Abstracts
Résumé
Cet article se penche sur Viaggio in Italia (1954) de Roberto Rossellini. L’auteur montre que l’enjeu principal de ce film consiste à démonter et remonter, par un jeu subtil de réfractions et de mise en abîme, l’idée et la pratique de l’héritage, de la transmission d’une tradition (en passant par la tradition des voyages en Italie), et ce, à partir d’une rhétorique de l’écart et du faux-raccord, de la survivance, en creux, du passé dans les ruines du temps. Le sens de ce qui reste, alors, devient le sens d’une perte de sens du monde qui révèle dans sa complexité ce qui a été perdu. Si l’on peut parler de transmission et d’héritage ici, ce n’est qu’en relisant cette perte de sens comme ce dont on hérite et qui serait à redécouvrir continûment. C’est en ceci que Rossellini, avec ce film, pose les premières pierres d’un cinéma moderne qui tentera, depuis, d’en transmettre l’héritage.
Abstract
This articles discusses Roberto Rossellini's Viaggio in Italia (1954). The author argues that this film, through a subtle play of refractions and mise en abîme, deconstructs and reconstructs the idea and the practice of inheritance, and of the transmission of tradition (including the tradition of the voyages to Italy), through a rhetoric of estrangement and mismatch, and an exploration of the survival of the past in the ruins of time. The meaning of what remains, then, becomes the meaning of a loss of meaning, that reveals, in all its complexity, what has been lost. If one can speak of transmission and heritage, it can only be through a rereading of this loss of meaning as what is inherited and that one must continually rediscover. It is in this that Rossellini sets, with this film, the cornerstone of modern cinema that has tried, ever since, to transmit this heritage.