Historical Papers
Communications historiques
Volume 23, Number 1, 1988 Windsor 1988
Table of contents (16 articles)
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Presidential Address: Visions and Revisions: The View from the Presidents’ Offices of Ontario Universities Since the Second World War
H. Blair Neatby
pp. 1–15
AbstractEN:
Ontario universities have been transformed since the 1940s. University presidents have played a crucial role in shaping these changes. In the 1950s they defended the concept of the liberal arts college, partly because other options seemed too risky.
In the 1960s the government provided the finances and the presidents, separately and jointly, responded to the diverse demands of governments, faculties, and students. By the 1970s, the institutions had adapted to expansion, to a shift in balance between teaching and research, and to an emerging provincial system without any major crises or characters. Since the 1970s the government's policy of financial constraint has dominated discussions, with related debates on accessibility and private sector research. The university presidents have not yet defined new goals which the government considers realistic.
FR:
Depuis les années 1940 les universités de l'Ontario se sont transformées. Les recteurs ont joué un rôle décisif en déterminant ces changements. Pendant les années 50 ils ont défendu l'idée de l'université comme centre pour l'étude des arts libéraux, en partie parce que les autres options leur semblaient trop risquées.
Pendant les années 60 le rôle du gouvernement était de donner de l'argent. Les recteurs, à titre collectif et individuel, répondaient aux demandes du gouvernement, des professeurs et des étudiants. Durant les années 60 les universités s'ajustèrent à la croissance, à un rééquilibre entre l'enseignement et la recherche, et à un nouveau système provincial — tout cela sans la moindre crise ou l'inévitable conflit de personnalité. Depuis les années 70 la politique gouvernementale de restriction budgétaire domine les discussions entre le gouvernement et les universités. À cela se rattachent les débats sur les sujets d'accessibilité et les recherches pour le secteur privé. Les recteurs n'ont pas encore défini de nouveaux objectifs qui seraient réalistes aux yeux du gouvernement.
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The Gordon Riots Revisited
Nicholas Rogers
pp. 16–34
AbstractEN:
The 1780 protests against the Catholic Relief Act were the most violent and
controversial disturbances of the eighteenth century and have predictably given rise to
several historical interpretations. Early studies sought to emphasize the political
immaturity and deep sectarian prejudices of the common people and the anarchy and
degenerate character of the riots themselves. By contrast, George Rude, in his first
exploration of British crowds, insisted that the riots were more orderly and purposive
than historians had assumed. Set within the context of the emergent radical movement,
the riots, according to Rude, drew their inspiration from radical elements in London's
Protestant Association and from antiauthoritarian notions of the “Englishman's
birthright.” Directed initially against Catholic chapels and schools, the disturbances
developed into a social protest against the rich and propertied.
This essay adopts a different approach. Like Rude, it endorses the view that the
riots seldom deviated from the cue of the Protestant Association. Despite the
drunkeness and almost festive air which accompanied the disturbances, the riots
constituted a disciplined reprisal against the Catholic community and a Parliament that
refused to bow before popular pressure. Indeed, the pattern of violence reveals that
rioters acted discriminately, directing their anger at Catholic chapels, houses, and
schools and at the property of those sympathetic to Catholic relief. Only with the sacking
of the gaols and distilleries did the disturbances deviate from their original objective and,
even then, the degree of looting and lawlessness can be easily exaggerated.
At the same time, the Gordon riots cannot be categorically viewed as a social
protest against the rich. Although the targets of the crowd included a disproportionate
number of prominent Catholics and parliamentary supporters of the Relief Act, the
prime aim of the rioters was to immobilize the Catholic community and to intimidate
Parliament. To be sure, elements of social protest did accompany the disturbances. In
the carnivalesque freedom of the occasion participants sometimes showed a sardonic
disrespect for rank. Moreover, the opening of the gaols, initially to rescue imprisoned
rioters, denoted an almost Brechtian contempt for the prison system and the law in
general. In the final phases of the riot, however, the social hostilities of the crowd were
essentially local and concrete, directed against crimps, debtors' lockups, and toll bridges.
That is, they addressed the customary oppressions of the poor, not a generalised form of
social levelling.
Nor were the riots closely associated with radical politics. Although some London
radicals sympathised with the protesters in the initial stages of the disturbances, others,
influenced by Enlightenment ideas, clearly did not. In fact, many were deeply troubled
by the riots, fearing their excesses would prejudice popular movements in general.
