International Journal of Canadian Studies
Revue internationale d’études canadiennes
Number 45-46, 2012 Francophonies, Interculturality, Cultures and Strategies Francophonies, interculturalité, cultures et stratégies
Table of contents (29 articles)
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Introduction / Présentation
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Présentation du dossier sur la francophonie
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Anglophone versus francophone? Logiques identitaires chez la jeunesse scolarisée au Québec
Marie-Odile Magnan
pp. 17–33
AbstractFR:
Au début des années 1990, plusieurs chercheurs estiment qu’il y a une absence d’identité collective anglophone au Québec. Dans les années 2000, d’autres thèses suggèrent que le bilinguisme élevé des jeunes générations anglophones mène à un brouillage des frontières entre anglophones et francophones. Or, notre étude qualitative menée auprès de 33 jeunes adultes issus de l’école de langue anglaise de Québec permet d’éclairer ces hypothèses sous un autre angle. En effet, une analyse typologique des logiques identitaires expérimentées par les jeunes que nous avons interrogés montre que les identités collectives « anglophone canadienne » et « francophone québécoise » font partie des référents imaginaires à partir desquels les acteurs de langue anglaise se définissent – du moins dans le contexte de la ville de Québec où règne une forte majorité francophone. C’est à partir d’une approche centrée sur l’acteur social et sur l’aspect négocié de l’identité individuelle que nous analysons nos données. En conclusion, nous proposons une piste d’action interculturelle pour déconstruire cette vision dichotomique des identités linguistiques au Québec.
EN:
In the early 1990s, many researchers noted the absence of an Anglophone collective identity in Québec. In the 2000s, other theses suggested that advanced bilingualism among younger Anglophone generations was blurring the boundaries between Anglophones and Francophones. Our qualitative study conducted with 33 young adults educated in English-language schools in Québec illuminates these hypotheses from another angle. A typological analysis of identities as experienced by youths whom we interviewed indicates that “Anglophone Canadian” and “Francophone Quebecois” collective identities belong to the imaginary referents which English language actors use to define themselves—at least within the context of the city of Québec where there is a substantial Francophone majority. We analyze our data based on an approach that is centered on the social actor, and on the negotiated aspect of individual identity. We conclude by proposing an intercultural approach to deconstruct this dichotomous vision of Québec’s linguistic identities.
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Francophone Minority Communities: The Last Constitutional Standard-Bearers of Trudeau’s Language Regime
Emmanuelle Richez
pp. 35–53
AbstractEN:
The francophone and Acadian communities of Canada (hereinafter “FACC”) have until now been the primary constitutional standard-bearers of Pierre Elliott Trudeau’s constitutional language regime by promoting non-territorialized bilingualism through Charter-based judicial review. However, this regime is slowly being eroded by stealth and can no longer serve the interests of the FACC. This article first explains how minority language rights were the cornerstone of Trudeau’s political project and how an ideological interdependence developed between him and the FACC. Second, it describes the importance of the post-1982 institutional context in furthering the FACC’s constitutional objectives. Third, the article evaluates to which extent these objectives were fulfilled by conducting a general survey of the Supreme Court’s Charter jurisprudence in the area of francophone minority rights and its political consequences. It concludes that the FACC have exhausted the potential of Trudeau’s constitutional language regime and must now move beyond it, if they want to ensure their future well-being.
FR:
Les communautés francophones et Acadiennes du Canada (CFAC) ont été jusqu’à présent les principaux porte-étendards du régime linguistique de Pierre Elliott Trudeau sur le plan constitutionnel, en faisant la promotion d’un bilinguisme non-territorialisé par le biais de la revue judiciaire. Toutefois, ce régime s’effrite lentement et ne peut plus satisfaire les besoins des CFAC. Premièrement, cet article explique en quoi les droits des minorités linguistiques étaient la pierre angulaire du projet politique de Trudeau et comment une interdépendance idéologique s’est installée entre ce dernier et les CFAC. Deuxièmement, l’article décrit comment le contexte institutionnel d’après 1982 a grandement facilité l’atteinte des objectifs constitutionnels des CFAC. Troisièmement, il évalue dans quelle mesure leurs objectifs ont été satisfaits, en faisant un survol de la jurisprudence de la Cour Suprême basée sur la Charte dans le domaine des droits des minorités francophones, ainsi que de ses conséquences politiques. Enfin, l’article conclue que les CFAC ont épuisé le potentiel du régime linguistique de Trudeau et qu’elles doivent désormais le dépasser, si elles veulent assurer leur épanouissement futur.
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L’identité en débat : repères et perspectives pour l’étude du Canada français
Linda Cardinal
pp. 55–68
AbstractFR:
L’on assiste, ces dernières années, à un renouveau des débats sur l’identité du « vieux » Canada français. Plusieurs interprétations s’opposent et postulent des approches distinctes de l’avenir de la francophonie vivant en milieu minoritaire. Deux grandes tendances ou écoles se sont démarquées dans ce débat en milieu minoritaire francophone, soit l’école postnationaliste associée à l’Université de Toronto et aux travaux de Monica Heller et Normand Labrie et l’école néonationaliste canadienne-française représentée par les travaux de Martin Meunier de l’Université d’Ottawa et Joseph-Yvon Thériault de l’Université du Québec à Montréal. Pour les premiers, la référence au Canada français renvoie à une époque révolue. Elle rappelle un discours généalogique, potentiellement conservateur et passéiste. Pour les deuxièmes, la représentation du Canada français en milieu minoritaire francophone témoigne plutôt d’une ambition nationale qui ne veut pas disparaître. Le texte étudie la confrontation entre les deux écoles. Il soutient que bien qu’elle permette d’éclairer une part du débat identitaire, l’opposition entre les deux écoles est peut-être plus artificielle qu’on le croit généralement.
