Abstracts
Résumé
Dans quelle mesure les pratiques subsumées sous l’intraduisible notion de reenactment sont-elles susceptibles d’être rapportées à la notion de simulacre, à l’eidôlon, dont l’exclusion du champ de la connaissance a fondé avec Platon un nouvel ordre philosophique ? En passant par l’analyse d’une remise en jeu intermédiale de Laura d’Otto Preminger (1944) par David Lynch et Mark Frost dans la série Twin Peaks (1990-1991), il s’agit de montrer en quoi convergent deux relations : le rapport du refaire à l’oeuvre dite « originale » et l’opposition d’une ontologie du simulacre à l’épuration essentialiste du geste platonicien. En cela, l’aura de Laura suggère une observation selon laquelle les pratiques de reenactment rejouent, dans les domaines de l’art, le renversement de la hiérarchie platonicienne par la revalorisation du simulacre, telle qu’elle est apparue chez Nietzsche, Klossowski ou Deleuze.
Abstract
To what degree are the practices of the untranslatable notion of the reenactment linked to the notion of the simulacrum, specifically the eidolon, contempt for which has strongly inflected Western philosophical thought from Plato onwards? Through the study of the intermedial play between Otto Preminger’s Laura (1944) and David Lynch and Mark Frost’s Twin Peaks (1990-1991), this article demonstrates the intersection of the following concepts: the relationship between re-making a so-called “original” work, and the opposition of an ontology of simulacrum to the essence-biased purity of the platonic ideal. The aura of Laura therefore helps to ground the observation that, in works of art, the practices of reenactment rehearse the reversal of the platonic hierarchy, thereby revalorizing the simulacrum, as described in the works of Nietzsche, Klossowski, and Deleuze.