Volume 8, Number 2, 2024 Numéro thématique 3 : Pratiques de gestion et professionnelles
Table of contents (5 articles)
Texte long - Communication orale AIPTLF 2023
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Introduction au numéro spécial thématique - Pratiques de gestion et professionnelles : articles provenant du congrès de l’Association de psychologie du travail de langue française (AIPTLF) L’appel d’un temps nouveau: l’humain au coeur de la transformation du travail !
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Effet des pratiques ressources humaines efficaces sur la satisfaction au travail : le rôle de l’engagement au travail et de l’identification organisationnelle
Martin Lauzier and Guillaume Desjardins
pp. 1–19
AbstractFR:
S’appuyant sur le modèle AMO (Ability, Motivation, Opportunity) et la Théorie de l’identité sociale, cette étude vise à mieux saisir les mécanismes et conditions d’influence de la relation entre les pratiques ressources humaines (RH) efficaces et la satisfaction au travail. Basée sur les réponses offertes par 201 employés qui ont rempli un sondage électronique durant la pandémie de COVID-19, cette étude apporte trois contributions. Premièrement, elle relève l’effet positif des pratiques RH efficaces sur les niveaux d’engagement et de satisfaction des employés. Deuxièmement, elle souligne le rôle médiateur de l’engagement dans la relation unissant les pratiques RH efficaces à la satisfaction au travail. Troisièmement, elle montre le rôle modérateur de l’identification organisationnelle sur cette première relation. Les implications de ces résultats sont discutées en guise de conclusion.
EN:
Drawing on the AMO model (Ability, Motivation, Opportunity) and social identity theory, this study aims to better understand the mechanisms and conditions influencing the relationship between effective human resource (HR) practices and job satisfaction. Based on the responses provided by 201 workers who completed an electronic survey during the COVID-19 pandemic, this study makes three contributions. First, it demonstrates the positive impact of effective HR practices on workers' levels of work engagement and job satisfaction. Second, it highlights the mediating role of work engagement on the relationship between effective HR practices and job satisfaction. Third, it shows the moderating role of organizational identification on this first relationship. By way of conclusion, the implications of these results are discussed.
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Relations interpersonnelles en télétravail post-COVID et bien-être psychologique : rôle modérateur des jours de télétravail et de l’expérience professionnelle
Nathan Pudles and Catherine Hellemans
pp. 20–35
AbstractFR:
La prégnance du télétravail post-COVID nécessite d’en étudier les différents aspects, notamment relationnels, et leurs impacts sur les télétravailleurs. Il est considéré qu’en télétravail, les échanges formels et informels s’appauvrissent au détriment du bien-être des travailleurs (Ruiller et al., 2017). L’étude porte sur le lien, en télétravail post-COVID, entre la qualité des relations avec les collègues et les supérieurs hiérarchiques, et le bien-être psychologique au travail, ainsi que les effets modérateurs de l’ancienneté professionnelle et du nombre de jours de télétravail par semaine. L’étude, par questionnaire autorapporté, a été menée auprès de 123 travailleurs qui télétravaillent au moins un jour par semaine. Ont été interrogés : la qualité des relations, en télétravail, avec les collègues (TMX; Seers et al., 1995), la qualité des relations, en télétravail, avec les supérieurs hiérarchiques (LMX-MDM; Liden et Maslyn, 1998), le bien-être psychologique (IBEPT; Dagenais-Desmarais, 2010), ainsi que, notamment, le nombre de jours en télétravail par semaine et le nombre d’années d’expérience professionnelle. Les résultats des modérations ont montré que plus la qualité des relations avec les collègues et le supérieur hiérarchique durant les jours de télétravail est grande, plus les travailleurs ressentent de l’épanouissement, un sentiment de compétence et une volonté d’engagement, en particulier lorsque le nombre de jours télétravaillés est élevé. Les résultats suggèrent notamment que proposer aux travailleurs un télétravail intensif ne serait judicieux que si les relations avec les collègues et le supérieur hiérarchique restent de bonne qualité durant les périodes de télétravail.
