Abstracts
Résumé
Cet article tente d’éclairer un aspect de l’invention de la conscience moderne à travers l’analyse détaillée d’un fragment des Mémoires de Retz (1613-1679). Parce qu’elle connaît d’importantes mutations à l’époque moderne, l’expérience de soi est médiatisée par d’intéressants dispositifs narratifs : ici, de façon originale, Retz fait entrer les diables dans un processus de figuration de l’espace intérieur. Ainsi, « l’anecdote des capucins noirs » se présente comme le récit allégorique d’une quête initiatique, dont le terme est atteint grâce au dispositif oculaire qui « révulse » le regard et nous fait déboucher dans ce nouveau milieu entre le monde et soi qu’est la conscience. Prisonnière de ses propres images du monde et repliée sur elle-même, la conscience moderne n’apparaît pourtant pas comme une conscience malheureuse, car son isolement lui impose la tâche, infinie mais joyeuse, de se raconter elle-même par le truchement des images.
Abstract
Through a detailed analysis of an excerpt taken from Cardinal de Retz's Mémoires (1613-1679), this article attempts to illuminate an aspect of the invention of modern consciousness. As it underwent profound alteration in early modern times, the experience of the self is expressed via interesting narrative devices: in this text, Retz uses the figure of devils to produce a figuration of inner space. Thus, the anecdote of the capucins noirs appears as the allegoric narrative of an initiatory quest. The revelation is finally given by means of an ocular device which turns our glance upside down and shows the consciousness as a new milieu between the world and us. Trapped in its own images and cut off from the outside world, modern consciousness is not yet a “sad consciousness”, because its isolation brings about the task, endless but joyous, to tell oneself in the interplay of images.
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