EN:
Over the past few years, we have witnessed renewed debate on the identity of “old” French Canada. Many interpretations oppose one another and postulate distinct approaches regarding the future of francophonie in a minority setting. This debate has given rise to two major trends or schools of thought which have distinguished themselves in the Francophone minority setting : the postnationalist school associated with the University of Toronto and the works of Monica Heller and Normand Labrie, and the French-Canadian neonationalist school found in the works of Martin Meunier at the University of Ottawa and Joseph-Yvon Thériault at Université du Québec à Montréal. For the former scholars, the reference to French Canada refers to a bygone era. It recalls a genealogical discourse, potentially conservative and backward-looking. For the latter scholars, the representation of French Canada in a Francophone minority setting attests rather to a national ambition which refuses to disappear. This article looks at the confrontation between these two schools of thought. The article illuminates a part of the identity debate, but the opposition between these two schools might be more artificial than we are generally inclined to believe.
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Protéger et pacifier. La politique officielle de bilinguisme canadien face aux risques de transferts linguistiques et de contestation communautaire
Christophe Traisnel
pp. 69–89
AbstractFR:
La stabilité de la démocratie ne dépend-elle pas de l’adaptabilité du régime et de l’aptitude des sociétés démocratiques à répondre à certaines aspirations linguistiques visant à distinguer, sans pour autant tomber dans l’écueil de la division? C’est là un des défis qui se posent aux sociétés pluralistes en général, et plurilingues en particulier. Dans cet article, nous montrons que le contexte politique canadien, plus que de reconnaitre les différences culturelles données au sein d’une société canadienne présentée comme multiculturelle, rend possibles l’invention de distinctions et l’aménagement d’une forme de protection linguistique, grâce à la politique officielle du bilinguisme, entre autres. Cependant, une telle politique de protection s’accompagne d’une contrepartie : en même temps qu’elle permet et rend possible, la législation sur les langues officielles encadre et contraint non seulement l’action politique des principaux leaders communautaires, mais également leurs réflexions identitaires. L’article part d’un premier constat : à cause des peurs du risque d’assimilation linguistique et des conflits politiques qui en ont résulté, une politique de bilinguisme officiel a progressivement vu le jour, cherchant tout à la fois à rassurer les gens, à limiter le risque et à garantir au Canada une forme satisfaisante de « paix linguistique ». Sur ces prémices, nous voyons ensuite que ce contexte de bilinguisme officiel a marqué les réflexions autour de la notion de francophonie et d’aspects politiques de la francophonie au Canada. Enfin, nous cherchons à déterminer si le travail de reconnaissance, de revendication et de représentation entrepris par les principaux acteurs de ces réflexions identitaires ne constitue pas la voie d’accès à un régime différencié de citoyenneté pour les francophones en situation minoritaire au Canada.
EN:
The stability of a democracy should depend on the regime’s adaptability and on democratic societies’ ability to respond to certain linguistic aspirations which are aimed at distinction, without falling into the trap of division. This is one of the challenges that pluralist societies generally face and in particular, societies that are plurilingual. This article demonstrates how the Canadian political context goes beyond the recognition of cultural differences in a multicultural Canadian society, by allowing for the invention of distinction and the development of linguistic protection, thanks to, among other things, a policy of official bilingualism. However, such a protection policy has a counterpart: although it allows for and makes possible, legislation of official languages also frames and constrains the political action of community leaders as well as their ideas about identity. This article begins with an initial statement of fact: fears related to the risk of linguistic assimilation and resulting political conflicts have progressively fueled a policy of official bilingualism as a way of reassuring people that these risks are limited, and also to guarantee that Canada has a satisfactory “linguistic peace”. Based on these premises, we show that the context of official bilingualism has marked the notion of francophonie and the political aspects of francophonie in Canada. Finally, we determine if the main actors of ideas about identity, and their work of recognition, protest and representation, constitute the pathway to a different regime of citizenship for Canada’s Francophone minority.
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L’image du Parti acadien et de son projet autonomiste dans le journal L’Évangéline
Luc Léger
pp. 91–108
AbstractFR:
Le journal L’Évangéline fut, jusqu’à sa fermeture en 1982, un journal d’information s’adressant spécifiquement à la population acadienne éparpillée un peu partout dans les provinces maritimes. Comme il s’agissait du seul journal francophone publié quotidiennement, l’élite traditionnelle acadienne s’en servit pour transmettre son message, voire son nationalisme de la « bonne entente » entre les francophones et les anglophones. Détenant une place incontestée au sein des pages du journal depuis sa première publication en 1887, ce nationalisme fut ouvertement remis en question au cours des années 1960 et 1970 en raison de l’avènement du Parti acadien et de sa décision, en 1977, de faire de la création d’une province acadienne, grâce à la division du Nouveau-Brunswick en deux entités, son principal champ de bataille. Comme le journal n’a su passer sous silence ce nouveau mouvement nationaliste, cet article cherche à découvrir comment se sont opposées les deux visions de l’Acadie au sein de ses pages. Nous nous intéresserons à l’orientation du contenu journalistique portant sur le Parti acadien et sur son projet autonomiste, notamment aux positions défendues par le journal dans les éditoriaux ainsi qu’à celles défendues par les lecteurs dans L’opinion du lecteur.
EN:
Until its last issue in 1982, L’Évangéline was an information newspaper specifically aimed at the Acadian population scattered throughout the Maritime provinces. It was the only French-language daily newspaper, and it was used by the traditional Acadian elite to convey its message, indeed, its nationalism of “harmony” between Francophones and Anglophones. This particular vision of Acadian nationalism, based on the harmony of the two linguistic groups, which had an uncontested place in the newspaper since it was first published in 1887, became under fire during the 1960s and 1970s because of the rise of the Parti acadien and its vision, and main battleground, made public in 1977, of a division of New Brunswick into two entities and the creation of an Acadian province. Because the previous vision did not immediately disappear in front of this new nationalist movement, this article explores how the two visions of Acadia opposed one another in the pages of the newspaper. We are interested in the orientation of its journalistic content regarding the Parti acadien and its autonomist project, as well as the positions the newspaper defended in its editorials and those defended by readers in its Letters to the Editor.
