Abstracts
Résumé
Le propos de cet article est d’approfondir la notion d’interartialité, dont l’archéologie a été élaborée par Walter Moser, et d’étendre son application à des cas peu fréquents afin de la mettre à l’épreuve. La théâtralisation de la peinture sur la scène, examinée dans deux spectacles contemporains, « Art » de Yasmina Reza et Seuls de Wajdi Mouawad, offre un bon exemple de résistance d’un art à un autre. La mise en scène d’un tableau interroge le statut et le sens de l’oeuvre d’art hors du musée, mais aussi la spécificité de l’esthétique théâtrale, et sa capacité à jouer avec la transparence et l’opacité des arts et des médias qu’elle accueille dans son espace. Par la présence du tableau (« réelle » ou reproduite par image vidéo) sur la scène, et par la place des autres corps, notamment celui de l’acteur, face à elle, l’art de la peinture permet au spectateur d’appréhender une nouvelle profondeur de la scène, quelque peu oubliée de nos jours par la perception bidimensionnelle des arts de l’image, appréhension qui remet en cause l’esthétique théâtrale de la distance et de l’illusion.
Abstract
This article aims to go deeper into the notion of “interartiality”—the archeology elaborated by Walter Moser—and to extend its applications to rare examples, in order to put it to the test. The theatricalization of painting on stage, as seen in two contemporary shows, Yasmina Reza’s “Art” and Wajdi Mouawad’s Seuls, is a good example of resistance from an art to another. The mise en scène of a picture questions the status and the signification of works of art outside the museum, but it also questions the very specificity of theatrical aesthetic, with its capacity to play with the opacity and transparency of the arts and media that are engaged in its space. Facing the presence of a painting on stage, whether real or video reproduced, and that of the actor, the spectator experiences a new depth of the stage, one that has been slightly forgotten nowadays, with the bidimensional perception of the arts of the image. This experience questions in turn a theatrical aesthetic based on distance and illusion.