EN:
The prevalence of post-COVID telework requires a study of its various aspects, particularly the relational ones, and their impacts on teleworkers. It is thought that teleworking impoverishes both formal and informal exchanges at the expense of the workers’ wellbeing (Ruiller et al., 2017). This study of telework post-COVID investigates the link between the quality of relationships with colleagues and supervisors and psychological well-being at work, as well as the moderating effects of job seniority and the number of teleworking days per week. The study, using a self-reported questionnaire, was conducted with 123 workers who telework at least one day a week. The following were questioned: the quality of relationships with colleagues (TMX; Seers et al., 1995), the quality of relationships with superiors (LMX-MDM; Liden et Maslyn, 1998) and psychological well-being while teleworking (PWB; Dagenais-Desmarais, 2010), as well as the number of teleworking days per week, and the number of years of professional experience. Results from moderations showed that the higher the quality of relationships with co-workers and the supervisor during teleworking days, the more workers thrived, felt competent, and had a willingness to commit, especially when the number of days teleworked was high. The results suggest, among other things, that offering intensive teleworking would only make sense if relationships with co-workers and the supervisor remain of good quality during the teleworking periods
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Semaine de travail de quatre jours : quels sont les impacts sur les travailleurs ?
Irène Samson, Marie-Claude Lallier-Beaudoin, Jeanne Courtemanche and Julie-Andrée Girard
pp. 36–52
AbstractFR:
Depuis de nombreuses années, à travers les pays industrialisés, les organisations de tous les secteurs cherchent des stratégies pour améliorer leur productivité ainsi que la qualité de leur environnement de travail. Ce défi a d’ailleurs été amplifié par la pandémie reliée au coronavirus COVID-19 (Fontinha, 2021). Cette nouvelle réalité a amené les organisations à se réinventer pour demeurer compétitives. Parmi les solutions considérées, la semaine de travail de quatre jours retient l’attention des organisations et de la communauté scientifique (Sng et al., 2021). Or, malgré l’aspect prometteur de ce modèle et une poignée d’études sur le sujet, il semble difficile d'obtenir un aperçu clair de ses retombées sur les travailleurs en raison d'un état de la documentation épars et fragmenté. À la lumière de cette situation, la présente étude vise à brosser un portrait des diverses retombées individuelles connues jusqu’à présent de cette modalité de travail. Pour ce faire, la présente recherche s’appuie sur la méthode en cinq étapes de la scoping study, proposée par Arksey et O’Malley (2005) : (1) définition de la question de recherche ; (2) identification des données documentaires pertinentes ; (3) sélection des données documentaires ; (4) classification des données ; (5) analyse, synthèse et présentation des résultats. Sur un potentiel de 2183 écrits, 22 écrits empiriques, théoriques et pratiques ont été compilés et analysés. De cette analyse, cinq grandes catégories regroupant à la fois des retombées positives et négatives ont été dégagées : la productivité, la santé psychologique, l’interface travail-vie personnelle, les relations interpersonnelles et la satisfaction générale. En plus de sensibiliser les organisations aux effets de cette nouvelle alternative de travail, cette étude offre des pistes intéressantes de recherche et d’action aux chercheurs et praticiens désirant maximiser les effets positifs de cette modalité de travail prometteuse.
EN:
Across industrialized countries, organizations from all sectors have been looking for strategies to improve their productivity and the quality of their work environment. This challenge has been magnified by the spread of the coronavirus COVID-19 (Fontinha, 2021). In the face of this new reality, organizations have had to reinvent themselves to remain competitive. Among proposed solutions, the four-day work week has received considerable attention from organizations and the scientific community (Sng et al., 2021). However, despite the promising aspect of this model and a handful of studies on the subject, it remains difficult to obtain a clear understanding of its implications on workers because of the scattered and fragmented state of the literature. Therefore, the present study aims to provide a clear picture of the variety of individual consequences studied so far regarding this type of work arrangement. The present paper is based on Arskey and O’Malley’s (2005) five-step methodology for conducting scoping studies: (a) defining of the research question; (b) identifying the applicable documentary data; (c) selecting documentary data; (d) classifying data; and (e) analyzing and presenting the results. Out of a potential of 2183 records, 22 empirical, theoretical, and practical articles were compiled and analyzed. From this analysis, five broad categories encompassing both positive and negative implications were identified: productivity, mental health, work-life balance, interpersonal relationships, and overall satisfaction. In addition to making organizations aware of the effects of this new working alternative, this study sheds light on new avenues for research and action for researchers and practitioners wishing to maximize the positive effects of this promising working arrangement.