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Philippe Garigue et l’Ontario français
Martin Normand
pp. 109–125
AbstractFR:
Philippe Garigue s’est intégré à de nombreux débats théoriques et normatifs au Québec, ce qui l’a incité à mener un exercice semblable sur l’Ontario français après son arrivée à Toronto en 1980. Il pose sur cette communauté un regard original qui met en relief la position particulière de Toronto dans l’espace francophone ontarien. Malgré tout, ses travaux sur l’Ontario français ne trouvent pratiquement aucun écho dans les travaux contemporains sur cette société. Nous mobilisons ce corpus pour répondre à deux questions. Quelles sont les contributions de Philippe Garigue à l’étude de l’Ontario français? Dans quelle mesure ces contributions sont-elles toujours d’actualité? Ce texte s’articule en trois temps. Premièrement, nous présentons une brève note biographique du sociologue. Deuxièmement, nous synthétisons les contributions de Garigue autour de quatre thèmes : la vie communautaire, l’éducation, la politique et l’identité. Troisièmement, nous estimons qu’il existe des parallèles entre les travaux de Garigue et ceux qui s’inscrivent dans une approche postnationale pour étudier l’Ontario français, bien qu’il existe tout de même quelques désaccords entre eux.
EN:
Philippe Garigue became involved in numerous theoretical and normative debates in Québec, which prompted him to embark on a similar exercise for French Ontario after coming to Toronto in 1980. Garigue has an original viewpoint of this community, one which brings to the foreground Toronto’s particular position in the context of French-speaking Ontario. Garigue’s works on Francophone Ontario have almost no echo among the contemporary works about this society. We mobilize this corpus in order to respond to two questions: What are Philippe Garigue’s contributions to the study of French Ontario? To what degree are these contributions still current? This article has three parts. First, we present a brief biography of the sociologist. Second, we synthesize Garigue’s contributions according to four themes: community life, education, politics, and identity. Third, we explore the parallels between Garigue’s work and the work of scholars who put forth a postnational approach to study French Ontario, though there are certain disagreements between these works as well.
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Mémoire et communauté politique acadienne : l’influence de Fernand Dumont sur l’oeuvre de Joseph Yvon Thériault
Stéphanie Chouinard
pp. 127–140
AbstractFR:
Cet article propose de démontrer l’influence que la sociologie de la culture développée par Fernand Dumont a eue sur le sociologue acadien Joseph Yvon Thériault, notamment dans sa conception de la mémoire. Plus précisément, l’article tente de faire lumière sur le rapport entre mémoire, modernité et politique, problématisé de façon semblable chez les deux auteurs, appliqué à la société québécoise chez Dumont et à l’Acadie chez Thériault.
EN:
This article demonstrates the influence which the sociology of culture, developed by Fernand Dumont, had on Acadian sociologist Joseph Yvon Thériault, notably in his conception of memory. More specifically, the article sheds light on the relationship between memory, modernity and politics, problematized in a similar manner by both authors, which Dumont applied to Quebecois society and which Thériault applied to Acadia.
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Par la brèche de la culture : le Canada français et le virage culturel de l’état canadien, 1949-1963
Mireille McLaughlin
pp. 141–161
AbstractFR:
Plusieurs ont étudié les facteurs endogènes explicatifs de la Révolution tranquille et la transformation du Canada français. Dans cet article, je remonte le fil du temps pour étudier les politiques fédérales en matière de culture et les liens qu’elles entretiennent avec les débats autour de la question du nationalisme du Canada français et du Québec. En 1949, le gouvernement fédéral entreprend un virage culturel avec la mise en place de la Commission royale d’enquête sur l'avancement des arts, des lettres et des sciences au Canada. La publication de ce rapport suscitera de vives réactions au sein des cercles intellectuels canadiens-français. Face à la vision protomulticulturelle des commissaires Vincent Massey et Georges-Henri Lévesque, André Laurendeau peaufinera sa vision d’un Canada biculturel. Le débat portera, notamment, sur les définitions de la culture et de la nation, ainsi que sur la place de l’État dans la gestion de l’une et de l’autre. Il importe de comprendre ces débats, typiques de l’État-providence, pour mieux comprendre le contexte nationaliste dans lequel s’articule la Révolution tranquille. Ces débats permettent aussi de saisir le visage contemporain de l’investissement fédéral au sein des communautés francophones minoritaires.
EN:
Many researchers have studied the endogenous factors that would explain the Quiet Revolution and the transformation of French Canada. In this article, I look to the past in order to study federal policies related to culture and their relationship to the debates surrounding the question of nationalism in French Canada and in Québec. In 1949, the federal government took a cultural turn when it established the Royal Commission on National Development in the Arts, Letters and Sciences. This report drew intense reactions from French-Canadian intellectual circles. Faced with the protomulticultural vision of Commissioners Vincent Massey and Georges-Henri Lévesque, André Laurendeau would polish his vision of a bicultural Canada. The debate was most notably on the definitions of culture and nation, as well as the place of the State in managing both. It is important to understand these debates, typical of the welfare state, so as to better understand the nationalist context in which the Quiet Revolution was articulated. These debates also allow for grasping the contemporary aspect of federal investment within minority Francophone communities.
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L’avenir des minorités francophones du Canada après la reconnaissance
François Charbonneau
pp. 163–186
AbstractFR:
L’article qu’on s’apprête à lire porte sur la francophonie canadienne en situation minoritaire (à l’extérieur de la province de Québec) et le désir de reconnaissance qui l’a habité jusqu’à tout récemment. L’article suggère que les francophones vivant en situation minoritaire sont, après une longue période de lutte, entrés aujourd’hui dans une ère que l’on peut qualifier de postreconnaissance. Si la théorie invite à se réjouir de cette nouvelle donne, l’auteur suggère plutôt que cette situation de postreconnaissance n’est pas sans poser quelques défis pour des communautés trop souvent « invisibles ».
EN:
This article looks at Canadian francophonie in a minority situation (outside the province of Québec) and the desire for acknowledgement that inhabited this francophonie until recently. The article suggests that Francophones living in a minority situation have, after a long battle, entered an era that can be called post-acknowledgement. If the theory provides a reason to rejoice this new order, the author suggests rather that this post-acknowledgement gives rise to a few challenges for communities that are too often “invisible”.
