Abstracts
Résumé
Chez les ruraux canadiens-français migrant vers le milieu montréalais pendant les
décennies cruciales marquant la première phase d'industrialisation (1845-1875), comme
en bien d'autres milieux, la migration est loin de générer une coupure radicale avec la
parenté et le milieu d'origine. Une série de mécanismes permettent aux ruraux d'intégrer
aux stratégies de l'organisation familiale, le mouvement migratoire et l'adaptation à un
milieu urbain et industriel. La prédominance d'une migration de familles semble se situer
à la base de ces mécanismes. Elle indique la pertinence de réviser les explications de la
dépopulation rurale exclusivement basées sur l'expérience des fils non héritiers,
cherchant ailleurs que sur la terre le moyen de s'établir. En plus d'être intégrés à des
familles migrantes, les migrants font largement partie d'une parenté aux ramifications
complexes, qui intervient dans le mouvement migratoire et, tout en assurant les liens
avec les milieu d'origine, manifeste sa présence en milieu d'accueil. Migrations en chaîne
et formation de réseaux de parenté en milieu d'accueil indiquent en effet la présence de la
parenté comme ressource potentielle. Quant à son rôle actif, il se traduit par son
regroupement dans l'espace, par sa présence aux baptêmes et aux mariages, par la
rencontre entre liens de parenté et pratique d'un même métier.
Abstract
Among rural French Canadians migrating to Montreal during the crucial decades of the
first stage of industrialization (1845-75), as in many other contexts, migration did not
produce a radical separation from kin and community of origin. A series of mechanisms
allowed migrants to integrate migration and the adjustment to an urban and industrial
context into their strategies of family organization. The predominance of families
migrating as units seems to be at the root of these mechanisms. This predominance of
family migration suggests the need to reexamine explanations of rural depopulation based solely on the experience of noninheriting sons, looking elsewhere than on the land
for the means to establish themselves. In addition to this integration into family units,
most migrants were members of complex kinship networks, which played a role in the
process of migration, secured ties with the community of origin, and were present in the
city. Chain migration and the formation of kin-networks in the city indeed indicate the
importance of kin as a potential resource. Its active role is reflected in its clustering in
space, its presence at baptisms and marriages, and by the overlap between kinship and
occupational lies.