Basically the protests against the Catholic Relief Bill cut across traditional political
alignments. Ideologically the Protestant Association was remarkably protean, drawing
support from proministerial, but evangelical, conservatives as well as from radicals
troubled by ministerial incursions upon liberty in Britain and America. Ultimately the
anti-Catholic protests of 1780 pitted a cosmopolitan social elite against a more
traditional rank and file fuelled by an evangelical fear of an incipient Catholic revival. In
sum, the Gordon riots drew upon populist, nationalist sentiments that did not square
with conventional political alignments. It remained to be seen how these forces could be
accomodated in contemporary political discourse.
FR:
Les protestations au Catholic Relief Act (loi de réhabilitation des catholiques) de 1778
ont suscité en Grande-Bretagne les émeutes et les polémiques les plus violentes du
XVIIle siècle, dont les Gordon Riots en 1780. Elles ont donc donné naissance à
différentes interprétations historiques. Les premières études ont exagéré le manque de
maturité politique et les vieux préjugés de secte du peuple, ainsi que l'anarchie et la
dégradation des troubles eux-mêmes. Mais George Rude soutient, dans une première
recherche sur les mouvements de foule britanniques, que l'agitation a été mieux
ordonnée et réfléchie que ne l'ont pensé les historiens. En replaçant les troubles dans le
contexte d'un mouvement radical d'ensemble. Rudé retrace dans la rébellion qui a suivi
la loi de réhabilitation des catholiques le radicalisme de l'Association protestante fondée
à Londres et l'esprit anti-autoritariste naturel à l'Anglais de naissance. D'abord dirigée
contre les églises et les écoles catholiques, l'agitation aurait dégénéré en révolte sociale
contre la richesse et la propriété.
Notre interprétation est différente. Comme Rudé, nous croyons que les rébellions
étaient souvent inspirées par l'Association protestante et qu'elles s'accompagnaient de
beuveries et d'une atmosphère quasi-de-fête. Néanmoins, elles constituaient une
protestation organisée contre la communauté catholique et le Parlement qui résistait à la
pression populaire. En effet, l'élude de cas montre que les protestataires ne frappaient
pas aveuglément, qu'ils s'attaquaient aux églises, aux maisons et aux écoles catholiques
de même qu'aux propriétés de ceux qui soutenaient la loi de réhabilitation. Le saccage
des prisons et des distilleries s'éloignait de l'objectif premier mais on a pu en exagérer le
caractère violent et désordonné. D'autre part, on ne peut affirmer avec certitude que les
Gordon Riots (troubles de Gordon) aient été un mouvement social contre les riches.
Même s'il y avait parmi leurs victimes un nombre considérable de catholiques notables et
des membres du Parlement qui supportaient la loi, les rebelles voulaient d'abord
déstabiliser la communauté catholique et intimider le Parlement. Afin de bien atteindre
ce but, ils lui donnèrent certains aspects d'un mouvement de protestation sociale. Dans
l'atmosphère carnavalesque de l'événement, ils jetèrent parfois du ridicule sur la
hiérarchie sociale. Bien plus, le sac des prisons, dans l'intention d'en délivrer les rebelles
emprisonnés, montra une sorte de mépris à la Bertold-Brecht pour le système carcéral et
la loi en général. Mais dans les derniers soubresauts de la rébellion, l'hostilité sociale de la
foule était locale et bien définie. Elle était dirigée contre le racolage des marins,
l'emprisonnement pour dettes et le péage sur les ponts. Ainsi donc, il s'agissait d'un
soulèvement contre certains usages précis et non pas d'un soulèvement social généralisé.
Les troubles n'étaient pas, non plus, intimement associés au radicalisme politique.
Même si certains radicaux de Londres sympathisèrent avec les protestataires au début
des troubles, d'autres, sous l'influence de la Philosophie des Lumières, s'y opposèrent
clairement. En fait, plusieurs s'inquiétèrent profondément des événements, craignant
que les excès commis ne compromettent les mouvements de masse en général.
Fondamentalement, les réactions à la loi brisa l'alignement politique traditionnel.
Idéologiquement, l'Association protestante a été remarquablement opportuniste,
cherchant l'appui des conservateurs pro-ministériels, bien qu'évangelistes, aussi bien que
des radicaux qui s'inquiétaient des accrocs à la liberté en Grande-Bretagne et en
Amérique. Finalement, les protestations contres les catholiques en 1780 opposèrent une
élite sociale cosmopolite au peuple plus traditionnaliste qui craignait l'émancipation des
catholiques. En somme, les Gordon Riots se sont nourris de sentiments populistes et
nationalistes qui ne cadraient pas avec l'alignement politique conventionnel. Il reste à se
demander comment on pourrait concilier de telles forces dans le discours politique
contemporain.