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Le régime linguistique canadien à l’épreuve du désir de faire société
Rémi Léger
pp. 187–198
AbstractFR:
Récemment, sous le titre Faire société : Société civile et espaces francophones, Joseph Yvon Thériault affirmait que les francophonies canadiennes minoritaires sont encore animées par le vieux rêve canadien-français de faire société autrement sur le continent anglo-américain. C’est une thèse qui commande une évaluation du régime linguistique canadien puisqu’elle insinue que le cadre linguistique qui structure la vie en français en Canada anglais freine cette ambition constitutive de l’action et de l’identité des minorités francophones. Cet article procède à un examen des principales mesures à l’intention des minorités francophones et postule que ce ne sont pas les fondements structurels du régime linguistique qui font défaut en regard du désir de faire société, mais plutôt leur mise en oeuvre par la voie de la gestion horizontale.
EN:
Joseph Yvon Thériault recently asserts that Francophone minorities outside Québec are still driven by the old French-Canadian ambition of creating a different type of society on the Anglo-American continent. This thesis demands an evaluation of Canada’s language regime because it insinuates that language laws and policies that structure the use and promotion of French outside Québec curb this constitutive ambition. This article examines the principal measures aimed at Francophone minorities and postulates that the implementation of language laws and policies by way of horizontal management is preventing the full realization of their old ambition of creating a different type of society.
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Présentation du dossier sur l’interculturalité et l’immigration
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Approches inter, trans, pluri, multiculturelles en didactique des langues et des cultures
Eva Lemaire
pp. 205–218
AbstractFR:
Dans un Canada et, plus largement, dans un monde globalisé, les contacts de cultures font partie de notre réalité quotidienne. Afin d’outiller les individus pour qu’ils puissent se nourrir des situations de pluralité, la didactique des langues et des cultures entend développer, chez les apprenants de langues, une sensibilité et des pratiques permettant d’appréhender la diversité linguistique et culturelle dans sa complexité. On parle ainsi, en didactique des langues, d’approches inter-, trans-, multi- ou encore pluri-culturelles. Cet article propose de faire le point sur ces appellations et sur ce à quoi elles renvoient, à travers deux ouvrages récents de facture internationale.
EN:
In Canada, and more broadly in a globalized world, the contact of cultures is part of our daily reality. In order to equip individuals so they may draw support from situations of plurality, the didactics of language and culture aim to develop, among language learners, sensibilities and practices which allow them to grasp the complexity of linguistic and cultural diversity. We therefore discuss, in the context of language didactics, inter-, trans-, multi-, and pluri-cultural approaches. This article reviews these designations and their references using two recent international works.
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Retour sur la Commission Bouchard-Taylor ou les difficultés de fonder l’avenir sur le pluralisme intégrateur
Frédéric Boily
pp. 219–237
AbstractFR:
Le rapport de la Commission Bouchard-Taylor (Fonder l’avenir. Le temps de la conciliation) qui a été rendu public en mai 2008 est devenu un élément central des réflexions intellectuelles et politiques concernant les rapports interculturels au Québec et au Canada. Cet article se propose d’examiner de manière plus attentive une importante dimension du rapport, celle ayant trait au pluralisme intégrateur. Après avoir décrit le contexte de politisation identitaire qui a donné lieu à la création de la Commission, il s’agira d’examiner la centralité de cette notion dans l’architecture d’ensemble du rapport, tout comme de voir comment pluralisme et intégration s’articulent l’un à l’autre. Nous verrons que le pluralisme intégrateur est un modèle positif qui exige une participation active des individus et qu’il se fonde sur une mise en retrait de l’idée de tolérance, telle qu’elle était communément comprise. En conclusion, nous rappellerons que la parution de deux manifestes (hiver 2010) montre que le débat se poursuit.
EN:
The Bouchard-Taylor Commission report (Fonder l’avenir : Le temps de la conciliation), which was published in May 2008, became a central element of intellectual and political reflection on the subject of intercultural relations in Québec and Canada. This article examines an important dimension of the report more closely, which relates to integrative pluralism. The paper begins by describing the context of identity politicization which prompted the creation of the Commission (Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles), followed by examining the centrality of this notion in the report’s overall architecture, as well as exploring how pluralism and integration are mutually articulated. Integrative pluralism is a positive model that demands the active participation of individuals, which is second in importance to tolerance as it was commonly understood. In conclusion, we recall that the publication of two manifestos (winter 2010) demonstrates that this debate is ongoing.
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Contribution au développement socioéconomique de la région d’Edmonton par les femmes africaines noires francophones immigrées entre 2000 et 2006
Ismaëlie Hyppolite
pp. 239–259
AbstractFR:
Ce travail concerne les femmes africaines francophones installées à Edmonton depuis au moins cinq ans. En s’installant dans une nouvelle société, les nouveaux arrivants font face à des normes établies et dépendamment de la situation et de l’environnement, les systèmes subissent des modifications. Ces changements ont des conséquences sur la vie des immigrants et également sur celle des membres de la communauté d’accueil. Souvent ces modifications conduisent à la différenciation, la discrimination, l’inégalité et l’exclusion. Ces phénomènes vécus particulièrement par les immigrants, peuvent influencer leur contribution socioéconomique au développement de la région d’établissement. Au cours des entretiens et des focus group réalisés avec les femmes africaines francophones faisant partie de notre étude, nous avons eu l’occasion de mettre en évidence non seulement des éléments favorables à leur intégration mais aussi certains éléments qui sont considérés comme des barrières freinant leur effort pour arriver à une intégration socio-économique réussie. Ainsi, nous avons exploré leur niveau d’éducation, leur formation professionnelle et leurs expériences de travail à Edmonton et également aux pays d’origine. Pour que l’intégration socioéconomique se concrétise, il faut que la personne immigrante ait les mêmes possibilités qu’un membre de la communauté d’accueil d’occuper un emploi et de gagner autant que lui, si les compétences sont comparables (Centre d’études ethniques de l’Université de Montréal, 1994, p. 45). Tel n’est pas le cas pour certaines femmes qui ont participé à notre étude. Elles doivent lutter non seulement pour s’accommoder sur le plan social, mais aussi et surtout, sur le plan économique. À partir des résultats de notre recherche nous pouvons confirmer que l’intégration socioéconomique des femmes immigrantes africaines francophones n’est pas simplement une question de choix personnel, mais ce choix doit s’inscrire dans des conditions favorisant le processus d’intégration en question.
