International Journal of Canadian Studies
Revue internationale d’études canadiennes
Number 41, 2010 Representations of First Nations and Métis Les représentations des Premières Nations et des Métis Guest-edited by Jorge Calderón and Wendy Roy
Table of contents (15 articles)
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Présentation
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First Nations Gaming as a Self-Government Imperative: Ensuring the Health of First Nations Problem Gamblers
Yale D. Belanger
pp. 13–36
AbstractEN:
At the end of 2008, there were 17 First Nations casinos operating in Canada. Recent statistics confirm that all are money-making enterprises, and that individual First Nations are using the money to improve social programming and augment infrastructure. What has been overlooked to date is local health: specifically, limited funding was set aside in all Province-First Nations gaming agreements to implement problem-gambling treatment programs for on-reserve residents negatively influenced by the introduction of a casino. This is surprising considering that several studies in Canada and the United States have shown Aboriginal people are more likely to become problem gamblers. This paper argues that by situating a casino in a reserve community, the host community establishes an imperative to treat those negatively affected by ease of access to casino gambling games. To do so is an aspect of self-determination, and a responsibility First Nations assume when selecting casinos as mechanisms of economic development.
FR:
À la fin de 2008, on comptait, au Canada, 17 casinos des Premières Nations. Les dernières statistiques confirment qu’ils sont tous des entreprises lucratives et que chacune de ces Premières Nations utilise l’argent pour améliorer des programmes sociaux et accroître l’infrastructure. Or, on a fait abstraction d’un point jusqu’à présent, à savoir la santé de la population locale. Plus particulièrement, tous les accords sur les jeux de hasard entre les provinces et les Premières Nations n’ont prévu qu’un financement limité pour mettre en oeuvre des programmes de traitement du jeu compulsif à l’intention des résidents des réserves sur lesquels l’implantation d’un casino exerce une influence négative. Un fait étonnant, étant donné que plusieurs études au Canada et aux États-Unis ont montré que les Autochtones sont plus susceptibles de devenir des joueurs compulsifs. Cet article soutient qu’en établissant un casino dans une réserve indienne, la communauté d’accueil se doit de traiter les personnes touchées par la facilité d’accès aux jeux de casino. Agir dans ce sens est un acte d’autodétermination, un acte de responsabilité que les Premières Nations sont appelées à assumer lorsqu’elles choisissent les casinos comme des mécanismes de développement économique.
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Grassy Narrows Blockade: Reworking Relationships between Anishnabe and Non-Indigenous Activists at the Grassroots
Rick Wallace
pp. 37–68
AbstractEN:
The case example of Grassy Narrows argues that the localized experiences and discourses between Grassy Narrows First Nation ‘blockaders’ and non-Indigenous ‘activists’ reflected constrained and emancipatory practices of transforming various forms of asymmetrical power between them. Both a process and an outcome of negotiated understandings, collaboration and trust delineated by solidarity, the case of the Grassy Narrows First Nation (GNFN) blockade offered examples of grassroots practices for wider social change. In this case study, it was the negotiation from a marginalized position too often accorded the ontologies and epistemologies of one group—in this case, GNFN (Anishnabe peoples)—, and repositioning (privileging) it as the centre point of practice and leadership vis-à-vis another group (non-Indigenous activists). The case example asked what could be learned from a grassroots situation where differently situated parties have different privileges/status at the structural (macro) level but choose to attempt to renegotiate these at the local level. It suggested that transforming of larger social relations of power began at the local level through inverting/disabling unequal past practices and that in doing so, offered a counter point to established relations of power.
FR:
L’exemple de Grassy Narrows soutient que les expériences et discours localisés des « bloqueurs » de la Première Nation Grassy Narrows et ceux des « activistes » non autochtones se reflétaient dans des pratiques limitées et émancipatrices de transformation des différentes formes de pouvoir asymétrique entre eux. Tant dans le processus que dans les résultats des ententes, de la collaboration et de la confiance négociées et définies par la solidarité, le cas du barrage routier de la Première Nation Grassy Narrows a offert des exemples de pratiques populaires de changement social plus vaste. La présente étude de cas portait sur la négociation d’une position marginalisée accordée trop souvent aux ontologies et épistémologies d’un groupe (en l’espèce, la Première Nation Grassy Narrows – les peuples Anishnabe) à son repositionnement (ou sa préemption) comme point central de la pratique et du leadership par rapport à un autre groupe (des activistes non autochtones). L’exemple de cas s’interrogeait sur les leçons tirées d’une situation où les différentes parties à la base essayent de renégocier, au niveau local, différents privilèges ou statuts qu’elles ont au niveau structurel (macro). Le cas suggère que la transformation des rapports de force sociaux plus vastes a commencé au niveau local par le biais des pratiques inégales d’inversion et d’invalidation dans le passé, ce qui a, par conséquent, apporté un contrepoids aux relations de pouvoir établies.