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Rational Creatures and Free Citizens: The Language of Politics in the Eighteenth‑Century Debate on Women
Susan E. Brown
pp. 35–47
AbstractEN:
This paper examines the intersection between the debate on women and the wider
political debates of late eighteenth-century England. During this period the meaning of
concepts such as liberty, equality, and rights was contested not only with regard to
political relationships among men, but also as they applied to civil and domestic
relationships between men and women. The language of politics encouraged the
definition of women's oppression in terms of the unrepresentative nature of authority
exercised by men. The values of rationality, equality, and independence espoused by
radicals in the debate on women were part of a larger conception of virtue, which carried
with it political as well as moral implications. These political implications came to the
fore in the conservative response. Conservatives' ideas on women were part of a larger
vision of social and political order in which duty, obedience, and dependence operated as
the unifying principles. Within this framework, radical proposals for a more egalitarian
family structure were viewed as a potential threat to political order. At the heart of this
debate lay not only a dispute regarding the condition of women, but also a struggle
between two conflicting visions of the ideal society.
FR:
L'étude veut analyser le lien qui a existé entre les débats sur les femmes et les débats
politiques plus généraux dans l'Angleterre de la fin du XVIlle siècle. A cette époque, on
contestait la signification de concepts comme liberté, égalité et droits, non seulement
pour les relations politiques entre hommes, mais aussi pour les relations sociales et
familiales entre hommes et femmes. Dans le débat politique, on en vint à définir
l'oppression des femmes en fonction du caractère non représentatif de l'autorité exercée
par les hommes. La valeur des concepts de rationalité, d'égalité et d'indépendance,
défendus par les radicaux dans leurs plaidoyers en faveur des femmes, faisaient partie
d'une conception plus large de la vertu, qui avait des implications aussi bien politiques
que morales. C'est la prise de position des conservateurs qui mettait les implications
politiques au premier rang. Leur philosophie sur les femmes faisait partie d'une vision
plus large de l'ordre social et politique, dont le devoir, la soumission et la dépendance
assuraient l'unité. Dans ce cadre, la revendication des radicaux pour une structure
familiale plus égalitaire était perçu comme une menace à l'ordre politique.
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The Growth of a Craft Labour Force: Montreal Leather Artisans, 1815‑1831
Joanne Burgess
pp. 48–62
AbstractEN:
This study calls into question the view that immigration from the British Isles in the first
half of the nineteenth century dramatically altered the ethnic composition of the urban
crafts of Lower Canada and resulted in the marginalisation of French-Canadian
artisans.
Unlike earlier studies, which relied essentially on the snapshots provided by the
manuscript censuses of 1831 and 1842, this case study combines a variety of sources in
order to reconstitute the entire population of Montreal's leather trades between 1815 and
1831. The evidence provided by this important group of crafts shows that, while the
British presence increased, it was primarily confined to the most transient elements of the
anisan population. A mong craftsmen who settled in Montréal for extended periods of
time, French Canadians remained dominant. Although their relative importance
declined, their absolute numbers grew. Vital craft traditions ensured that skills were
transmitted from father to son and that apprenticeship thrived. While the local ecomony
was the major source of new manpower throughout this period, there was a steady
increase in the flow of young men into Montréal from the surrounding countryside.
FR:
Cet article remet en question une interprétation historique concernant l'immigration
britannique au Bas-Canada dans la première moitié du XIXe siècle. On a prétendu que
l'arrivée massive des Britanniques avait profondément altéré la composition ethnique de
l'artisanat urbain et qu'elle avait eu pour conséquence la marginalisation des artisans
canadiens-français.
Contrairement aux études qui l'ont précédée et qui reposaient essentiellement sur
les données partielles des recensements manuscrits de 1831 et 1842, cette étude de cas fait
appel à une variété de sources afin de reconstituer l'ensemble des travailleurs du cuivre à
Montréal, entre 1815 et 1831. On constate que les Britanniques augmentent en nombre
dans ce groupe important d'artisans, mais qu'ils y sont l'élément le moins stable. Ce sont
les Canadiens français qui dominent le groupe des artisans qui demeurent à Montréal
pendant une période assez longue pour être significative. Leur importance relative
diminue, mais leur nombre en chiffre absolu s'accroît sans cesse. Une tradition artisanale
importante s'établit donc chez les Canadiens français, leur habilité technique se transmet de père en fils et leur apprentissage s'enrichit. Parce que c'est l'économie qui appelle la
main d'oeuvre, à l'époque il y a augmentation constante du nombre des jeunes hommes
qui affluent des campagnes environnantes vers Montréal.