EN:
This work concerns French-speaking African women who are settled in Edmonton for at least five years. By settling in a new society, they face established norms and depending on the situation and the environment, systems undergo modifications. These changes have consequences on the lives of immigrants and on members of the host community. Often these modifications lead to differentiation, discrimination, inequality, and exclusion. These phenomena, experienced especially by immigrants, can influence their socioeconomic contribution to the development of the region in which they’ve settled. During exchanges and focus groups conducted with the French-speaking African women who participated in our study, we had the opportunity to highlight not only elements which favour their integration, but also certain elements that are considered barriers and which halt their efforts toward successful socioeconomic integration. We have thus explored their level of education, their professional training, and their work experiences in Edmonton and in their country of origin. In order for socioeconomic integration to concretize, the immigrant person must have the same opportunities as a member of the host community for obtaining employment and equal income if their skills are comparable (Centre d’études ethniques de l’Université de Montréal, 1994, p. 45). This was not the case for some women who participated in our study. They must battle to adapt socially but also, and mainly, economically. Based on the results of our research, we can confirm that socioeconomic integration of French-speaking African immigrant women is not simply an issue of personal choice, but this choice must be framed by conditions that favour the process of integration.
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Multiculturalisme et transculturalisme : ce que peut nous apprendre la revue ViceVersa (1983-1996)
Sheena Wilson
pp. 261–275
AbstractFR:
À son époque, la revue ViceVersa (1983-1996) attira fortement l’attention par le repositionnement qu’elle promouvait au coeur du débat sur le multiculturalisme/biculturalisme. Voulant transcender ces paradigmes, qu’elle considérait comme restreignants, elle militait pour une position transculturelle. Cette revue se référait clairement au mouvement anti-globalisation, laissant entendre qu’un autre monde était possible, et cela avant même que ces idées passent dans la doxa et que les échecs des politiques sociales en lien avec la globalisation soient discutés et remis en cause. ViceVersa a, en son temps, proposé le transculturalisme comme alternative au multiculturalisme canadien, au nationalisme québécois et au neolibéralisme déchaîné des années 1980 et 1990. Cet article discute du projet transculturel de ViceVersa, évalue ses réussites culturelles et ses échecs politiques. Nous tenterons de voir dans quelle mesure cette réflexion sur le transculturalisme peut être reprise et actualisée dans le contexte canadien de la deuxième décennie du vingt-et-unième siècle.
EN:
In its day, the magazine ViceVersa (1983-1996) attracted considerable attention for the repositioning that it promoted regarding the debate on multiculturalism/biculturalism. The magazine wanted to transcend these paradigms, which it viewed as restrictive, and it campaigned for a transcultural position. The magazine made clear reference to the anti-globalization movement, and let it be understood that another world was possible, this even before such ideas infiltrated the doxa and before the failures of social policies on globalization were discussed and questioned. ViceVersa, in its own time, proposed transculturalism as an alternative to Canadian multiculturalism, to Quebecois nationalism, and to the raging neoliberalism of the 1980s and 1990s. This article discusses the transcultural project of ViceVersa, and evaluates its cultural successes and its political failures. We look at how, in the second decade of the twenty-first century, this reflection on transculturalism can be recaptured and updated in the Canadian context.
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Britannicité et multiculturalisme canadien
Donald Ipperciel
pp. 277–306
AbstractFR:
Nous défendrons la thèse selon laquelle le multiculturalisme canadien puise sa source idéologique dans un multiculturalisme normatif déjà présent dans le Troisième Empire britannique, c’est-à-dire le « Commonwealth britannique ». En effet, l’idée de multiculturalisme représentait une position légitime à laquelle on avait recours dans l’espace discursif de cette époque. Nous croyons en fait que l’idée même de britannicité recelait à cette époque une notion normative de multiculturalisme. L’analyse débute par un bref historique du terme « britannique », suivie par une présentation de la vision multiculturelle propre au Troisième Empire à travers trois intellectuels de cette époque: Alfred Zimmern, John Buchan (dit Lord Tweedsmuir) et Édouard Montpetit.
EN:
The author defends the thesis that Canadian multiculturalism draws its ideology from a normative multiculturalism already present in the Third British Empire, that is, the “British Commonwealth”. In fact, the idea of multiculturalism was a legitimate position and one that we could look to in the discursive space of this era. We believe that, during this era, the very idea of Britishness concealed a normative notion of multiculturalism. Our analysis begins by a brief history of the term “British”, followed by a presentation of the multicultural vision specific to the Third Empire from the standpoint of three intellectuals of this time: Alfred Zimmern, John Buchan (known as Lord Tweedsmuir) and Édouard Montpetit.
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Appréhender la complexité. Enjeux et raisonances dans le domaine culturel
Jean-Jacques Defert
pp. 307–329
AbstractFR:
Ancrée dans la logique dynamique de “société instituante”, cette réflexion se veut une mise en perspective des choix auxquels les sociétés contemporaines sont confrontées dans le double mouvement de différenciation des individus qui composent ces sociétés : différenciation interindividuelle par l’hétérogénéisation des origines culturelles des acteurs résultant de la diversification et de l’augmentation des flux migratoires; différenciation intraindividuelle par la multiplication des milieux socialisateurs et des réseaux sociaux dans lesquels ils sont amenés à évoluer. « L’écologisation de la pensée » qui à la notion de « complexité organisée » substitue celle de « complexité organisante » participe d’un enrichissement de la nature du lien relationnel de l’individu à son environnement par l’intégration d’une dimension dialogique par laquelle l’individu, système adaptatif complexe devient tout à la fois « organisé, organisant et organisateur ». C’est à travers le prisme de ces transformations du regard anthropologique que nous avons tenté d’interpréter les défis contemporains posés au renouvellement des théories sociologiques et des politiques communautaires.
