cristalliserait l’image-témoin elle-même. Pour ce faire, deux installations vidéo sont prises en compte : Entre l’écoute et la parole : derniers témoins. Auschwitz-Birkenau 1945–2005 (2010) de l’artiste Esther Shalev-Gerz et Chorus (2015) du cinéaste Atom Egoyan. Les deux artistes touchent, respectivement, à la Shoah et au génocide des Arméniens en multipliant les écrans par lesquels les visages des survivants (réels ou fictifs) apparaissent comme les seuls possibles loci du témoignage indicible. Parallèlement, l’article insiste sur la pertinence de la pensée du philosophe Emmanuel Levinas lorsqu’on invoque la relation entre image et témoignage au-delà des régimes représentationnels et spectatoriels. Au bout du compte, on tentera de désacraliser et de décaricaturer le visage comme figure démonstrative et dévoilante (souvent typique du témoignage audiovisuel), afin de révéler l’infini glissement qui singularise l’image-témoin.
Abstract
This article focuses on one of the major tropes present in audiovisual testimony: the face. It offers a reflection, in the context of mass violence, on how the face crystallizes the testimony-image, such as in Esther Shalev-Gerz’ video installation Between Listening and Telling: Last Witnesses, Auschwitz-Birkenau 1945–2005 (2010) and in Atom Egoyan’s video installation Chorus (2015). Addressing the Shoah and the Armenian genocide, respectively, these works use multiple screens to present the faces of survivors (real and fictional), which become the only possible loci for the unspeakable testimony. Drawing on the philosophy of Emmanuel Levinas, the article attempts to desacralize the face and to detach it from its understanding as a demonstrative and disclosing figure (typical of audiovisual testimony).