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The Earth Keepers Solid Waste Management Planning Program: A Collaborative Approach to Utilizing Aboriginal Traditional Knowledge and Western Science in Ontario
Deborah McGregor
pp. 69–98
AbstractEN:
Both the 1987 “Brundtland Report”, and Chapter 26 of Agenda 21 (which emerged from the 1992 “Earth Summit”), formally recognized the role of Indigenous people in global sustainable development. Agenda 21 requires that Aboriginal values, traditional knowledge, and resource management practices are recognized and meaningfully involved in sustainable development undertakings; and that capacity-building in Aboriginal communities, based on the adaptation and exchange of traditional knowledge, is developed so as to increase the ability of Aboriginal peoples to participate in sustainable development. This paper documents the principles behind and development of a practical program aimed at meeting these two criteria head on. Funded by the Canadian government and developed by an Aboriginal corporation with western scientific expertise, the “Earth Keepers” program represents a significant move towards establishing a truly collaborative program with benefits for Aboriginal and non-Aboriginal constituents alike. While participants in the program recognize areas for improvement, key among the program’s successful strategies to date has been the meaningful inclusion of Aboriginal community partners from the outset. The program’s built-in feedback system allows it to adapt to better meet the needs of participants over time. Continued scrutiny of this program as it evolves is warranted as it represents a significant departure from outmoded “colonial” approaches to research and development in Aboriginal communities, and an innovative step towards an improved environmental future for all participants.
FR:
Tant le « Rapport Brundtland » de 1987 que le chapitre 26 de l’« Action 21 » (qui a résulté du « Sommet de la Terre » de 1992) ont officiellement reconnu le rôle des populations autochtones dans le développement durable mondial. L’Action 21 recommande, d’une part, que les valeurs, les connaissances traditionnelles et les pratiques de gestion des ressources autochtones soient reconnues et mises sérieusement à contribution dans des activités de développement durable et, d’autre part, que le renforcement des capacités des collectivités autochtones soit basé sur l’adaptation et l’échange du savoir traditionnel afin d’accroître leur participation au développement durable. Cet article étaye l’élaboration et les principes sous-jacents d’un programme pratique visant à répondre de front à ces deux critères. Financé par le gouvernement canadien et élaboré par une société autochtone possédant une expertise scientifique occidentale, le programme des « Gardiens de la Terre » représente un progrès décisif vers l’établissement d’un véritable programme de collaboration dans l’intérêt des citoyens tant autochtones que non autochtones. Bien que des participants au programme constatent qu’il y a des aspects qui gagneraient à être améliorés, la clé du succès des stratégies du programme jusqu’à ce jour a été d’inclure concrètement des partenaires des collectivités autochtones dès le départ. Le système de rétroaction intégré a permis au programme de s’adapter pour mieux répondre aux besoins des participants au fil du temps. Un examen constant du programme à mesure qu’il évolue s’impose, car il représente non seulement un changement radical par rapport aux approches « coloniales » dépassées à l’égard de la recherche et du développement dans des collectivités autochtones, mais aussi un pas novateur vers un meilleur avenir sur le plan environnemental pour tous les participants.
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Representing Aboriginal Self-Government and First Nations/State Relations: Political Agency and the Management of the Boreal Forest in Eeyou Istchee
Daniel Salée and Carole Lévesque
pp. 99–135
AbstractEN:
This paper is primarily concerned with the way in which the strategies Indigenous peoples choose to address and deal with state power are being characterized by recent scholarly assessments of territorial and self-government agreements in Canada. The authors contend that by emphasizing almost exclusively seemingly irreversible structural determinants (such as colonialism and the capitalist logic of dispossession), the interpretative orientation of that literature tends to misrepresent the nature and dynamics of First Nations politics in the Canadian context and minimizes the positive impact of their action on social change. On the basis of an examination of contentious politics and the resulting institutional practices elaborated in relation to the management of forest resources and environmental policy in Eeyou Istchee (land of the James Bay Cree) over the past 30 years, the paper underscores instead the Cree’s political agency and their ability to secure a substantial measure of control over the management of forest resources and the definition of environmental policy. It argues that the Cree have largely succeeded in reversing the historical logic of domination to which Indigenous peoples have been submitted and in reappropriating key instruments of collective empowerment. The paper ultimately offers a defence for an analytical stance that appreciates First Nations’ political and policy choices from the perspectives of what they actually mean for the communities involved rather than from the point of view of normative and theoretical absolutes.