EN:
Anchored in the dynamic logic of « instituting society », the present reflection aims to put in perspective the choices which contemporary societies are facing in response to the double movement of differentiation of the individuals composing these societies: an interindividual differentiation resulting from the heterogenization of their cultural origins in the context more diverse and increasing migratory fluxes; an intraindividual differentiation resulting from the multiplication of the socializing milieus and social networks in which these individuals move. The “ecologization of thought” which substitutes the notion of “organizing complexity” to that of “organized complexity” enriches the nature of the bound between the individual and his environment by integrating a dialogical dimension by which the individual becomes both a product and the producer of the social environment he lives in. It is through the lenses of this transformation of the anthropological gaze that we have tried to interpret the contemporary challenges of renewing sociological theories and community policies.
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Pour une inclusion complète : l’insertion professionnelle des étudiants stagiaires des minorités visibles dans l’école francophone albertaine
Paulin Mulatris and Rochelle Skogen
pp. 331–352
AbstractFR:
Cet article résulte d’une recherche pilote dont l’objectif était de comprendre l’expérience réelle des étudiants des minorités visibles inscrits au programme d’éducation d’une institution universitaire francophone en situation minoritaire. Utilisant une méthode qualitative courante en sociologie et en éducation, les auteurs cherchent à voir comment les institutions académiques et scolaires francophones en situation minoritaire – qui envisagent l’immigration comme une voie de revitalisation démographique – répondent-elles aux défis soulevés par la formation et l’insertion professionnelle des futurs enseignants.
EN:
This article is the result of a pilot research that aimed to understand the real experience of visible minority students enrolled in an education program in a Francophone university in a minority setting. Using a qualitative method that is current in the fields of sociology and education, the authors explore how Francophone academic institutions in a minority setting—institutions that view immigration as a path of demographic revitalization—respond to the challenges raised in the training and professional integration of future teachers.
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La sémiotique postmoderne dans la pédagogie et la recherche interculturelles
Roger Parent and Peeter Torop
pp. 353–379
AbstractFR:
L’évolution des modes d’enquête de la recherche qualitative vers des démarches interprétatives en matière de culture accentue la problématique du sens et de la signification dans le travail de terrain ainsi que dans la formation à l’interculturalité. Ce défi fait appel à des modèles théoriques de culture et à des pratiques analytiques opératoires pour rendre compte de la spécificité d’un milieu culturel et pour conceptualiser et évaluer des modèles de pédagogie interculturelle. Cette étude explore le potentiel de la sémiotique postmoderne, et plus particulièrement de la sémiotique textuelle, à fournir des fondements théoriques et méthodologiques efficaces et interdisciplinaires pour le développement de compétences interculturelles dans la recherche et l’éducation. À cette fin, l’analyse compare la sémiotique textuelle ou culturelle de l’école de Tartu en Estonie à la pédagogie interculturelle mise de l’avant par Abadallah-Pretceille et Porcher en France. Les nombreux écarts et contradictions mis en relief par cette comparaison révèlent néanmoins une complémentarité sous-jacente lorsque les modalités de ces deux approches sont contextualisées en rapport avec les principaux types de modèles de formation interculturelle en Amérique du Nord. Dans cette optique, la pédagogie d’Abadallah-Porcher privilégie l’approche « conscience de soi » (self-awareness) tandis que la sémiotique culturelle développe plutôt le corollaire de la « conscience culturelle » (culture-awareness). De plus, la sémiotique culturelle et la pédagogie interculturelle se rejoignent en raison de l’importance accordée à l’analyse culturelle et aux produits de culture dans le développement de l’interculturalité. Ce terrain commun recoupe également la finalité de la démarche interprétative, pragmatique et phénoménologique des modes d’enquête de la recherche qualitative: la praxis, la performance démocratique. La sémiotique pourrait ainsi contribuer à l’éducation et à la recherche interculturelles grâce à la portée interdisciplinaire de ses procédés analytiques pour l’interprétation d’un milieu culturel et pour le développement de compétences métacognitives par lesquels les sujets « apprennent à apprendre » au sujet de la culture.
EN:
Modes of inquiry in qualitative research have evolved toward interpretive approaches with regard to culture, which emphasizes the problem of meaning and significance in fieldwork and in intercultural training. This challenge calls on theoretic models of culture and on operative analytical practices to give account of the specificity of a cultural milieu and to conceptualize and evaluate models of intercultural pedagogy. Our study explores the potential of postmodern semiotics and, more particularly, of textual semiotics to provide efficient and interdisciplinary theoretical and methodological foundations for the development of intercultural competencies in both research and education. The present analysis compares the textual or cultural semiotic of the Tartu School in Estonia to the intercultural pedagogy advanced by Abadallah-Pretceille and Porcher in France. The numerous discrepancies and contradictions raised by this comparison reveal an underlying complementarity when the modalities of these two approaches are contextualized in relation to the main types of intercultural training models in North America. From this perspective, the pedagogy of Abadallah-Porcher privileges an approach of “self-awareness”, whereas cultural semiotic develops the corollary “culture-awareness”. Moreover, there is a meeting between cultural semiotic and intercultural pedagogy in light of the importance given to cultural analysis and to products of culture in the development of interculturality. This common ground also intersects with the finality of the interpretive, pragmatic, and phenomenological approach of modes of inquiry in qualitative research: praxis, democratic performance. In this manner, semiotics can contribute to intercultural education and research thanks to the interdisciplinary scope of its analytical processes for interpreting the cultural setting and for the development of metacognitive competencies whereby subjects “learn how to learn” with regard to culture.
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Musique populaire, métissage et identités culturelles : vers les recherches comparées
Srilata Ravi
pp. 381–399
AbstractFR:
Selon Piroth (2008), les chansons populaires en français ont contribué à renforcer une identité québécoise distincte vis-à-vis de la culture majoritaire des Anglo-Canadiens. D’après lui, bien que le style pop américain reste le genre musical le plus écouté au Québec, la présence de la musique populaire francophone dans les médias et dans les performances publiques atteste toujours de son importance dans le patrimoine culturel commun aux Québécois. Ici, nous proposons d’étudier un autre exemple de genre musical appartenant à la francophonie mondiale, pour examiner les rapports complexes entre les formes de musique populaire et les identités régionales : il s’agit de l’île de la Réunion (un département français situé dans l’Océan indien) et de la pratique du maloya comme symbole de la réunionnité par rapport à la culture française de la métropole.