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Parenté et migration : le cas des Canadiens français à Montréal entre 1845 et 1875
France Gagnon
pp. 63–85
AbstractFR:
Chez les ruraux canadiens-français migrant vers le milieu montréalais pendant les
décennies cruciales marquant la première phase d'industrialisation (1845-1875), comme
en bien d'autres milieux, la migration est loin de générer une coupure radicale avec la
parenté et le milieu d'origine. Une série de mécanismes permettent aux ruraux d'intégrer
aux stratégies de l'organisation familiale, le mouvement migratoire et l'adaptation à un
milieu urbain et industriel. La prédominance d'une migration de familles semble se situer
à la base de ces mécanismes. Elle indique la pertinence de réviser les explications de la
dépopulation rurale exclusivement basées sur l'expérience des fils non héritiers,
cherchant ailleurs que sur la terre le moyen de s'établir. En plus d'être intégrés à des
familles migrantes, les migrants font largement partie d'une parenté aux ramifications
complexes, qui intervient dans le mouvement migratoire et, tout en assurant les liens
avec les milieu d'origine, manifeste sa présence en milieu d'accueil. Migrations en chaîne
et formation de réseaux de parenté en milieu d'accueil indiquent en effet la présence de la
parenté comme ressource potentielle. Quant à son rôle actif, il se traduit par son
regroupement dans l'espace, par sa présence aux baptêmes et aux mariages, par la
rencontre entre liens de parenté et pratique d'un même métier.
EN:
Among rural French Canadians migrating to Montreal during the crucial decades of the
first stage of industrialization (1845-75), as in many other contexts, migration did not
produce a radical separation from kin and community of origin. A series of mechanisms
allowed migrants to integrate migration and the adjustment to an urban and industrial
context into their strategies of family organization. The predominance of families
migrating as units seems to be at the root of these mechanisms. This predominance of
family migration suggests the need to reexamine explanations of rural depopulation based solely on the experience of noninheriting sons, looking elsewhere than on the land
for the means to establish themselves. In addition to this integration into family units,
most migrants were members of complex kinship networks, which played a role in the
process of migration, secured ties with the community of origin, and were present in the
city. Chain migration and the formation of kin-networks in the city indeed indicate the
importance of kin as a potential resource. Its active role is reflected in its clustering in
space, its presence at baptisms and marriages, and by the overlap between kinship and
occupational lies.
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From the Rule of Law to Responsible Government: Ontario Political Culture and the Origins of Canadian Statism
Paul Romney
pp. 86–119
AbstractEN:
It is a commonplace that the Canadian political culture is more “conservative” or
“statist” than the American. This trail is usually explained in terms of cultural continuity,
the underlying idea being thai Canada was formed from a congeries of cultural
fragments which esteemed paternalistic collectivism and deplored American
“liberalism” and “individualism,” and that this initial bias, reinforced as it was by fear of
the United States, affected even liberal thought. This paper approaches the Canadian
political culture from the opposite direction. Focussing on Ontario, it traces Canadian
statism to the transformation of Upper Canadian Reform ideology by the contingencies
of domestic history.
A fundamental inconsistency within Whig constitutionalism — the hegemonic
ideology of the English stale and as such the ideological foundation of British rule in
Upper Canada — was crucial to that transformation. In proclaiming the existence of
indefeasible constitutional principles, but setting no limit to Parliament's power to
legislate in derogation of those principles. Whig constitutionalism permitted
contradictions between “the constitution” and “the law.” Upper Canadian Reformers
were especially sensitive to this inconsistency because of the apparent failure of legally
established institutions to function according to constitutional precept. The imperial
failure to remedy these functional defects impelled leading Reformers to forsake Whig
constitutionalism for the ideology of responsible government. The circumstances of the
struggle for responsible government fostered the apotheosis of the community and
imparted a special authority to the common will as expressed in legislation. This
development promoted a drift from constitutionalism towards legalism in relations
between the state and the individual, but because it was the provincial, not the “national”
community that was thus exalted, constitutionalism remained predominant in federal-
provincial relations. The persistence of this cultural dualism is evident from a
comparison of the decisions of the Supreme Court of Canada in Morgentaler's cases
with its decision in the Patriation Reference.