FR:
Cet article pose un regard critique sur la manière par laquelle plusieurs travaux qui font actuellement autorité représentent les plus récents accords territoriaux et d’autonomie politique engageant l’État canadien et les peuples autochtones. Il soutient que l’insistance de la plupart des auteurs sur des déterminants structurels vraisemblablement irréversibles (tels que le colonialisme ou la logique capitaliste de dépossession) pour analyser les accords institutionnels auxquels les peuples autochtones sont partie prenante débouche sur une orientation interprétative qui dénature l’action politique de ces derniers et en minimise les effets positifs sur la dynamique de changement social. À partir d’un examen du processus politique de reprise de contrôle de la gestion de la forêt boréale par les Cris d’Eeyou Istchee (Baie James) au cours des trente dernières années, l’article met plutôt l’accent sur l’agentivité de ces derniers et sur leur habilité à faire échec à la logique historique de domination à laquelle les peuples autochtones au Canada ont été soumis et à se réapproprier les principaux instruments de leur émancipation collective. En bout de piste, le texte propose un plaidoyer pour une posture analytique qui sache aborder les choix politiques des peuples autochtones en ce qu’ils représentent pour les communautés qui font ces choix et non pas selon la vision normative et théorique de quelque idéal politique.
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Thomas Flanagan on the Stand: Revisiting Métis Land Claims and the Lists of Rights in Manitoba
Darren O’Toole
pp. 137–177
AbstractEN:
More than a century after the adoption of section 31 of the Manitoba Act, 1870, which granted 1.4 million acres to the Métis of Manitoba, the descendants were unable to convince a trial judge that the federal and provincial governments improperly implemented this section. In his decision, Judge MacInnes seems to have relied heavily on the historical interpretation of the Crown’s expert witness, political scientist Thomas Flanagan. In this article, the author re-examines the historical evidence concerning the genesis rather than the implementation of s. 31 and finds that, contrary to what Flanagan has asserted, the Métis did indeed make land claims during the Resistance of 1869-70 and mandated their delegate, the abbot Noël-Joseph Ritchot, to negotiate a territorial enclave as consideration for the surrender of their derivative Indian title.
FR:
Plus d’un siècle après la promulgation de l’art. 31 de la Loi de 1870 sur le Manitoba, qui accordait une concession de 1,4 million d’acres aux Métis du Manitoba, les descendants de ces derniers n’ont pas réussi à convaincre le juge MacInnes de reconnaître l’inconstitutionnalité de la manière que cet acte a été mis en oeuvre. Dans sa décision, le juge MacInnes semble s’être largement appuyé sur l’interprétation historique du témoin expert pour la Couronne, le politologue Thomas Flanagan. Dans cet article, l’auteur réexamine la preuve historique en ce qui concerne la genèse plutôt que la mise en oeuvre de l’art. 31 et démontre que, contrairement à ce qu’a affirmé Flanagan, les Métis ont bel et bien revendiqué des terres pendant la Résistance de 1869-70 et ont mandaté leur représentant, l’abbé Noël-Joseph Ritchot, de négocier une enclave territoriale en guise d’échange de l’extinction de leur titre d’indien dérivé.