EN:
Popular songs tell the stories of the daily lives of social groups. They help individuals find their place in the world and help them to develop a political identity, thereby creating a collective imaginary. In his article about popular music in Québec, Piroth (2008) points out how French folk songs have helped reinforce a distinct Quebecois identity vis-à-vis the majority Anglo-Canadian culture. According to Piroth, although the American pop style is still the most listened to musical genre in Québec, the presence of French pop music in media and public performances always attests to its importance in the shared cultural heritage of the Quebecois. In this article, we study another example of a musical genre in the French-speaking world in order to examine the complex relationships between popular music and regional identities; more specifically we look at Réunion Island (a French department situated in the Indian Ocean) and the practice of maloya as a symbol of reunion in connection with the French culture of the metropolis. Using a cultural studies’ perspective, we explore how “political demonstrations of the cultural and cultural demonstrations of the political” crystalize within this dynamic form of popular music.
Open-Topic / Hors-thèmes
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« Comment peut-on être moi quand on est Mère? » Une étude de la maternité dans Un enfant à ma porte (2009) de Ying Chen
Julie Rodgers
pp. 403–416
AbstractFR:
Cet article discute des conséquences de la maternité sur la subjectivité de la femme en se focalisant sur Un enfant de ma porte de Ying Chen, publié d’abord par Boréal en 2008 et ensuite par Seuil en 2009. Bien que ce roman ne constitue pas la première tentative de la part de Ying Chen d’examiner le thème de la maternité dans son écriture, ce qui est intéressant dans le roman Un enfant à ma porte, c’est que l’auteure nous donne accès à la voix de la mère au lieu de faire narrer son histoire par le biais d’un autre personnage. Cet article considérera l’idée de l’ambiguïté maternelle ainsi que les obstacles auxquels la mère doit faire face dans la lutte pour préserver sa propre identité tout en s’occupant d’un autre.
EN:
This article discusses the impact of motherhood on female subjectivity, as depicted in Ying Chen’s Un enfant à porte, published first by Boréal in 2008 and then by Seuil in 2009. Although this is not the first time that Ying Chen has examined the theme of motherhood in her writing, what is unique about Un enfant à ma porte is that it gives us direct access to the mother’s voice, as opposed to her story being narrated through another character. This article will look at the issue of maternal ambiguity and the difficulties enountered by the mother in her effort to maintain a sense of self while caring for another.
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The Representation of First Nations Art at the Art Gallery of Ontario
Naohiro Nakamura
pp. 417–440
AbstractEN:
Canadian art galleries have long been criticized for their poor inclusion of First Nations art, especially historical works. In November 2008, the Art Gallery of Ontario (AGO) opened new Canadian art gallery halls, with 2,000 new acquisitions donated by Ken Thomson. The AGO hired Gerald McMaster, who has tried to make historical First Nations art a key element of the story of Canadian art, as its first Aboriginal curator of the AGO’s Canadian art department. This article reviews several historical events, and the politics and discourse of the representation of First Nations art at the AGO, to examine the success of this new venture, especially in terms of its public appeal.
FR:
Les musées des beaux-arts canadiens sont critiqués depuis longtemps pour leur mauvaise inclusion de l’art des Premières Nations, notamment les objets historiques. En novembre 2008, le Musée des beaux-arts de l’Ontario (l’AGO) a ouvert de nouvelles salles d’art canadien, avec 2,000 nouvelles acquisitions données au musée par Ken Thomson. L’AGO a employé Gerald McMaster comme premier curateur d’origine autochtone du musée et il a essayé de faire de l’art des Premières Nations un élément historique important de l’art canadien. Cet article propose donc un rappel des événements historiques, des politiques et des discours de la représentation de l’art des Premières Nations à l’AGO, pour évaluer le succès de cette nouvelle entreprise et de son attrait pour le grand public.
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Glad Adventures, Tragedies, Silences: Remembering and Forgetting Wars for Empire in Canada and the United States
Robert Teigrob
pp. 441–465
AbstractEN:
This article surveys a century of U.S. writing on the War of 1898, and Canadian writing on the South African War, in order to contrast national attitudes toward international conflict. While Canadians tend to view their American neighbours as more fond of military exploits, a comparison of the historical representation of these remarkably similar fin de siècle conflicts finds a greater willingness among American popular and scholarly analysts to impugn their nation’s motivations in the War of 1898, and to call attention to aspects of the battle that reflect poorly on their nation’s self-image. Canadians, for their part, have tended to steer clear of controversial aspects of the South African War, or to ignore it altogether – over the course of a century that has otherwise witnessed an ongoing fascination with Canada’s participation in foreign conflicts. I suggest that this diffidence has roots in English Canada’s historical affections for imperialism, faith in government, and ethnic and cultural homogeneity, the latter of which has seen much of the military history of Canada recounted by individuals of similar identities and points of view.
FR:
L'auteur a passé en revue un siècle de documents écrits aux États-Unis sur la guerre de 1898 et au Canada, sur la guerre d'Afrique du Sud. Il voulait comparer les attitudes des Américains et des Canadiens face au conflit international. Les Canadiens ont tendance à penser que leurs voisins américains se passionnent plus qu'eux pour les exploits militaires. Cependant, en comparant les représentations historiques de ces deux conflits fin de siècle remarquablement semblables, on constate que les observateurs américains, populaires et savants, ont été plus enclins à remettre en question les motivations de leur pays dans la guerre de 1898 et à attirer l'attention sur les éléments susceptibles de ternir l'image qu'il avait de lui-même. Au contraire, les Canadiens ont eu tendance à éviter les aspects controversés de la guerre d'Afrique du Sud, ou à l'ignorer totalement, sur une période d'un siècle, qui a été par ailleurs celui d'une fascination continue pour la participation du Canada aux conflits internationaux. Selon l'auteur, cette répugnance s'expliquerait par les sympathies anciennes du Canada anglais pour l'impérialisme, sa confiance envers le gouvernement et son homogénéité ethnique et culturelle, homogénéité attestée par le fait que l'histoire militaire canadienne a été, pour l'essentiel, racontée par des observateurs aux identités et aux points de vue similaires.