FR:
Affirmer que l'idéologie politique canadienne est plus conservatrice et statique que celle
des États-Unis est un lieu commun. On l'explique généralement par la continuité,
mettant de l'avant l'idée que le Canada a été formé d'un ensemble d'éléments culturels
qui étaient attachés au collectivisme paternaliste et condamnaient le libéralisme et
l'individualisme américains. Ce trait culturel, qu'a accentué la peur des États-Unis, a
même affecté la philosophie libérale. Le présent article étudie la philosophie politique
canadienne d'un point de vue opposé. Il se concentre sur l'Ontario, analyse la résistance
du Canada à la transformation du réformisme du Haut-Canada et la relie à des
circonstances qui tiennent de l'histoire canadienne elle-même.
L'illogisme fondamental du constitutionnalisme des Whigs, qui était l'idéologie
dominante de l'État britannique et, en conséquence, le fondement de l'ordre britannique
dans le Haut-Canada, a été responsable de cette transformation.
En proclamant l'existence de principes constitutionnels inviolables sans mettre de
limites au pouvoir dérogatoire du Parlement à ces principes, le constitutionnalisme
libéral rendait possibles les contradictions entre la constitution et la loi. Les Réformistes
du Haut-Canada furent particulièrement sensibles à cet illogisme, parce que des
institutions légalement établies ne purent visiblement pas fonctionner en accord avec la
loi constitutionnelle. Comme on ne réussit pas en Angleterre à remédier à cette
anomalie, les leaders réformistes délaissèrent le constitutionnalisme libéral en faveur du
gouvernement responsable. Les circonstances de la lutte pour le gouvernement
responsable ont exalté le peuple et accordé une autorité particulière à la volonté
populaire exprimée dans la législation. Il y eut donc un glissement du
constitutionnalisme au légalisme dans les relations entre l'État et le citoyen. Mais comme
le changement touchait le niveau « provincial » et non « national », le constitutionnalisme
demeura prépondérant dans les relations fédérales-provinciales. La persistance de ce
dualisme culturel est évident, quand on compare les décisions de la Cour Suprême du
Canada dans l'Affaire Morgentaler et dans le Rapatriement de la Constitution.
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Dispossession or Adaptation? Migration and Persistence of the Red River Metis, 1835‑1890
Gerhard Ens
pp. 120–144
AbstractEN:
The period from 1870 to 1890 saw the widespread dispersal of the Red River Metis. In
the past historians have attributed this migration either to the inability of the Metis to
adjust to settled society, or to the forced dispossession by the Canadian government.
Both these views have some validity, but oversimplify the causes of the Metis emigration
from Red River. An examination of the changing nature of the Metis family economy
and the dynamics of migration show that the Metis movement out of Red River had
begun well before 1870 and was a response to new economic opportunities. Changes in
the Metis economy after 1850, changes that integrated the Red River Settlement into a
wider capitalist economy, also divided Metis society on economic and occupational lines
and affected the decision whether to emigrate or not. Thus the dispersal of the Metis was
in some sense an adaptive and innovative response, one that had a different effect on the
various Metis groups.
FR:
Pendant la période qui s'étend de 1870 à 1890, se produit la dispersion des Métis de la
Rivière- Rouge. Les historiens ont attribué cette migration à l'incapacité des Métis de
s'adapter à la colonisation ou à la mainmise du gouvernement canadien sur leurs terres.
Ces deux thèses se défendent. Mais elles simplifient à outrance les causes du départ des
Métis de la Rivière-Rouge. Une analyse des changements survenus dans l'économie
familiale des Métis et de la dynamique de leur migration montrent que leur exode a
commencé bien avant 1870 et qu'il était la réponse à une nouvelle conjoncture
économique. Les changements dans l'économie métisse après 1850, changements qui
intègrent l'économie de la Rivière-Rouge à une économie capitaliste plus large, divisent
aussi la société métisse dans son économie et ses modes de vie, et ils entraînent la décision
d'émigrer ou non. En conséquence, la dispersion des Métis a représenté, d'une certaine
façon, une adaptation et une innovation, ce qui n'a pas eu le même effet sur les différents
groupes de Métis.