Special Dossier / Dossier spécial
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Introduction: Representations of First Nations and Métis in Canada and Quebec
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Mission mitchif : Courir le Rougarou pour renouveler ses liens avec la tradition orale
Pamela V. Sing
pp. 193–212
AbstractFR:
Pendant presque soixante ans, la société de la colonie de la rivière Rouge du XIXe siècle fut majoritairement franco-métisse. Issus de mariages entre des Canadiens français engagés dans la traite de la fourrure et des femmes amérindiennes, les Métis ou, pour employer le terme qui correspond à la prononciation métisse du mot, les « Mitchifs » croyaient alors constituer la « Nouvelle Nation ». Cependant, avant la fin du siècle, ils étaient en train de devenir le « peuple oublié du Canada » : les conséquences de la création de la province du Manitoba en 1870 et ensuite, de leur défaite à la bataille de Batoche face à l’armée canadienne en 1885, suivie de la mise à mort pour haute trahison de leur chef spirituel et politique Louis Riel, ont entraîné la dispersion de leurs communautés et la ré-identification d’un grand nombre d’individus. Ils sont disparus de la scène publique et ce, jusqu’aux années 1960. Au sortir du « Grand Silence », le groupe avait subi de grandes pertes : comment transmettre une tradition orale lorsque la communauté s’est fragmentée ou si l’on n’ose plus avouer son patrimoine? Actuellement, les artistes de la communauté métisse at large aident les leurs à célébrer les noyaux culturels qui leur restent, mais des pans entiers de la mémoire collective leur manquent. Cet article traite d’un projet qui vise à rendre à la communauté métisse une minuscule partie de leur patrimoine.
EN:
For nearly 60 years, the nineteenth century colony of the Red River was mainly Franco-Métis. Born of marriages between French Canadian fur traders and Amerindian women, the Métis—or to use the Métis pronunciation “Mitchifs”—believed they were the “New Nation”. Yet, before the end of the century, they were becoming “Canada’s forgotten people”. The creation of the Manitoba province in 1870, followed by their defeat at the Battle of Batoche against Canadian forces in 1885, and then the execution of their spiritual and political leader, Louis Riel, for high treason—these events had consequences which led to the dispersion of their communities and the re-identification of many individuals. They disappeared from the public scene until the 1960s, and after this period of “great silence”, they had experienced significant losses: How does a fragmented community, or a community that no longer dares to admit its heritage, hand down its oral tradition? Today, Métis artists are helping their own to celebrate what remains of their cultural core, but entire segments of the collective memory are missing. This article looks at a project aimed at giving back to the Métis community a small part of their heritage.
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Reading Beyond Race in Margaret Laurence’s “The Loons” from A Bird in the House
Nora Foster Stovel
pp. 213–230
AbstractEN:
Margaret Laurence’s short story “The Loons” from A Bird in the House (1970) has proved highly controversial as an example of racist or anti-racist literature. The question is which? Laurence’s bifocal narrative technique allows the mature narrator Vanessa MacLeod to revise her childhood prejudices and satirize the racial stereotypes in her ten-year-old self’s perception of Piquette Tonnerre. Some critics have opined that, in the last sentence of the story, Laurence reinscribes the racism she has taken pains to deconstruct. Considering the story in context, however, suggests the focus of the story is the death of Vanessa’s father. Realizing Piquette shares her grief inspires Vanessa to view her, years later, as an individual. The loons, “those phantom birds,” prophesy death. Vanessa realizes Piquette, who suffered so greatly, “might have been the only one, after all, who had heard the crying of the loons.”
FR:
La nouvelle « The Loons » tirée de l’oeuvre A Bird in the House (1970) de Margaret Laurence s’est avérée un exemple fort controversé de la littérature raciste ou antiraciste. La question est de savoir quelle est la technique de narration à double foyer de Laurence qui permet à la narratrice Vanessa MacLeod à l’âge adulte de revisiter ses préjugés d’enfance et de se moquer des stéréotypes raciaux dans la perception qu’elle avait à dix ans de Piquette Tonnerre. Certains critiques ont émis l’opinion que, dans la dernière phrase de la nouvelle, Laurence réinscrit le racisme qu’elle a pris soin de déconstruire. Toutefois, le thème central de la nouvelle, replacée dans son contexte, est la mort du père de Vanessa. Lorsqu’elle se rend compte des années plus tard que Piquette partage sa douleur, Vanessa la voit comme une personne et comprend que Piquette qui a tant souffert « serait la seule personne à avoir entendu les cris des huards », des « oiseaux fantômes » qui prophétisent la mort.