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Resisting Regulation: Conservation, Control, and Controversy over Aboriginal Land and Resource Rights in Eastern Canada, 1880–1930
Siomonn Pulla
pp. 467–494
AbstractEN:
During the turn of the twentieth century, the land continued to provide the practical, historical, and spiritual basis of distinct cultural practices for Aboriginal peoples in eastern Canada. This was also a time of direct and often intense cultural assaults on Indigenous traditions by state conservation practices and discourses on game preservation. An analysis of historic Aboriginal assertions of sovereignty and effective control in eastern Canada during this period provides an important context that links the current day neo-liberal discourse on “minority rights” and the resulting paradigm of domestication with the Canadian state’s historic policies of aggressive civilization. This analysis ultimately argues that the historic and ongoing project of nation building in Canada is grounded in a complex nation-to-nation framework, with a long history of international diplomacy and good-governance practices that include the involvement of Aboriginal peoples in seeking positive and practical resolutions to their struggles with the state over their land and resource rights.
FR:
Au tournant du vingtième siècle, le territoire est demeuré pour les Autochtones le socle concret, historique et spirituel de leurs pratiques culturelles distinctes dans l'Est du Canada. Cette période a également été celle où les traditions autochtones ont été attaquées directement et souvent très durement par les pratiques de conservation préconisées par l'État et les discours relatifs à la préservation du gibier. L'analyse des affirmations historiques de souveraineté et de maîtrise effective des Autochtones dans l'Est du Canada au cours de cette période fournit un éclairage important sur le contexte reliant le discours néolibéral actuel relatif aux « droits des minorités » et le paradigme qui en résulte : la domination par des politiques classiques de l'État canadien axées sur une stratégie agressive de civilisation. Finalement, l'auteure soutient que le projet historique d'édification de la nation qui se poursuit au Canada se fonde sur un cadre complexe de relations de nation à nation. Ce cadre repose sur une longue histoire de diplomatie internationale et de pratiques de bonne gouvernance qui comprend la participation des Autochtones à la recherche de solutions favorables et concrètes aux luttes qu'ils ont menées contre l'État pour leurs droits relatifs aux terres et aux ressources.
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Virtual Canadian Realities: Charting the Scott Pilgrim Universe
David Murphy
pp. 495–507
AbstractEN:
Through a mixture of political-economic and textual analysis, this article examines the Scott Pilgrim franchise, consisting of a series of graphic novels, feature film, and video game, from a transmedia storytelling perspective. By doing so, the author insists that the franchise constructs a globally networked vision of English-Canadian identity through a selective representation of Toronto that situates the city as a cultural filter for globally produced media. While arguing that transmedia storytelling presents a highly fractured fictional universe, with each form of media adding an additional layer of interpretation, the article calls attention to how the Scott Pilgrim franchise utilizes a narrative strategy commonly referred to as “magical realism,” which in the case of transmedia storytelling is perhaps better understood as a form of “virtual realism.” From this perspective, while admitting that the Scott Pilgrim fictional universe exhibits Canadian concerns over the role technologies play in the construction of identity, the author insists that the franchise also draws upon a broader internationally networked nostalgia for classic video games.
FR:
L'auteur examine, par une analyse politico-économique et textuelle et du point de vue de la narration transmédia, la franchise Scott Pilgrim, qui comprend une série de romans graphiques, un long métrage et un jeu vidéo. Ce faisant, l'auteur met l'accent sur le fait que la franchise élabore en réseau international une image de l'identité anglo-canadienne reposant sur une représentation sélective de Toronto. Cette représentation situe de la ville comme un filtre culturel pour des médias dont la production est mondialisée. L'auteur soutient que la narration transmédia présente un monde fictionnel très fragmenté, chaque forme de médium ajoutant une strate supplémentaire d'interprétation. En même temps, il insiste sur le fait que la franchise Scott Pilgrim fait appel à une stratégie narrative couramment reliée au « réalisme magique » mais qu'il serait peut-être plus clair, dans le cas de la narration transmédia, de désigner comme une forme de « réalisme virtuel ». De ce point de vue, tout en reconnaissant que l'univers fictionnel de Scott Pilgrim illustre les préoccupations des Canadiens quant au rôle joué par les technologies dans la construction de l'identité, l'auteur souligne que la franchise tire également parti d'une nostalgie relayée plus largement par les réseaux mondiaux qui porte sur les jeux vidéos classiques.
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“Negation, Annihilation and Nothingness”: Risks and Recovery from Parental Loss and Abandonment in Nancy Huston’s Instruments of Darkness
Danielle Schaub
pp. 509–530
AbstractEN:
Nancy Huston’s Instruments of Darkness illustrates how the narration of trauma has at once potentially redeeming and devouring powers. A joint literary-psychoanalytic exploration of the main characters’ childhood experiences and subsequent severed and severing links/bonds highlights how the text bears the mark of past traumas, reflecting the theories of LaCapra, Bion, D. W. Winnicott, Laub, Poland, and André Green. Following the multiple processes through which the protagonist of the framing narrative fights against her past while recording the loops of the protagonist’s life in the framed narrative, the novel engages in a therapeutic process counteracting the traumatic impact of a dead mother, whether physically or psychically.
FR:
Le roman Instruments des ténèbres de Nancy Huston montre que les forces libérées par le récit d'un traumatisme peuvent être à la fois rédemptrices et dévoratrices. À l'aide d'une grille de lecture littéraire et psychanalytique et s'inspirant des théories de LaCapra, Bion, D. W. Winnicott, Laub, Poland et André Green, l'auteure analyse les expériences vécues dans l'enfance par les deux personnages principaux ainsi que leurs liens et leurs attachements ultérieurs, marqués par la rupture et la séparation, afin de mettre en relief la manière dont le texte porte l'empreinte de blessures anciennes. Le roman suit les multiples mécanismes par lesquels la protagoniste du récit-cadre affronte son passé en enregistrant les méandres de son existence dans le récit-cadre : il participe ainsi à un processus thérapeutique qui contrebalance les effets traumatiques, sur le plan physique ou psychique, de la mort de la mère.