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The First Mrs. Rochester: Wrongful Confinement, Social Redundancy, and Commitment to the Private Asylum, 1883‑1923
Cheryl Krasnick Warsh
pp. 145–167
AbstractEN:
Historians have debated the growth of asylums as either a movement towards social
control or as a benevolent reform; yet commitment was primarily initiated by kin. The
rapid overcrowding of asylums reflected the success of institutions in responding to
family crises. Through analysis of 1,134 case histories of a private asylum, the
Homewood Retreat of Guelph, Ontario, the dynamics of the late Victorian and
Edwardian middle-class household are evident in the circumstances which culminated in
the decision to commit. Urban industrialization and the declining birth rate rendered
households less able to care for the insane, while the permeation of capitalist relations
into family life rendered the heads of households less willing to care for nonproductive
adult members, particularly socially redundant women. The diagnosis of neurasthenia
enabled members of the middle class to institutionalize kin for behaviour which,
although not violent or destructive, was irritating and antagonistic, thereby reflecting the
high standard of middle-class proprieties.
FR:
Les historiens se sont demandés si le développement des asiles correspond au contrôle
social ou à une nouvelle forme de bienfaisance. Mais ce développement est d'abord
attribuable à la famille. La prolifération des asiles montre comment ces institutions
solutionnent bien la crise de la famille. L'analyse de 1134 histoires de cas d'un asile privé
de Guelf, en Ontario, le Homewood Retreat, prouve à l'évidence que la famille de la
classe moyenne du tournant du 20e siècle est d'abord responsable de ce fait social. À
cause de l'industrialisation, de l'urbanisation et du déclin des naissances, la famille est
moins apte à prendre soin de ses malades mentaux. Par ailleurs, à cause de l'influence de
l'idéologie capitaliste, les chefs de famille sont moins disposés à assurer la charge
d'adultes non productifs, particulièrement les femmes, qui sont considérés comme un
poids social. Prenant prétexte de la neurasthénie, les familles de classe moyenne ont
recours aux institutions quand un de leurs membres manifeste un comportement qui,
sans être violent ni destructeur, est simplement irritant ou contrariant. On peut voir
jusqu'où vont les convenances dans la classe moyenne.
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Losing Steam: The Boiler and Engine Industry as an Index of British Columbia’s Deindustrialization, 1880‑1915
John Lutz
pp. 168–208
AbstractEN:
This paper examines the process whereby the resource industries on the British
Columbia frontier were disconnected from the local secondary manufacturing industries
and coupled to the growing manufacturing economies of southern Ontario, the United
States, and Great Britain between 1860 and 1915. The resource extractive industries
were closely linked, in British Columbia, to the boiler and engine-making industry and
prior to 1900 both sectors grew apace. After 1900 the growing demand for boilers and
engines was met by producers in Ontario, the United States, and Britain while the British
Columbia industry went into decline. An examination of both the costs of production
and the social determinants of those costs reveals that the main causes of this
displacement were the linking of the high-wage British Columbia economy to the lower
wage east by the Canadian Pacific Railway; the railway's discriminatory rate structure;
and a shift towards nonlocal ownership of the main components in the economy which
was accompanied by new purchasing patterns that favoured nonlocal secondary
manufacturers.
FR:
Cette communication explique le passage qui s'est fait en Colombie britannique entre
1860 et 1915 d'une industrie primaire et secondaire intégrée à une industrie primaire liée
à l'industrie secondaire du Sud de l'Ontario, des États-Unis et de la Grande-Bretagne.
Avant 1900, l'extraction des matières premières était étroitement liée à la fabrication de
la chaudière et de la machine, et les deux industries étaient en pleine croissance. Après
1900, il y a une demande croissante de l'industrie primaire pour ces produits.
Or, ce sont les producteurs de l'Ontario, des États-Unis et de la Grande-Bretagne
qui y répondent, pendant que décroît l'industrie secondaire de la Colombie britannique.
L'examen des coûts de production comme des facteurs qui les expliquent révèle les
principales causes de ce changement: l'accessibilité rendue possible par le Canadien
Pacifique aux marchés de l'Est favorisés par une main-d'oeuvre à bon marché; la
discrimination dans les tarifs ferroviaires; le passage du contrôle de l'économie entre des
mains étrangères joint à une politique d'achat défavorable aux industries secondaires
locales.
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Philosophy, Psychology, and History: George Sidney Brett and the Quest for a Social Science at the University of Toronto, 1910‑1940
Michael Gauvreau
pp. 209–236
AbstractEN:
Between his appointment to the department of Philosophy at the University of Toronto
in 1908 until his death in 1944, George Sidney Brett directed the bulk of his writing and
teaching to the preservation of the relationship between the sciences and the humanities.