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L’Autochtone dans Le dernier été des Indiens de Robert Lalonde : ou comment passer de la grande à la petite noirceur
Sandra Hobbs
pp. 231–252
AbstractFR:
Cet article fait l’analyse du portrait stéréotypé de l’Autochtone dans Le dernier été des Indiens. Dans le petit village du narrateur, l’Autochtone est dépeint comme un être primitif, insouciant et amoral; mais pour Michel, l’Amérindien représente la liberté, la vitalité et la sensualité. Cette étude examine le rôle joué par l’Amérindien dans la redéfinition de l’identité nationale au début de la Révolution tranquille en interrogeant les rapports entre les Québécois et les peuples autochtones. En effet, en employant la théorie postcoloniale de l’ambivalence de Homi K. Bhabha, cet article propose une nouvelle lecture du roman qui explique le portrait stéréotypé de l’Autochtone en fonction du besoin ressenti par le sujet québécois de combler un manque au coeur de sa propre identité. Selon cette perspective, la présence de l’Amérindien permet au romancier de démontrer que le malaise identitaire ressenti par le sujet québécois ne saurait être remédié seulement par un redressement de la situation coloniale et de ses séquelles; une remise en question des rapports passés et futurs entre Québécois et Autochtones s’impose également.
EN:
This article analyzes the stereotypical portrayal of the Aboriginal in Le dernier été des Indiens. In the narrator’s small village, the Aboriginal is depicted as primitive, carefree, and amoral, but for Michel, the Amerindian represents freedom, vitality, and sensuality. This study examines the role of the Amerindian in redefining national identity at the start of The Quiet Revolution by questioning relationships between the Québécois and the Aboriginal peoples. The article proposes a new reading of the novel using the postcolonial theory of ambivalence set forth by Homi K. Bhabha. In this way, the stereotypical portrayal of the Aboriginal is explained according to the Québécois subject’s need to fill an absence at the heart of its own identity. From this perspective, the Amerindian presence allows the novelist to show that the identity malaise felt by the Québécois subject could not be remedied only by a redress of the colonial situation and its legacy; it is also necessary to question past and future relations between Québécois and Aboriginals.
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On Critical Frameworks for Analyzing Indigenous Literature: The Case of Monkey Beach
Michèle Lacombe
pp. 253–276
AbstractEN:
Teachers and critics who include best-selling novels by Indigenous writers in discussions of Canadian literature are contributing to the wider circulation of those novels, which can only be beneficial. Nevertheless, the tendency to read these novels using methods derived from Euro-Canadian cultural and literary frameworks, while useful, is in many ways limiting. Critical methods emerging from Indigenous intellectual, cultural, and academic contexts can enrich our readings of such work, as well as lead us to the discovery (or recovery) of related Indigenous literature that does not achieve such wide circulation. This essay focuses on a few different ways of reading Eden Robinson’s well-known novel Monkey Beach, arguing that paying attention to a diversity of methodologies within Indigenous literary theory can enrich the reading experience. Two prominent schools of thought, here understood as complementary rather than in opposition, and both finding their origins in American Indian rather than Native Canadian interdisciplinary studies, are Indigenous literary nationalism and trickster discourse as it intersects with notions of hybridity. Focussed on Nation-specific uses of creation stories in cultural revitalization, and on urban “post-indian” perspectives respectively, these approaches offer alternatives to prevailing Western approaches such as ethnographic, magic realist, or gothic readings.
FR:
Des enseignants et des critiques qui incluent des romans à succès d’écrivains autochtones dans les discussions sur la littérature canadienne contribuent à leur diffusion à une échelle plus large, ce qui ne peut être que bénéfique. Toutefois, la tendance à lire ces romans selon des méthodes dérivées des cadres culturels et littéraires euro-canadiens, bien qu’utile, est étriquée à plusieurs égards. Par contre, des méthodes critiques issues de milieux intellectuels, culturels et universitaires autochtones peuvent enrichir notre lecture de ces oeuvres et nous permettre de découvrir (ou de redécouvrir) une littérature autochtone connexe qui ne jouit pas d’une diffusion aussi vaste. Cet article porte sur les différentes façons de lire le célèbre roman Monkey Beach d’Eden Robinson et soutient qu’en prêtant attention à la diversité des méthodes dans la théorie littéraire autochtone, nous pourrons rehausser notre expérience de la lecture. Deux écoles de pensée de premier plan, qui sont plus complémentaires qu’opposées et qui trouvent leur origine dans des études interdisciplinaires amérindiennes plutôt qu’autochtones canadiennes, sont le nationalisme littéraire indigène et le discours du trickster qui est lié aux notions d’hybridité. Ces approches qui sont axées, respectivement, sur le recours national à la création de récits dans la revitalisation culturelle et sur des perspectives urbaines « post-autochtones » offrent des solutions de rechange à la conception dominante occidentale comme des lectures ethnographiques, réalistes magiques ou gothiques.