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L’activité de téléopération dans le démantèlement des installations d’une industrie nucléaire : analyse du dispositif technique et des enjeux organisationnels et humains
Robert Ngueutsa, Louisa Roy, Raluca Ciobabu, François Palaci and Florent LHeureux
pp. 53–68
AbstractFR:
Le vieillissement des installations et la transition énergétique engagent les industries du nucléaire dans une démarche de démantèlement d’installations obsolètes. La téléopération est au cœur du démantèlement, car ces installations sont complexes, difficiles d’accès et radioactives. La littérature sur la téléopération montre une prédominance des aspects techniques et renseigne peu sur ses usages dans un chantier de démantèlement; ce qui suscite des questionnements sur les enjeux organisationnels et humains. Cette recherche-intervention analyse les activités de téléopération dans une industrie du nucléaire pour en saisir les impacts physiques et psychiques sur le téléopérateur, en s’appuyant sur les théories de l’activité et de l’acceptation située des technologies. La démarche méthodologique est basée sur : a) une analyse de documents internes à l’entreprise; b) 10 entretiens individuels; d) la participation aux réunions d’un groupe de travail; d) deux observations d’une activité de téléopération. Cette démarche vise à tracer l’activité de téléopération auprès des différents acteurs impliqués dans le déploiement du dispositif, de la conception jusqu’à l’usage sur le terrain. L’analyse des contenus des observations et des entretiens révèle que la téléopération est une activité médiée, polyvalente et à multiples facettes (salle confinée, guidage et maintenance des outils), caractérisée par le travail statique, les tâches répétitives et des informations multisensorielles à gérer simultanément. Ces caractéristiques constituent des exigences physiques et cognitives susceptibles d’impacter le bien-être du téléopérateur. La formation du téléopérateur semble partielle et se réalise principalement en situation de travail réel. Cette étude identifie les contraintes techniques, organisationnelles et cognitives du téléopérateur dans un chantier de démantèlement. Elle suggère une conception participative d’un outil de téléopération flexible, associant les ingénieurs, les chefs de chantier et les téléopérateurs eux-mêmes, à partir du réel de l’activité, en vue de préserver la santé des téléopérateurs et d’optimiser leurs performances.
EN:
Aging facilities and an energy transition have prompted the nuclear industry to start dismantling obsolete installations. Teleoperation is at the heart of this process as these installations are complex, difficult to access, and radioactive. The literature on teleoperation shows a predominance of technical aspects, with little information on its uses in a dismantling site, which raises questions about the organizational and human issues involved. This research-intervention analyzes teleoperation activities in the nuclear industry to understand the physical and psychological impacts on teleoperators, based on theories of activity and situated acceptance of technologies. The methodological approach is based on (a) an analysis of internal company documents; (b) 10 individual interviews; (c) participation in work group meetings; and (d) two observations of a teleoperation activity. The aim of this approach is to trace the teleoperation activity of the various actors involved in the deployment of the device, from design to use in the field. Content analysis of observations and interviews reveals that teleoperation is a mediated, multi-faceted activity (confined room, tool guidance and maintenance), characterized by static work, repetitive tasks and multisensory information to be managed simultaneously. These characteristics involve physical and cognitive demands that are likely to have an impact on the teleoperator's well-being. Training for teleoperators appears to be partial, and is mainly carried out in real-life work situations. This study identifies the technical, organizational, and cognitive constraints faced by teleoperators on a dismantling site. It suggests a participative design of a flexible teleoperation tool, involving engineers, site managers, and the teleoperators themselves, based on real activity, with a view to preserving the health of teleoperators and optimizing their performance.