In the face of the unpalatable extremes of scientific determinism and the revolutionary
celebration of irrationalism, Brett resolutely asserted the unity of knowledge. This, he
insisted, rested upon discovering a point of intersection between nature, mind, and
society. Brett's writings emphasized the central role of psychology in preserving this
unity. In his estimation, psychology possessed close links to the natural sciences of
physiology and biology but, more importantly, the study of the human mind was also
vitally related to the traditional humanities of philosophy, history, and literature. His
belief — that humanistic, philosophical values underlay the structure of knowledge
—points to a fundamental divergence between English-Canadian and American
universities in the early twentieth century. Brett's standpoint was directed to resisting the
fragmentation and specialization which characterized the development of the social
sciences in American universities. The fact that Brett and some influential social
scientists at the University of Toronto pursued, until the 1940s, a method of organizing
their disciplines which preserved the unspecialized, philosophical, and historical
emphases associated with the humanistic ideal, indicates the need to revise explanations
of the rise of the social sciences in English-Canadian universities.
FR:
Depuis son engagement au Département de philosophie de l'Université de Toronto en
1908 jusqu'à sa mort en 1944, George Sidney Brett concentra ses écrits et son
enseignement sur la nécessité de maintenir unies les sciences et les humanités. Devant les
fâcheux excès du déterminisme scientifique et l'exaltation révolutionnaire de
l'irrationalisme, Brett défendit avec force l'unité du savoir qui, insistait-il, résidait au
point de rencontre de la nature, de l'esprit et de la société. Dans ses écrits, Brett a mis en
relief le rôle centroide la psychologie dans cette unité. A son point de vue, la psychologie
possédait des liens étroits avec les sciences naturelles, la physiologie et la biologie. Mais,
ce qui est encore plus important, l'étude de l'esprit humain a été fondamentalement liée
aux humanités classiques, philosophie, histoire et littérature. En soutenant que les
valeurs humanistes et philosophiques sont les assises du savoir, Brett montre qu'il y a, au
début du siècle, une façon de penser fondamentalement différente dans les universités
canadiennes-anglaises et dans les universités américaines. Brett voulait réagir à la
fragmentation et à la spécialisation du savoir, qui caractérisaient le développement des
sciences sociales dans les universités américaines. Le fait que Brett et d'éminents
collègues en sciences sociales de l'Université de Toronto aient cherché, jusque dans les
années 1940, une façon de conserver leurs disciplines générales en mettant l'accent sur la
philosophie et l'histoire qui sont associées à l'idéal humaniste, montre qu'il faut
réinterpréter le développement des sciences sociales dans les universités canadiennes-
anglaises.
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“It was a Hard Life”:Class and Gender in the Work and Family Rhythms of a Railway Town, 1920‑1950
Mark Rosenfeld
pp. 237–279
AbstractEN:
Most social histories of the working class have focussed on women's or men's experience
alone. However, while studies of working-class women have often been sensitive to the
way in which class and gender relationships are constructed and reconstructed
simultaneously, histories of working-class men have been largely gender-blind. In an
attempt to provide a more comprehensive understanding of gender-based divisions in
the working-class experience this study examines the relationship between male and
female work worlds in the railway ward of Barrie, Ontario between 1920 and 1950.
Based primarily on oral history, this paper argues that the class and gender
conditions and relations of the period set limits to what was available and possible for the
men and women of the railway ward. In most families, husbands were breadwinners and
wives were full-time homemakers. This pattern was the response of railroad families to
the constraints created by the gender division of wage work, railway labour rhythms, the
prevailing conditions of reproductive labour, and the ideology of patriarchy. None the
less, railroaders and their wives also made choices within the limitations of their lives.
These choices had different implications for the men and women of the community.
The strategies men and women adopted for survival and well-being also began to
change over the period, both altering as well as being changed by the constraints they
faced. As conditions changed, concepts of masculinity and femininity which informed
their strategies began to shift — but not dramatically. The experience of the railway
community revealed that the construction of gender identities was a complex and
contradictory process. Indeed, the historical literature on the social construction of
gender has really only began to grapple with the many dimensions which comprised that
process.