Research Notes / Notes de recherche
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La Saga de Bernard Assiniwi, ou comment faire revivre les Béothuks
Maurizio Gatti
pp. 279–296
AbstractFR:
Bernard Assiniwi, en 1971, a été le premier auteur amérindien à publier un ouvrage en français largement distribué au Québec. Son dernier roman La Saga des Béothuks (Leméac/Actes Sud, 1996) raconte l’histoire des Béothuks de Terre-Neuve depuis l’an 1000 environ jusqu’à 1829, date du décès de la dernière femme de cette nation. La rencontre et le métissage sont au coeur de cette saga. Le passage de l’oralité à l’écriture, la modification des traditions ancestrales, les nouvelles habitudes sexuelles, les thématiques, les personnages montrent, dans le récit, différentes facettes des changements apportés par l’arrivée des européens. Le présent article analysera La Saga des Béothuks, car cet ouvrage est représentatif de la manière dont plusieurs auteurs amérindiens ont marié la tradition orale amérindienne et la tradition écrite romanesque européenne. Après une brève présentation de l’auteur, je me pencherai sur la structure du roman, sa thématique originale, sa riche typologie de personnages, et son utilisation de la langue béothuk. Je terminerai en examinant le style ironique et tranchant de Bernard Assiniwi.
EN:
In 1971, Bernard Assiniwi became the first Amerindian author to publish a French language work that was broadly distributed in Québec. His last novel, The Beothuk Saga (McClelland & Stewart, 2000), recounts the story of Newfoundland’s Beothuk peoples from about the year 1000 until 1829, when the last woman of the Beothuk nation died. Encounters and miscegenation are at the heart of this saga. The passage from orality to writing, the transformation of ancestral traditions, new sexual habits, themes and characters—the story draws a picture of the changes effected by the arrival of Europeans. In this article, The Beothuk Saga is analyzed as a work that represents the way many Amerindian authors joined Amerindian oral tradition with the European tradition of novelistic writing. After a brief presentation of the author, I will look at the novel’s structure, its original thematic, the rich typology of its characters, and its use of Beothuk language. Finally, I will examine Bernard Assiniwi’s ironic and cutting style.
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L’identité composée : hybridité, métissage et manichéisme dans La saga des Béothuks, de Bernard Assiniwi, et Ourse bleue, de Virginia Pésémapéo Bordeleau
Marie-Hélène Jeannotte
pp. 297–312
AbstractFR:
Les textes amérindiens du Québec abordent le contact des cultures d’un point de vue renouvelé. À la lumière du concept d’hybridité (Bhabha), comment les textes amérindiens représentent-ils le métissage et l’hybridité, sur les plans textuel et sémantique? Dans La saga des Béothuks, de Bernard Assiniwi, et Ourse bleue, de Virginia Pésémapéo Bordeleau, le texte affiche nettement une hétérogénéité typique du mélange culturel où l’oralité et l’écrit se côtoient et où les langues française et amérindiennes cohabitent. Toutefois, le contexte colonial des oeuvres, particulièrement dans La saga des Béothuks, amène une vision manichéenne comme base des dynamiques identitaires. De façon différente, Ourse bleue propose, à travers la quête de son personnage principal, une composition identitaire ambivalente et versatile, se rapprochant en cela d’un espace hybride. Dans les deux cas, la textualité constitue le lieu d’expression privilégié de l’hybridité.
EN:
The Amerindian texts of Québec broach cultural contact from an updated point of view. In light of the hybridity concept (Bhabha), how are miscegenation and hybridity represented, textually and semantically, in Amerindian writings? In The Beothuk Saga, by Bernard Assiniwi, and in Ourse bleue, by Virginia Pésémapéo Bordeleau, the text clearly reveals a heterogeneity that is typical of the cultural mingling where orality and writing border one another, and where the French and Amerindian languages cohabit. However, the colonial context of these works, particularly The Beothuk Saga, conveys a manichaeistic vision as the basis of the dynamics of identity. In a different way, Ourse bleue proposes, through the quest of its primary character, an ambivalent and versatile identity composition that comes close to the hybrid space. In both cases, textuality is the privileged locale for the expression of hybridity.