FR:
La plupart des études sur le monde du travail ont mis l'accent soit sur l'expérience des
femmes, soit sur celle des hommes. Si, cependant, les études sur les femmes se montrent
sensibles à la place qu'y tiennent les rapports entre les classes sociales et les deux sexes,
celles sur les hommes ne tiennent aucun compte des femmes. Pour mieux comprendre les
conflits qui ont existé entre hommes et femmes dans le monde du travail, cette
communication présente une étude de cas, celui du secteur des chemins de fer à Barrie, en
Ontario, entre 1920 et 1930.
S'appuyant surtout sur des sources orales, cette étude soutient qu'il existait des
différences dans les conditions de vie entre les hommes et les femmes dans ce secteur du
travail. Dans la plupart des cas, les hommes étaient les pourvoyeurs de la famille tandis
que les femmes étaient ménagères à plein temps. Ce modèle social reposait sur les
contraintes qu'imposaient les salaires, les horaires, la productivité et le patriarchal.
Cependant, les cheminots et leurs épouses avaient certaines libertés à l'intérieur de ce
cadre et les choix qu'ils faisaient avaient des conséquences différentes pour les hommes et
pour les femmes.
Les moyens choisis par les hommes et les femmes pour assurer leur survie et leur
confort commencèrent à changer pendant la période, suivant en cela les changements
dans les circonstances elles-mêmes et les mentalités. A mesure que les conditions de vie
s'amélioraient, la conception qu'ils avaient de leur rôle respectif se transformait, mais
non pas de façon radicale. L'expérience étudiée montre que l'identité des sexes suivait
des voies complexes et parfois contradictoires. Il ne fait aucun doute que les études
historiques se rapportant au sujet n'en soient qu'à leurs balbutiements dans
l'appréhension de ce cheminement.
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“Empires of the Mind”? C.K. Ogden, Winston Churchill and Basic English
K. E. Garay
pp. 280–291
AbstractEN:
This paper examines the relationship of Churchill's War Cabinet, and in particular of the
prime minister himself to a simplified version of English devised by C.K. Ogden
(1889-1957). “Basic English” was developed by Ogden during the late 1920s, the result of
an obsession with language and meaning which dated from his undergraduate days, and
which was reinforced by the horrors of the First World War. “Basic” was but one of
many attempts to devise a universal language made during the late nineteenth and early
twentieth centuries.
Following some minor successes during the 1930s, the real testing lime for Basic
was to come during the Second World War. Churchill seems to have been first attracted
by the language's simple utility. He saw it as providing an easily learned medium of
communication between the polyglot wartime allies, but he soon began to glimpse its
potentially wider benefits for the post imperial era he was reluctantly being forced to
enter. Nor was the possibility that Basic might foster a form of intellectual imperialism
lost upon the scheme's enemies.
While Basic English continues to be promoted and taught, the fall of Churchill's
government in the summer of 1945 ensured that his grand design for Basic would never
be realized.
FR:
Cette étude analyse la relation qui a existé entre le Cabinet de Guerre de Churchill, en
particulier le premier ministre lui-même, et la version simplifiée de l'anglais mise au point
par C. K. Ogden (1889-1957) et connue sous le nom de Basic English (l'anglais de base).
Ogden a créé cette langue élémentaire pour tous à la fin des années 1920. Depuis ses
études de premier cycle universitaire, il était obsédé par la langue et la sémantique, et les
horreurs de la Première Guerre mondiale avaient renforcé cette obsession. La langue
qu'il a créée n'a été que l'une des nombreuses tentatives faites au tournant du siècle pour
créer une langue universelle.
Le Basic English (l'anglais de base) de Ogden a connu un certain succès dans les
années 1930. Mais c'est la Deuxième Guerre mondiale qui va constituer sa véritable
épreuve. Churchill semble avoir été attiré par la facilité d'utilisation de cette langue. Il y a d'abord vu un moyen de communications pratique pour les Alliés de langues différentes.
Puis il a entrevu les avantages que présenterait la langue de Ogden dans la période de
décolonisation dans laquelle il était contraint de s'engager. Il n'était pas sans espérer
aussi que le Basic English puisse entretenir une forme d'impérialisme intellectuel qu'il
voyait disparaître à regret.
On a continué à promouvoir et à enseigner le Basic English. Mais le grand projet du
gouvernement Churchill concernant cette langue a pris fin avec la défaite de ce
gouvernment, à l'été de 1945.
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Unpublished Papers/Communications non imprimées
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Our Contributors/Nos auteurs
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Obituaries/Nécrologie
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H. Blair Neatby